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Introduction

Il y a à cette époque autour de la méditerranée trois aires culturelles : le monde occidental, le monde chrétien oriental (basé sur le grec), le monde arabo-musulman (basé sur l'Arabe). L'Occident au Moyen-âge : ensemble des pays d'Europe où le latin est la langue de référence (est utilisé pour les sciences, par les autorités, les lois, l'Église).

Le terme de « Moyen-âge » désigne du point de vue universitaire, une période qui commence aux alentours de 476 (déposition de Romulus Augustule, dernier empereur romain) et se termine aux alentours de 1453 (fin de l'Empire d'Orient, prise de Constantinople par les Ottomans, de plus siècle des grandes découvertes : imprimerie et Amérique). Cette période s'étale donc sur dix siècles, terme donc très vague parce qu'en entre les deux dates limites il y a de grandes évolution, le mode de vie n'est pas le même d'un siècle à l'autre. Le terme (et l'idée) de « Moyen-âge » est une construction du XIX. De plus il n'y a pas de rupture brutale entre le « Moyen-âge » est la Renaissance (la perception de la rupture est progressive et on parle de « gothique » pour qualifier cette période. Au XIX éme, il se construit une image négative du Moyen-âge en France (la période va contre l'idée d'une identité française, d'un nationalisme hexagonal et les valeurs de la III République). Avec des répercussions sur l'enseignement.

Le XII et XII sont des moments d'accélération, de modifications. Il s'agit d'une phase de développement sans réalité d'ordre politique. Nous aborderons ici une histoire sociale.

L'occident au XI-XII : une société féodale

[ici processus de construction à partir de réalité déterminées qui ont un rapport avec l'économie, cf historiographie]

Cette période est un retour à la croissance après une longue phase de crise (fin de l'Empire romain), ce retour s'amorce depuis le VIII-IX et est caractérisé par un lent réchauffement climatique (cf Le Roy Ladurie, Histoire du climat). Il y a aux alentours de 700-800 une amélioration de la production agricole dans l'ensemble de l'Europe. L'augmentation de la production se fait autour de trois critères : climatique,technologique et démographique. Nous sommes certains d'un lent réchauffement du climat et d'une diminution des précipitations à cette époque (cf étude des pollens), une augmentation de la population est constable par les sites d'inhumation.

Nous pouvons supposer des phénomènes biologiques (résistance à certaines maladies infantiles). Ce qui permet une augmentation de la main d'œuvre (nourrie par une augmentation de la production). En ce qui concerne les progrès technologiques, il n'y a rien de nouveau. Nous constatons une autre utilisation des outils. Par exemple; les moulins à eau, il y a une construction frénétique de moulin (mécanisme relativement simple et connu depuis l'époque romaine mais n'était pas utilisé à l'époque car pratique de l'esclavage). L'utilisation des moulins permet une libération de la main d'œuvre, la roue n'a plus besoin d'une force humaine pour être actionnée. Autres exemples : le collier d'épaules, charrue, assolement triennal... Ce qui entraine un renversement de la société : Depuis le III ème la démographie diminue jusqu'au VIII et il s'agissait d'une population rurale.

Ce qui caractérise la fin de l'Empire romain d'occident est la désertification des villes en plus des invasions barbares (ceux ci ne sont plus intégré dans ce système affaibli). La désertification des villes romaines est le commencement du Moyen-âge, ces villes sont abandonnées par les élites et dans ce contexte de début de christianisme c'est désormais le clergé chrétien qui doit assurer une responsabilité politique délaissée.

Or à la fin du X, début XI il y a un renouveau documentaire qui traduit une augmentation de la population et une réorganisation de l'habitat. En effet, il y a des défrichements (déboisement par clairière, par front pionnier ou par maitrise de l'eau ex : drainage de marais pour augmenter la surface de terres cultivables) et entre le XI et le XIII la surface agricole est multipliée par deux (c'est donc un phénomène spectaculaire , facilement observable car existence de documents, toponymie de certains lieux : Essart/Ferte ou Issart venant du latin « défricher »). Le regroupement de l'habitat est un phénomène essentiel du XI. Formation de bourg de deux types : castral et ecclésial.

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La naissance de la seigneurie

La seigneurie est le résultat d'une organisation spatiale doublée d'un phénomène socio-politique. Le village devient la façon d'exploiter l'espace rural, ce qui est une rupture durable avec les pratiques antérieures. Et il y a aussi la mise en place de cadres (aristocratie et structures ecclésiastiques). Le village, c'est le paysage qui est cadre de vie (parfois l'horizon unique de ceux qui l'occupent) mais aussi une réalité sociale : une communauté organisée et soumise à une autorité exercée par le seigneur. Contrôler le village, c'est contrôler les hommes et surtout leurs ressources, c'est-à-dire organiser une certaine forme de production doublée d'un prélèvement fiscal.

Cette communauté qui façonne un paysage et qui développe des moyens de production, le tout sous une autorité, existe aussi en tant que communauté religieuse : la paroisse. Et tout cela entre dans la globalité de la seigneurie. Un cadre unique et stable qui concerne les 9/10 de la population entre le XI et XIII. Mais apparition particulière.

La seigneurie n'est pas une réalité une. Il s'agit d'une organisation dans l'espace d'une société humaine. C'est une réalité territoriale, sociale, religieuse et économique. [ici description sur un mode généalogique].

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L'historien, Pierre Toubert met en avant le processus d'organisation de la population en Italie centrale. Entre 950 et 1050, il observe une modification radicale des structures de l'habitat dans le Latium. Avant il y avait un habitat de plaine avec des hameaux plus ou moins dispersés. Chaque résidence était au centre des terres cultivées, les points centraux étaient les églises qui assuraient une fonction religieuse et une fonction administrative (collecte des impôts publics). Elle le point de ralliement d'une population.

Or, à partir de 950, on remarque l'apparition de « castello » (de « castrum » en latin médiéval, il s'agit d'une fortification : on érige une palissade de bois sur un monticule avec un fossé avec au centre un bâtiment rarement en pierres). Ce n'est pas dû à un mouvement de refuge face à une invasion que l'organisation de la population est perturbée. Il y a des tentatives de pillages seulement entre le IX et le X par les Arabes (ex : sac de Rome). Au moment où se produit ses regroupements autour de ces « castello », il y a un apaisement. De plus, nous nous apercevons dans les documents que ces mouvements de regroupement ne sont pas spontanés, la population est regroupée de façon autoritaire. Le maître d'un espace construit ces « castello » et regroupe la population autour.

Le « dominus » du castello peut réquisitionner la population pour des travaux d'intérêt public pendant quelques jours (ces journées font partie du système fiscal) , il peut demander la construction de maison, d'une église (abandon des « plebs », les églises fédératrices des anciens hameaux). Pour regrouper la population il peut il y a avoir des déménagements de cimetières (un des exemple dont s'exprime l'autorité du seigneur lors du regroupement). De plus, il y a des attaques des plebs par les détenteurs de la puissance militaire.

Pourquoi ces regroupements, alors qu'il n'y a plus d'invasion et que cette nouvelle organisation éloigne les populations de leurs terres cultivées ? Pierre Toubert parle d'un phénomène d' « incastellamento » (« enchatellement », « encellulement ») et il l'explique par une volonté des « domini » d'améliorer le rendement fiscal, ce phénomène ne devient spontané qu'au bout de trois ou quatre générations.

En effet , nous pouvons observer qu'il y a une augmentation de la population et une augmentation de la production agricole (augmentation des surfaces et des rendements). Les seigneurs ont le sentiment de mal contrôler ces territoires (dispersion de la population et pas de personnel d'encadrement). L' « incastellamento » est alors un phénomène de régularisation (moyen de contrôler la population et les revenus...). Mais ce regroupement en bourg nécessite un personnel d'encadrement.

Ce personnel est trouvé dans une nouvelle catégorie sociale : les milites, (naissance de l'armée professionnelle). Avant il y avait une logique de mobilisation des hommes libres, il s'agissait de l' « ost », mais il n'était pas possible pour tous les hommes (questions de revenus) et assez rapidement seuls ceux qui ont des revenus suffisants, participent. Ce qui a des conséquences discriminantes. On assiste alors au développement d'un groupe professionnel qui n'est ni paysan, ni aristocrate ; un modèle neuf : le « miles » (le soldat). Le plus souvent le « miles » est un paysan, peut être un peu plus riche que la moyenne car il peut se payer un équipement (et l'entretenir), au fur et à mesure il ne travaille plus la terre.

C'est donc une formation désordonnée (dont on suppose qu'elle repose sur les compétences) qui se stabilise (conservation des privilèges par transmission héréditaire). Ces milites sont utilisés par les domini pour assurer un contrôle de la population (par exemple pour l'impôt). Un nouveau type d'insécurité apparaît, le nombre des milites augmente... ainsi que chez le voisin qui veut agrandir son territoire. Cette fortification du territoire entraine une dilution de l'autorité du pouvoir royal (au début du XI, le territoire du roi est un des moins puissant), il y a une atomisation des pouvoirs. Cette insécurité est donc liée à la constitution des milites.

Le château protège alors des invasions du voisin (cf chartes de peuplement), il y a un développement des « basses-cour » où la population peut très vite se réfugier. De plus l'apparition des milites témoigne de l'augmentation de la production (attention hypothèse inverse possible mais improuvable). Il ne travaillent pas la terre sont donc des parasites en plus des aristocrates.

Il faut donc un excédent de biens croissant, la formation de cette catégorie sociale est un problème d'ordre public et c'est donc une catégorie détestée. Dans la tradition, le « miles » c'est celui qui exerce la violence avec une consommation excessive. L'image n'est renversée qu'à la fin du XI par l'image de la chevalerie (apport d'une connotation technique mais aussi morale). Ils sont l'outil de l'embrigadement de la population et de la cristallisation de la seigneurie.

Ce point de vue négatif est aussi dû au fait que ce sont des ecclésiastiques qui s'occupent de la littérature de l'époque. Or ils sont les victimes de prédilection des milites. Ces ecclésiastiques sont généralement des hommes (parfois des femmes) qui vivent dans un cadre qui exclu la violence et ils possèdent certaines richesses. En effet l'église est aussi un système socio-économique, elle prélève des impôts et possède des terres.

Il y a donc un patrimoine qu'il faut gérer et ce sont des laïcs qui s'en occupent. Ces gestionnaires sont des vassaux de l'église, souvent des membres inférieurs de l'aristocratie traditionnelle (c'est-à-dire romaine), puisqu'ils possèdent un certain savoir (l'écrit est surtout présent dans le sud, ancienne influence romaine).

Ces textes sont souvent des écrits à but apologétique (cf Le Livre des miracles de sainte Foy) mais qui témoignent aussi de la société de l'époque et de ce qui est juste (la dame) et de ce qui est mauvais (le miles). Car ces milites sont aussi souvent à l'origine de nouveaux impôts. Sous les Carolingiens, l'impôt est fondé sur une réalité de services, ils sont légitimes car ils sont anciens). Ces impôts nouveaux sont désignés sous le nom des « mauvaises coutumes ».

Par exemple ; la Taille est un impôt prélevé par le seigneur parce qu'il possède la force militaire (cf les coups d'épée : la taille et l'estoc) ou encore la Queste (dans la même logique) et la rançon est monnaie courante. D'ailleurs le mot « dominus » est souvent remplacé par « segnor » qui désigne le maître du château d'un point de vue de l'autorité, tandis que « dominus » contient la nuance d'une certaine légitimité.

Ce domimus a des vassaux à son service. Le vassal, du mot germanique : « gwass », désigne un homme libre qui appartient à la même aristocratie guerrière et qui s'est soumis à un roi, il s'agit au départ d'un terme militaire). Le VI et VII représente désormais cette dépendance honorable. Honorable car les deux hommes sont considéré comme égaux, avoir une position inférieure n'est pas alors dégradant, contrairement à une autre forme de vassalité : le servage.

Le nom serf vient du latin « servus » qui désignait l'esclave à Rome, cette position est dégradante selon les concepts aristocratiques. Les milites sont donc présenté comme violent, ce qui choque aussi beaucoup ce sont les punitions qu'un seigneur peut infliger, par exemple crever les yeux (ce qui est très courant chez les Byzantins) mais pour un miles cette punition est considérée comme un acte de miséricorde car il se substitue à la peine de mort tout en rendant le traître inoffensif et lui permettant d'avoir une descendance. Mais pour les clercs cela témoigne de la violence des milites. Ceux ci associent trois péchés aux milites :

→ le premier lié au vice de la colère ; il concerne tous les actes de violence qui en découle et qui font couler le sang (guerre, torture, meurtre...)

→ le deuxième est le vol (lié à l'avarice de ces milites) : les rançons, les taxes non légitime, les pillages...

→ le troisième est la luxure ; une incontinence sexuelle qui se traduit par le viol, la polygamie (ce qui est courant dans l'aristocratie germanique jusqu'au X et XI siècle).

Ces trois péchés sont des péchés d'incontinence mais leur gravité est différente. Le premier est le plus violent donc le plus grave, le deuxième implique une injustice fondamental car il consiste dans le détournement du travail d'autrui et peut conduire à la famine mais il est moins le grave car il ne conduit pas à une effusion de sang. Et le troisième est encore moins grave parce qu'il est une pulsion universelle qui peut se contrôler et parfois les actes commis peuvent trouver une solution (mariage des filles violées avec leur violeur). Ces trois péchés sont une caractérisation du comportement classique des milites.

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Il faut envisager cette violence pour comprendre la seigneurie après le phénomène d'incastellamento. C'est donc un cadre de contraintes pour augmenter la facilité du prélèvement fiscal. La seigneurie est donc un espace construit par le regroupement d'une population et qui suppose une nouvelle organisation des cultures. En effet il y a alors deux types d'espaces agricoles :

→ la tenure, terres que le paysan tient de son seigneur et qui sont exploitées par une famille. Les terres sont en périphérie de la seigneurie.

→ la réserve, l'ensemble des terres que le seigneur exploite directement et ces ceux sont les paysans qui cultivent une tenure qui doivent aussi cultiver ces terres. Ceci un impôt que doit le paysan de la tenure, il doit fournir des journée de travail à certains moment de l'année (roulement pour que la réserve soit continuellement cultivée sans pénaliser certains paysans). La réserve concerne les terres les plus proches du château et celles considérées comme les plus fertiles.

Ceci devient un modèle d'organisation, autour du château il y a une première ceinture de terres cultivées qui est constituée de vergers et des potagers des villageois. Il y a ensuite une deuxième ceinture constituée par la réserve puis une troisième ceinture qui contient les tenures. Les terres cultivées ne sont pas donc continues aux demeures, ce qui est une contrainte supplémentaire. La seigneurie met à la dispersion des demeures au centre de leurs terres et crée la communauté paysanne.

C'est donc la constitution d'une organisation sociale et la fin de la propriété paysanne libre, et le début d'une logique où la terre appartient au seigneur. Cependant il existe des terres où les paysans qui les exploitent en sont les propriétaires, ce sont des Alleux (aleu, alos...). Leur nombre diminue dans le temps (confiscation par les seigneurs), celles qui restent sont généralement dans les montagnes (cf certains bleds de l'Ariège), dans des vallées au Nord (on parle d' « ombrai » dans les Pyrénées et d' « ubaye » dans les Alpes). Le travail paysan produit alors seulement de quoi vivre , il leur est donc impossible de payer des impôts à un seigneur, c'est pour cela que ces terres n'intéresse aucun seigneur. Autre statut particulier : celui d' « aprisionnaire ».

Une autorité publique accorde à un paysan des droits particuliers s'il part en tant que pionnier. Et si au bout d'un certain temps il a rendu la parcelle viable, la terre lui appartient tout en ayant des exemptions fiscales. Phénomène courant dans la péninsule ibérique lors de la « reconquista ». Dans cet état de guerre permanent, il y a des « no man's land » dans les zones de frontières. Cette pratique de l'aprision permet de peupler ces zones et de créer une défense des frontières. C'est aussi un phénomène courant en Germanie.

Mais la norme reste que le propriétaire des terres est le seigneur. Ce qui peut varier se sont les légitimation de la propriété. Dans la partie septentrional de l'Europe, le principe est : nul terre sans seigneur, c'est l'oral qui témoigne de la propriété. D'ailleurs le serment de fidélité est aussi oral dans cette partie, ce sont des gestes ou des paroles qui fondent la vassalité. Devant une foule le vassal joint ses mains et les met dans celles du seigneur qui referme alors les siennes, alors les deux s'embrassent sur la bouche (pas de connotation sexuelle, embrasser signifie partager le même souffle, c'est donc l'expression d'une même volonté entre ces hommes).

Il y a une relation de vassalité immédiate. Tandis que dans le sud (jusqu'à Lyon), il y a une forte importance de l'écrit, le principe est : nul seigneur sans titre (pour imposer il faut un document écrit, héritage de la civilisation romaine). D'ailleurs le serment de fidélité doit être prononcé, rédigé et signé par la vassal, le témoin des Évangiles et le seigneur. C'est ainsi que se met donc en place l'institution de la seigneurie.

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Typologie de la seigneurie

Le seigneur a un contrôle sur les terres, il tire donc ses revenus et sa subsistance d'une manière autre que par son travail. Mais le statut de seigneur n'est pas homogène, il existe trois types de statuts : foncier, banale, personnelle. Ce ne sont pas des normalisations qui datent du XI, elles sont induites a posteriori à partir de certaines réalités.

La seigneurie foncière

Il s'agit de l'ensemble des droits qu'exercent le seigneur en tant que propriétaire des terres (statut le plus ancien). Un statut codifié par un acte écrit : le bail (bailler = le propriétaire d'une terre la donne à un tiers en échange de redevances). Il existe deux types de baux : le bail à cens et le bail à champart.

→ le bail à cens : il est le plus simple pour assurer le droit d'usage à un paysan sur une terre. Le paysan verse au propriétaire une somme à date fixe, le paysan possède alors tous les bénéfices de son champ. Le bail s'étend généralement sur une durée longue : 25 ans, 30, voire 99 ans. On a alors la certitude que le renouvellement se fera sous une autre génération. Ce type de bail est relativement courant. Le cens est fixé une fois pour toute au début du contrat en monnaie même s'il reste possible qu'il paie parfois en nature, c'est donc un contrat stable et favorablement économiquement. Au fur et à mesure que les temps avancent, il y a une augmentation de la population et de la production et donc des échanges et de la masse monétaire (+ phénomène d'inflation), le poids relatif du cens se retrouve diminué de génération en génération, le revenu du seigneur est donc moins important. De plus il se pose aussi le problème du morcellement des terres. C'est à la fin du XI ème que se développe les stratégies familiales pour les terres (la « reconquista » et la première croisade permettent aussi une diminution de la pression sur les terres).

→ le bail à champart : La redevance est une part de la récolte des champs loués. Selon les régions, les cultures pratiquées, les redevances évoluent, cela peut aller de 25 % de la production jusqu'à 50 % (pour le vin notamment car plus de valeur), la proportion étant déterminée par la valeur du produit. Par exemple, le vin : sur l'ensemble d'une vendange la totalité est ou consommée ou vendue (contrairement aux céréales il faut garder une partie pour resemer) et il s'agit d'un produit moins courant et d'autant plus limité dans le temps. Ce type de bail est donc beaucoup plus favorable au seigneur, de plus ce sont généralement des baux à échéance courte : 1; 2 ou 3 ans. Il sont toujours conclu à la saint Martin d'hiver (le travail d'une année est donc terminé et celui de l'année suivante n'a pas encore commencé).

Ces deux baux introduisent une distinction entre les paysans. Nous pouvons noter l'apparition de laboureurs ce qui nécessite un train d'attelage, or avec les nouvelles charrues (plusieurs socles + versoirs donc plus lourdes) il faut trois ou quatre pairs de bœufs. Il faut donc pouvoir investir dans ces techniques si on veut améliorer les productions. Seuls ceux qui ont des revenus suffisants et stables peuvent se le permettre, il y a alors une organisation de prêts par les paysans notables. Il y a donc la mise en place d'une hiérarchie sociale et ceux qui s'élèvent sont généralement ceux qui ont un bail à cens. De plus, par son échéance courte, le bail à champart montre que le seigneur à moins confiance dans la quantité de travail que le paysan peut fournir. Ces baux à champart étaient souvent adressé à des familles déjà en difficulté. Ces différents baux instaurent alors des inégalités dans un même village mais aussi entre les régions.

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La seigneurie banale

Le ban est un territoire sur lequel s'exerce une autorité (attention à la définition de l'autorité car il y a au XI une délégation des pouvoirs), en théorie le pouvoir légitime appartient au roi mais dans la réalité son pouvoir est réduit à presque rien, il ne contrôle réellement que quelques terres aux alentours de Paris et d'Orléans, car l'autorité sur les autres territoires est déléguée à des comtes, qui délègue eux-même leur autorité... Le seigneur du village est censé avoir reçu son pouvoir du roi, même s'il n'y a aucun contrat, mais dans les faits celui qui détient l'autorité est celui qui détient le ban, qui l'a pris par la force). Le ban fait référence au « districtum » (= ce qui contraint, ce qui permet de resserrer, autre synonyme : « potestas » qui est différent de « auctoritas » = le pouvoir légitimé), il s'agit donc de l'exercice du pouvoir sur les hommes (cf les hommes de la poté = les hommes de la potestate). Le fait de résider sur ce territoire crée un lien d'autorité (contrairement à la seigneurie foncière où il s'agit d'un lien économique) même si ce lieu n'est pas la propriété du seigneur, seigneur du ban et propriétaire ne sont pas la même chose. Le seigneur d'un ban peut soumettre des seigneurs fonciers.

Le ban est une notion très concrète, la définition des limites du territoire est très précise (on se sert d' éléments fixes comme les cours d'eau). C'est un contrôle de l'espace en tant que voie de communication. Le seigneur du ban est le maître des routes, des ponts... Il y a donc des prélèvements banals qui sont des impôts liés aux fonctions du seigneur. Il perçoit des péages ou des tonlieux (il s'agit des droits acquittés pour emprunter la route, le pont... la justification étant un service). Ce qui peut facilement s'apparenter à du brigandage. Mais la tradition de détentions de droits sur espace public est ancienne, donc légitime. Mais en plus des contrôles sur les moyens de communications, le seigneur s'occupe aussi de la justice (intérêt fiscal des amendes).

Dans la théorie des pouvoirs il s'agit d'une délégation du pouvoir royal. Il y a une distinction de trois justice : haute, moyenne et basse justice qui sont définies par le type de peines. La peine capitale est la pendaison (décapitation pour les nobles), le symbole qui affirme ce pouvoir détenu par le seigneur est la création de « bois de justice » qui est en fait le lieu où sont installé les gibets, il s'agit généralement d'une place publique qui doit permettre l'exposition des corps.

Manifestation de puissance, les gibets sont souvent au bord de route (exemple : celui de Paris, sur la route du nord, à Mont-faucon il y a neuf gibets) et permet ainsi de signaler la limite du ban. Cette haute justice est très peu exercée et a surtout une fonction symbolique. Au Moyen-âge, une bonne justice est celle qui rétablit un équilibre menacé par une faute commise. Le déséquilibre subit peut-être de deux ordres : une victime lésée, la société atteinte dans son ensemble. La victime doit obtenir réparation et la justice doit arrêter l'enchainement de violence qu'entraine ce déséquilibre, elle doit empêcher la vengeance.

La basse-justice concerne essentiellement des conflits de voisinage (insultes, disputes...). Pour satisfaire la victime et éviter la vengeance, les délits sont punis de manière humiliante sur la place publique : coups, mutilations (liées aux crimes de fraudes ou de ruses, on coupe les oreilles, par exemple, ainsi en voyant le visage du coupable les gens sont prévenus et ce dernier n'est pas gêné car il entend toujours) ou pilori (sur la place publique le coupable y est exposé en étant attaché par une pièce en bois qui lui coince le cou et les bras, les passants peuvent ainsi lui jeter des ordures à la figure, c'est une punition fréquente pour les délits économiques comme la fabrication de fausses mesure).

La prison n'existe pas au Moyen-âge (il n'y a des emprisonnements qu'avant les procès) car cela coûte cher et ce n'est pas publique , le sentiment de réparation n'est donc pas présent. L'humiliation est une compensation immédiate. L'autre punition possible est l'amende (de plus cela est profitable au seigneur) qui est exigé en guise de réparation pour les dommages causés à la société. Assez souvent les viguiers (les administrateurs du seigneur du ban) s'aperçoivent que la question des petits conflits est occupent une grande part de leur temps et que se sont souvent des questions difficiles à trancher, c'est donc trop embarrassant et pas assez rentable.

Le seigneur confie alors à la communauté le soin de régler ces conflits (tant qu'il n'y a pas de vols, ni de voie de faits). À partir de là il faut donc une certaine organisation dans la communauté, c'est l'origine des communauté villageoise en tant que structure, il s'agit d'un pas vers l'auto-administration (ce qui peut se voir comme un approfondissement de l'incastellamento et comme un premier pas vers les libertés communautaires). Cette présence de l'autorité banale est traditionnelle est bien acceptée.

Autres autorités : les banalités. Elles sont liées aux activités agricoles (ex :le four et le moulin). Le seigneur peut investir dans des infrastructures et chaque paysan qui s'en sert doit alors payer une redevance qui est une partie de sa récolte. Mais assez rapidement, leurs évolutions deviennent contraignantes : cela devient un service imposé, les paysans ne peuvent aller ailleurs. Autre forme de banalité dans les zones viticoles : le seigneur dispose d'une semaine au moment du décuvage où il est le seul à pouvoir vendre son vin (et puisque il s'agit du premier vin de la saison il est donc le plus cher). La banalité la plus contestée mais la plus universelle : l'impôt.

La taille est dans la catégorie des mauvaises coutumes, c'est impôt est prélevé sur le principe du droit du plus fort. Le seigneur peut procédé de manière globale et décidé que tel village doit payer telle somme. C'est alors à la communauté de se répartir l'impôt. Cet élément d'auto-organisation paysanne conduit à la nomination de trois à quatre hommes ; les « consuls » ou les échevins (qui sont souvent des notables, cette auto-administration se retrouve aussi dans les villes suite à leur renaissance).

Il existe aussi un impôt lié à la pratique des exercices militaires, puisque les villageois ne participent plus à l'ost (d'ailleurs il n'y a plus de moyen de s'élever par le haut comme au début des milites, si volonté d'une amélioration la seule possibilité est de partir et de tenter sa chance en ville). Lors des batailles les milites ont besoin d'un ravitaillement, pendant longtemps il est alors pratiqué le logement chez les paysans : l' « hostise » (au nord, de « hostium ») ou « albergue » (au sud).

Ce qui entraine un épuisement des réserves paysannes et de nombreux viols. La communauté préfère alors verser une certaine somme d'argent. La seigneurie banale est donc la plus lourde est la plus contraignante du point de vue fiscal.

Le phénomène socio-économique du XI est l'augmentation de la pression fiscale grâce au phénomène de l'incastellamento. Nous pouvons alors remarquer que la plupart des impôts sont payés en monnaie. Ceci signifie donc que les échanges sont plus importants, or le troc se pratique moins au X, il y a donc une augmentation de la masse monétaire. Avant le X ème, l'archéologie trouve très rarement des pièces de monnaies (ce sont quelque fois des monnaies orientales, la plupart des pièces sont des deniers créés par Pépin le Bref, il y a très peu de pièces d'or). À partir du XI, l'archéologie découvre beaucoup plus de monnaie, il y a plus de deniers mais il y a surtout des billions (monnaie faite à partir d'alliage, elle a une valeur très faible).

Presque tous les échanges sont monétisés, ce qui ne peut se faire que pendant une croissance économique. De plus le phénomène de la seigneurie est un phénomène générale en Europe. Si, un peu partout, les seigneurs peuvent se permettre cette fiscalité (sans se ruiner), c'est qu'il y a effectivement une croissance économique et une certaine consolidation des paysans (il y a des tentatives de minoration pour mettre des ressources de côté). Plus tard il y a des prélèvements royaux, ce qui témoigne donc d'une bonne santé économique.

C'est d'ailleurs à partir du XI ème, qu'apparaissent des petits groupes de paysans plus riches que les autres mais avec à la base de la communauté des familles qui ne peuvent survivre. Cette période n'est pas non plus une période d'opulence, car en cas de crises, 1/3 des paysans ne peuvent tenir.

La seigneurie personnelle

Ce qui est en cause, c'est le statut de certains hommes : les serfs. Le mot « serf » qui vient du latin « servus » qui désignait les esclaves : des hommes et des femmes considéré comme un « outil ». Des esclaves, il y en a jusqu'à l'époque carolingienne, les guerres de Charlemagne entrainent des captures de prisonniers et des transferts de population pour éviter les rébellions, mais il y a ensuite un phénomène d'assimilation par des affranchissements de masse (notamment lors de la rédaction de testaments pour se mettre en règle avec sa conscience). De plus les travaux collectifs dans les grands domaines disparaissent avec ceux-ci au XI.

Les parcelles sont alors attribuées à une famille, ce sont donc des éléments de la vie quotidienne qui font sortir ces êtres de l'esclavage. Par la cellule familiale (calquée sur celle des hommes libres), le statut servile s'estompe. Il ne demeure que quelques cas rares d'esclavage, il s'agit d'un esclavage domestique, ces hommes sont rattachés au seigneur : ce sont des intendants, des comptables, des précepteurs. Ces hommes sont des esclaves mais ils ont un statut social très particulier.

Le statut du serf est différent de celui de l'esclave. La condition du serf manifeste son double attachement (contrainte) : à la terre qu'il est tenu d'exploiter et au seigneur (c'est un lien de dépendance, bien plus étroit que celui qui lie le paysan). Il s'agit d'un phénomène relativement nouveau, il y a très de documents pour les asservissements mais nous savons qu'il s'agit d'un acte volontaire du serf (à la suite de catastrophes familiales, d'épidémies...qui ne permettent plus à une famille de subvenir à ses besoins).

Le serf ne dispose pas de l'autonomie juridique. Par exemple :si un serf commet un vol, c'est le seigneur qui paie l'amende du serf puis il « s'arrange » avec celui-ci. Un paysan normal aurait été fustigé en public et aurait dû ensuite payer.

Du point de vue agricole : le serf est sur une tenure et il doit une redevance au seigneur qui est propriétaire de la terre en plus d'être son maître mais il doit aussi une taxe particulière : la main-morte. Il s'agit du droit de mutation lorsque le fils d'un serf décédé veut reprendre l'exploitation familiale. La transmission su servage se fait par héritage, attention problème la tenure ne peut être remise qu'à un fils pour éviter la division des parcelles, mais puisque la terre est indivisable les revenus restent importants .

Mais ce statut est pour autant différent de l'esclavage (l'esclave n'est pas considéré comme un être humain mais comme un outil). Le serf a un statut défini par un contrat avec des obligations (limitées par les coutumes) et des droits. De plus il est possible de sortir du servage par paiement (mais le seigneur peut s'y opposer). Le serf est donc une personne (d'ailleurs elle paie des taxes donc son identité est reconnue). Autre impôt auquel est soumis le serf : la capitation. La capitation est un impôt récognitif, par cet impôt la personne reconnaît qu'elle est un serf. Si un serf arrête de payer cet impôts pendant plusieurs années sans que le seigneur s'en rende compte, il peut devenir libre. Le formariage est aussi un impôt (qui a donné naissance au mythe du droit de cuissage, bien que la bâtardise soit un phénomène observable et affirmé), le servage est un statut héréditaire, dans ces conditions la naissance d'un certain nombre d'enfant est vue comme une force de travail, les enfants sont aussi rattaché à un seigneur. Si les parents sont rattaché au même seigneur, l'identité et le statut des enfants et facilement identifiable.

Ce qui est plus difficile si les parents n'ont pas le même statut (pas le même seigneur ou si le statut social n'est pas le même, ce qui est plus rare). La première solution : « le statut suit le ventre », l'enfant adopte la condition de la mère (mais solution rarement adoptée). Sinon les enfants adoptent les statuts des parents à tour de rôle. Les mariages de serfs à l'extérieur rend le seigneur perdant d'une certaine manière. Le Formariage est une sorte de réparation pour le seigneur (droit de regard sur le mariage).

Ce statut est perçu comme défavorable, car il est perçu comme une dépréciation de la personne. Pour désigner un paysan, il y a plusieurs termes :

  • « vilain », qui vient de « villanus » et qui signifie en latin « celui qui habite la villa », ce terme désigne celui qui vit à la campagne.
  • Le « rustre », celui qui vit à la campagne
  • le « manant », terme plus récent qui vient de « manere » qui signifie rester, ce terme désigne celui qui reste dans une tenure

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !