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C'est parti

La société de la Gaulle des Francs

La société se compose d'hommes et de femmes libres (ingenui) formant la plus grande partie du peuple franc. Ils ont l'obligation de servir dans l'armée du roi, avec le droit de prendre part à la justice publique, et sont commandés par l'intermédiaire des ducs et des comtes. Il existe également des populations dépendantes comme les esclaves locataires d'une ferme (servi casati), les esclaves domestiques, et les esclaves travailleurs agricoles sur les grandes propriétés. Les esclaves ne peuvent pas servir dans l'armée, ce privilège étant réservé aux hommes libres. Ils appartiennent à la famille du propriétaire, qui peut être un ingenui ou un aristocrate. Les Francs libres devenus trop pauvres pour servir dans l'armée devenaient non libres, en perdant leur identité juridique, pour devenir dépendants du propriétaire d'une terre sur laquelle ils travaillaient. Les paysans romains ont été intégrés comme dépendants non-libres des Francs. Les esclaves peuvent être affranchis par leurs maîtres de deux façons : l'affranchissement relatif, conférant à l'affranchi le statut de libertus ou lide lui permettant de jouir des droits juridiques et de sa liberté, mais restant redevable de prestation en service ou en argent ; l'affranchissement absolu, qui confère à l'affranchi liberté, droits juridiques et la garantie de ne plus être redevable envers son ancien maître. Il existe également une catégorie d'hommes semi-libres, nommée coloni. Un colon exploite une terre par contrainte et doit payer des redevances au maître. Il peut ensuite exploiter la terre pour son profit personnel. De même, en 517, le concile d'Epao interdit aux abbés d'affranchir les esclaves sur les propriétés qu'ils ont reçues des laïcs, « parce qu'il est injuste que les esclaves jouissent de la liberté alors que les moines travaillaient la terre nuit et jour[8] ». Cependant, les terres ecclésiastiques et des petites propriétés et fermes romaines continuent d'exister. Des comtes francs s'installent dans les cités aquitaines, mais celles-ci conservent leurs langues et coutumes du fait de la faible influence que les Francs exercent sur la population. De manière générale, le sud de la Gaule reste romanisé tandis qu'au nord, la culture franque remplace la culture romaine. Les noms germains prédominent, les hommes originaires de la région sont rarement considérés comme romains. Le dialecte roman reste cependant parlé par la population.

Le mariage chez les Francs

Les Francs, comme les autres peuples germains, pratiquent l'endogamie au sein de la Sippe ou clan (groupe de parenté étendu). Le mariage y prend plusieurs formes. Le père est le chef de la famille et exerce son autorité (mundium ou munduburdium) sur ses femmes, ses enfants, ses esclaves. Il a le pouvoir d’accepter ou de refuser les mariages de chaque membre de sa familia. Les jeunes nobles francs pratiquent une éducation sentimentale auprès des esclaves de leur familia ou des filles de leurs proches. Il en résulte souvent plusieurs mariages avec ses épouses de jeunesse (friedelfrau), qualifiées d’épouses de second rang ou d’épouses morganatiques. Ce type de mariage, la friedelehe, est généralement hypergamique et est conclu de façon privée entre le mari et la femme. Le chef de famille peut décider d’établir pour les jeunes francs arrivés à maturité, des mariages avec des épouses prestigieuses dites de premier rang. Ce type de mariage, célébré en public, permet le rapprochement des familles, assurant une alliance diplomatique. Cette polygynie entraîne la confusion chez les chrétiens traditionnellement monogames, qui appliquent naturellement le droit matrimonial romain et qualifient à tort ces épouses de concubines ou de maîtresses, croyant leurs enfants illégitimes. Or, les enfants issus des différents mariages sont tous égaux en matière de succession. Le père garde cependant le droit d’écarter de sa succession les enfants de son choix.

Biographie

Naissance et formation

Chilpéric Ier naît au sein d'une des familles princières franques, issue de Mérovée et surtout de Clovis, fondateurs de la dynastie Mérovingienne. Les Mérovingiens constituèrent la première dynastie qui régna sur la majorité des territoires actuellement français et belge, ainsi que sur une partie du sud de l’Allemagne et de la Suisse du Ve siècle jusqu’au VIIIe siècle, après la fin des invasions barbares dans les provinces romaines occidentales, dont la Gaule. Ils sont issus des Francs saliens qui étaient établis au Ve siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Belgique.

Mariages et descendance

Chilpéric a d’abord épousé vers 549 Audovère († assassinée en 580) qui donne naissance à :

  • Théodebert (ou Thibert) (v.552 † 573), fils aîné[18], vaincu et tué par les ducs Godegisel et Gontran Boson alors qu’il dévaste la Touraine, possession de son oncle Sigebert Ier ;
  • Mérovée, né entre 553 et 556[note 3] († 577), marié à Brunehilde (veuve de Sigebert Ier), sa tante par alliance, et tonsuré, aurait été assassiné ou se serait suicidé par crainte de son père ;
  • Basine, née entre 555 environ et 564[19], violée par les hommes de Frédégonde après la mort de Clovis, puis religieuse à l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers ;
  • Clovis (553/557 † 580)[note 4], assassiné sur l’ordre de Frédégonde ;
  • Childesinde[20], dont l’existence est sujette à caution, car elle n’est pas citée par Grégoire de Tours, mais seulement par le Liber Historiae Francorum, un siècle et demi plus tard.

En 568, Chilpéric se remarie avec Galswinthe, fille d’Athanagild, roi des Wisigoths, et sœur de Brunehilde (également nommé Brunehaut à partir du XIIIe siècle[21]). Elle entre rapidement en conflit avec son mari à propos de la liaison qu’il entretient avec Frédégonde, réclame son retour en Hispanie et est retrouvée étranglée dans son lit.

En troisièmes noces, Chilpéric épouse Frédégonde († 597), probablement issue d’un milieu peu élevé, comme le suggère Grégoire de Tours. De ce mariage sont nés :

  • Clodebert né vers 565/570, mort de dysenterie en même temps que son frère Dagobert en 580 ;
  • Rigonde (v. 569 † 589), fiancée au prince wisigoth Reccared. Lorsque le convoi qui l’emmène en Hispanie apprend la mort de son père, son escorte pille les richesses du convoi et l’abandonne. Elle se réfugie dans le palais de sa mère et mène une vie de débauche ;
  • Samson, né en 575, mort de dysenterie en 577 ;
  • Dagobert, né en 580, il meurt de dysenterie en même temps que son frère Clodebert en 580 ;
  • Théoderic, né en 582, mort de dysenterie en 584 ;
  • Clotaire II (584 † 629), roi de Neustrie, puis de tous les Francs.

La personnalité de Chilpéric

Le roi Chilpéric est dépeint par son contemporain Grégoire de Tours comme « le Néron et l’Hérode de notre temps ». Il le présente comme un homme intempérant et présomptueux, avide de richesses, faisant périr ceux qui en possèdent. Selon lui, il prendrait plaisir à ravager les campagnes, à martyriser les pauvres et accabler les clercs. Il faut cependant préciser que l'évêque Grégoire se sentit publiquement humilié au concile de Berny où il dut comparaître pour être jugé, accusé d’avoir calomnié Frédégonde. Chilpéric aurait même inscrit dans ses ordonnances adressées aux juges que l'on arrache les yeux des personnes ne tenant pas compte de ses prérogatives. À cela, Grégoire ajoute après sa mort qu’il n’a jamais aimé personne et que personne ne l’a jamais aimé.

Une toute autre vision de la personnalité de Chilpéric se dégage des vers du poète Venance Fortunat, un autre de ses contemporains, qui le présente comme un homme instruit et le célèbre comme un brillant guerrier et législateur. Le poète écrit ainsi : « vous réglez vos armes sur les lois et redressez les lois par vos armes », ajoutant que, parmi les Mérovingiens, « vous l’emportez par le savoir et par la doctrine ; par la science du dogme vous êtes tel que ne fut jamais votre père. ».

Selon Grégoire de Tours, il aurait rédigé un décret sur la Trinité[24] alors qu’à l’exception de Childebert Ier et de Chilpéric, lesquels semblent avoir eu quelques lumières sur le débat trinitaire, les rois mérovingiens se désintéressent du problème, dont ils n’exploitent que les incidences diplomatiques. Son traité, stipulant que l’on nomme Dieu la Sainte Trinité, ressemble à l’hérésie du prêtre Sabellius, excommunié en l’an 217 par le pape Calixte Ier.Ainsi, Grégoire rejette son traité et le roi se tourne vers saint Salve, évêque d’Albi, qui le rejette également. Chilpéric doit alors se plier à la volonté des évêques.

Venance Fortunat célèbre en lui un faiseur de vers parfaits, surpassant ainsi les autres rois de sa dynastie dans les lettres, même si l'évêque de Tours juge ses vers « sans mesure ni rythme ». Il est vrai que Venance Fortunat, se décrivant comme un « poète souriceau » à l’affût des tables attendant que les puissants laissent tomber de bons morceaux, compose des œuvres louant les mécènes qui acceptent de financer son train de vie.

Par l’intermédiaire de ses décisions politiques, il montre surtout le visage d’un joueur prêt à tout miser sur la chance.

L’éducation d’un prince franc

Chilpéric signifie « roi sauveur » ou « aide puissante ». C’est un nom francique haut allemand, constitué d’une ch gutturale, de hilp (aide, secours) et ric (chef, puissant) que Venance Fortunat traduit en latin par Adjutor fortis (auxiliaire courageux). Il est nommé aussi Hilpericus par Marius d'Avenches[35] et Paul Diacre.

Son nom ne lui est certainement donné qu’à l’âge de trois ans, âge minimal requis pour recevoir le baptême. La mortalité infantile est à l’époque si importante que les nouveau-nés ne reçoivent pas de nom immédiatement. L’attribution de ce nom, déjà donné aux rois burgondes qui sont le père et le grand-oncle de Clotilde, a probablement été influencée par cette dernière[31]. La reine Clotilde étant encore en vie à l’époque de la naissance de Chilpéric, il se peut que le baptême ait eu lieu à Tours, appartenant alors à Clotaire, où la reine réside ainsi que les évêques burgondes Procule, Théodore et Diffinus, chassés par les Ariens.

Il reçoit probablement une bonne éducation, que l’évêque de Poitiers, Venance Fortunat, décrit en ses mots « Sur vous, douce tête, se penchèrent tous les soins de votre père ». Celle-ci est axée sur le maniement des armes, l’équitation, ainsi qu’une instruction littéraire. Il parle latin, francique, et peut-être a-t-il des notions de grec et d’hébreu, grâce au contact des juifs de sa cour.

Il apprend l’art de la guerre au cours de parties de chasse qui lui permettent de pratiquer les bases du combat, le préparant ainsi à ses futures batailles. À sa majorité (à l’âge de quinze ans), il multiplie les faits d’armes auprès de son père : « Devant vous tremblent le gète, le vascon, le danois, l’euthion, le saxon, le breton, il est notoire qu’avec votre père vous les avez domptés en bataille rangée. ». Au printemps 542, il accompagne son père avec deux de ses demi-frères, dans une campagne contre les Wisigoths, auquel s’est joint son oncle Childebert Ier. Ils s’emparent de Pampelune et assiègent Saragosse.

Entre 542 et 552, il épouse Audovère « sa première reine[41] », peut-être de condition modeste. Avec Sigebert, il accompagne également son père dans la guerre contre les Saxons, probablement excités par Childebert Ier, pendant que ses autres demi-frères, Caribert et Gontran, se dirigent vers l’Auvergne pour ramener Chramn. Après le massacre des deux armées, une paix est négociée et Clotaire se dirige vers la Thuringe, afin de mener une expédition punitive contre ses habitants qui avaient soutenu les Saxons. Lors de son retour dans ses États, les Saxons coalisés avec les Thuringiens, probablement les Frisons, les Danois et les Jutes rentrent en territoire franc le long de la rive droite du Rhin jusqu’à Deutz. Clotaire et Chilpéric rejoignent Sigebert, qui a été posté comme garde-frontière, et repoussent les envahisseurs. En novembre ou décembre 560, il participe également à l’attaque contre Chramn et le comte Conomor de Domnonée.

La succession de Clotaire Ier

Chilpéric Ier s'acquiert la grâce des puissants. Manuscrit du XVe siècle. Grandes chroniques. Paris, Bibliothèque nationale de France.

Clotaire Ier avait réunifié le royaume franc de Clovis Ier avec peine, mais n'avait pas partagé le royaume avant sa mort, qui survint en 561. Ses fils allèrent l'enterrer à Soissons, dans la basilique Sainte-Marie qu'il avait commencé à faire construire sur le tombeau de saint Médard.

Dans la tradition germanique, le mode de succession des rois sur le trône, la tanistry (nom celtique désignant la succession par le cadet et non par le fils), se fait entre frères, de l'aîné au benjamin, puis aux oncles et aux neveux. N'étant pas issu de la même union que les autres princes, ce système aurait défavorisé Chilpéric au moment du partage voulu par la loi salique. Contrairement au mode de succession par primogéniture qui régit la succession au trône du père au fils aîné, comme sous la dynastie capétienne, le royaume est divisé entre autant de fils que le roi possède, afin que chacun puisse régner. La division du Regnum Francorum engendre des sous-royaumes (teilreiche) distincts de celui-ci, permettant à chaque prince d'exercer une royauté complète dans le sous-royaume attribué, plutôt que de diviser l'exercice du pouvoir avec les autres princes sur l'ensemble du territoire[48].

À l'aide d'antrustions (guerriers d'élite formant la garde privilégiée du roi, liés par un serment particulier), Chilpéric s'empare du trésor de la villa Brennacum - palais de Berny. Le lieu où se situe cette villa n'est pas certain : il peut s'agir de la villa Bernacum de Berny-Rivière à 16 km de Soissons, ou de la villa de Breny (au lieu-dit Le Martois) à 24 km. Par la force, il peut accéder aux richesses que son père a accumulées et entasse le trésor sur des chariots. Il en profite pour acheter la fidélité de certains grands seigneurs et occupe Paris, en prenant possession du château de son oncle Childebert Ier avec la portion du royaume associée. Néanmoins, ses demi-frères Caribert, Gontran et Sigebert l'obligent à respecter le partage.

Le deuxième partage du Regnum Francorum 

Partage du royaume de Clotaire Ier entre ses quatre fils. La scène se situe dans l'île de la Cité. Grandes Chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet, Tours, vers 1455-1460. Paris, BnF.

Le royaume est donc à nouveau divisé en quatre suivant « un partage régulier » et le sort (destin ou partage) attribue à Chilpéric le territoire ancestral des Mérovingiens, le « royaume de Clotaire » avec Soissons pour capitale. Son territoire se situe entre Tournai et la Picardie. La cité de Laon a peut-être été acquise par Sigebert, mais celle d'Amiens lui est peut-être revenue, car elle a été attribuée en 511 à Childebert Ier. Le royaume se compose probablement des cités de Thérouanne, Tournai, Arras, Cambrai, Amiens et Noyon. Ce teilreich, le plus pauvre en fisc (terre, forêt ou mine appartenant à la couronne[51]), n'a ni ressources importantes ni frontières actives offrant des perspectives de conquête.

Augustin Thierry affirme que le partage était égal, non en superficie, mais en nombre de cités. Il affirme également que chacun des frères possède des enclaves dans les autres teilreich. Chilpéric aurait ainsi reçu Nantes et Rouen. Cependant, il ne reçoit ni Tours ni Poitiers qui constituaient l'enclave aquitaine de son père dès 511. De plus, le royaume de Paris, revenu à Caribert, cinq fois plus grand que celui de Chilpéric, possédant de nombreuses cités en Aquitaine, dans la vallée de la Loire, doit posséder plus de villes que Chilpéric, qui reçoit un territoire peu romanisé et ayant subi beaucoup de destructions, du fait des invasions barbares. Le critère déterminant la valeur d'une part peut ne pas prendre seulement en compte la superficie, mais aussi la nature du patrimoine. Comme Chilpéric reçoit le royaume de son père, la capitale des Gaules et la terre patrimoniale des Mérovingiens, sa part est vue comme égale aux autres, plus grandes géographiquement mais dont aucun statut politique n'est rattaché du fait de leur annexion par conquête. Une autre hypothèse veut que le hasard soit à l'origine de l'attribution des royaumes qui se serait faite par tirage au sort. Cependant, Grégoire de Tours précise que la répartition des territoires est équitable, un tirage au sort avec des lots inégaux est donc à exclure.

Le royaume des Francs en 561 après sa division en sous-royaumes.

L'affectation des teilreich peut aussi être définie selon le nom donné aux princes, pour qu'ils soient destinés à régner sur un territoire donné : le royaume de Metz ayant appartenu à Thierry Ier, que reçoit Sigebert, englobe l'ancien royaume de Cologne des Francs ripuaires dont un des rois se nommait Sigebert le boiteux. Gontran, quant à lui, possède un nom typiquement burgonde et reçoit le royaume des Burgondes. Or, il est à noter que Chilpéric est aussi un nom typiquement burgonde. Depuis le premier partage du Regnum Francorum en 511, le royaume des Burgondes et la Provence ont été annexés et Chilpéric n'obtient rien de ces territoires.

Les rapports de forces déterminent en réalité les attributions; de plus, la mise à l'écart des plus faibles fait partie des usages de la succession royale franque et il se peut que les trois fils d'Ingonde éprouvent de la défiance envers leur demi-frère. Ce partage peut constituer une sanction à son égard pour avoir tenté de s'emparer de tout ou partie du royaume sans le consentement de ses demi-frères.

En plus, le partage du regnum ne prend pas en compte la répartition des provinces ecclésiastiques. Le clergé a calqué le mode de division du territoire de l'administration civile romaine, en découpant le territoire en provinces, subdivisées en diocèses, dont les limites correspondent à celles des cités romaines. Chaque diocèse est dirigé par un évêque. En plus de son autorité religieuse, avec l'affaiblissement de l'administration romaine, celui-ci étend son pouvoir aux domaines politiques et sociaux, faisant ainsi concurrence au pouvoir du comte qui est le représentant de l'autorité royale. Chez les Romains, les provinces regroupent plusieurs cités et sont dirigées par un gouverneur exerçant ses fonctions dans la cité du chef-lieu. Ainsi, l'évêque dont le diocèse correspond au chef-lieu, est nommé évêque métropolitain, renommé archevêque au IXe siècle, et exerce la fonction de primat sur sa province et ses comprovinciaux suivant les règles établies par le premier concile de Nicée en 325 et le concile de Turin en 398. Conservant l'héritage des droits que leur conférait l'Empire romain, en tant que magister militum, les rois francs peuvent désigner les évêques, ceci à l'encontre du clergé, des notables, et du peuple qui doivent pouvoir choisir leur évêque. Or, tous les diocèses du royaume de Soissons appartiennent à la cité provinciale de Reims, propriété de Sigebert. Les évêques du royaume de Soissons sont donc soumis à un évêque métropolitain subordonné à Sigebert.

En 562, les Avars, apparentés aux Huns, font des incursions en Austrasie. Sigebert Ier doit alors transférer sa capitale de Reims à Metz, et il parvient à repousser les envahisseurs au-delà du Rhin, peut-être en Pannonie ou en Bavière. Chilpéric profite de son absence pour enlever Reims et d’autres villes d’Austrasie. Sigebert contre-attaque, récupère les villes qui lui ont été prises et s'empare de Soissons. Théodebert, fils de Chilpéric, est capturé et envoyé dans la villa de Ponthion (Pontico villa dans le département de la Marne, canton de Thiéblemont-Farémont). Sigebert profite de sa domination sur Soissons pour terminer la construction de la basilique Saint-Médard. Théodebert est libéré au bout d'un an, avec comme condition qu'il prête serment de ne plus attaquer l'Austrasie. Il retourne alors auprès de son père avec des cadeaux.

Le partage du royaume de Paris (567-568)

À la mort de Caribert Ier, le 5 mars 567, celui-ci n'ayant pas d'héritier mâle, Gontran, Sigebert et Chilpéric se disputent âprement son héritage. Les modalités du partage sont inscrites dans un pacte que chacun conserve et jure d'en respecter les termes sur les reliques des saints Polyeucte, Hilaire et Martin. Le lieu où se déroulent les pourparlers n'a pas été rapporté : peut-être est-ce Paris, capitale du défunt? Ou bien est-ce une ville appartenant à Sigebert Ier dont le royaume abrite les églises Saint-Polyeucte de Metz (devenue Saint-Livier de Metz au IXe siècle), Saint-Hilaire de Poitiers et Saint-Martin de Tours? Le territoire que Chilpéric reçoit est probablement contigu avec son royaume en s'étendant au nord-ouest de Paris.

Le royaume des Francs en 567 après la division du royaume de Paris.

Le partage du royaume se fait en 568 et Paris est maintenu dans l'indivision. Les revenus fiscaux de la ville sont partagés en trois et chaque roi jure de ne pas entrer dans la ville sans le consentement des deux autres. La Seine et la Marne divisent la civitas Parisiorum en trois parties à peu près équivalentes correspondant aux trois archidiaconés de l'ancien diocèse parisien. Le grand archidiaconé ou archidiaconé de Parisis, situé au nord sur la rive droite de la Marne et de la haute Seine, comprenant les domaines de Chelles et de Nogent-sur-Marne, a dû lui être attribué.

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !