Le Rêve fut publié en 1888, comme le seizième volume de la série d'Emile Zola, Les Rougon-Macquart. C'est l'occasion pour l'auteur naturaliste d'aborder le thème de la religion, en s'intéressant (au contraire d'œuvres comme La conquête de Plassans ou La Faute de l'abbé Mouret) au côté populaire de la foi, ainsi qu'au renouveau du mysticisme dans la société française de la deuxième moitié du XIXème siècle. C’est un roman particulier dans l’œuvre romanesque de Zola puisqu’il émane d’une volonté de surprendre le public. Il écrit à ce sujet :

« Je voudrais faire un livre qu’on n’attende pas de moi. »

Ébauche (stade de conception du roman), Émile Zola, 1887

Il est profondément imprégné de l’imaginaire du merveilleux et portée par énormément de références symboliques, chères au Zola écrivain des Rougon-Macquart.

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C'est parti

Résumé

L'histoire prend place dans une ville appelée Beaumont-sur-Oise (Val d'Oise), constitué d'une partie ancienne, en hauteur, et d'une partie moderne, en-dessous de la précédente.

Où prend place Le Rêve ?
Beaumont-sur-Oise, lieu de l'intrigue du Rêve

On suit l'existence d'Angélique Rougon, fille de Sidonie Rougon est d'un père inconnu, mort quinza mois après sa naissance. Elle est successivement placée sous la garde d'une sage-femme, puis d'une nourrice, puis d'une fleuriste, et enfin aux Rabier, une famille de tanneurs qui la maltraitent. Une nuit de Noël, elle fuit. Elle se retrouve recueillie par les Hubert, couple de brodeurs qui l'a découverte adossée à un pilier de la cathédrale de Beaumont. Et pour cause : eux-mêmes très pieux, puisqu'ils brodent pour des vêtements ecclésiastiques, ont leur maison contre le même bâtiment. Angélique, devenue leur pupille, montre beaucoup d'entrain pour la broderie et se révèle être très douée, devenant la meilleur à l'ouvrage. A côté de cela, elle se passionne pour la lecture et notamment La légende dorée, qui change sa conception du monde et sa vie. Elle commence à s'identifier aux martyres et rêve du même destin, alanguie par l'attente d'une apparition divine ou d'un prince charmant. Exposant ses idéaux courtois à Hubertine, elle se voit freiné par la lucidité pessimiste de cette dernière, qui l'invite à se montrer moins naïve sur la réalité humaine. Mais, en découvrant une mystérieuse ombre noire à la fenêtre de sa chambre qu'elle identifie au prince tant attendu, elle repasse ses nuits à rêver. Félicien sera celui-ci. Peintre verrier qu'elle aperçoit tandis qu'elle fait la lessive, Angélique l'identifie à Saint-Georges descendant de son vitrail. Lui-même l'observe depuis longtemps et un jour, il ose lui dire : « Je vous aime ». Angélique prend peur, s'enfuit, et se voit comme les vierges de ses romans qui refusent leur amant. Comme elles, elle se projette amoureuse dans la douleur, côtoyant Félicien sans jamais rien lui avouer de ses sentiments. Mais Félicien décide alors de lui commander une broderie et de surveiller l'ouvrage. Ils restent ainsi deux semaines ensemble dans l'atelier. Finalement, Angélique cède et invite Félicien dans sa chambre pour lui déclarer son amour. C'est alors qu'arrive le défilé de la procession, la fête religieuse. Les Hubert et Angélique découvrent soudain que Félicien est le fils d'un seigneur noble. C'est la prophétie rêvée par Angélique qui se réalise. mais, pourtant, leurs familles s'opposent à leur mariage. Hubertine Hubert, la mère adoptive d'Angélique, souffre du souvenir de sa propre histoire : mariée contre la volonté de sa mère, elle voit dans sa stérilité une punition divine et ne veut pas d'un mariage guidé par la passion. Le père de Félicien, Monseigneur d'Hautecoeur, quant à lui, est rentré dans les ordres à la suite du décès de sa femme (en accouchant de ce fils d'abord non-reconnu), pour devenir évêque, et destine son fils à une autre future épouse. Angélique se meurt littéralement de cette interdiction : Félicien absent (les Hubert lui ont menti pour qu'il cesse de la voir), elle pense qu'il ne l'aime plus, et ne peut y survivre. Monseigneur de Hautecoeur cédera finalement devant la supplique de l'amoureuse : mais le mariage survient trop tard dans le mal de la jeune fille et elle mourra en donnant son premier et dernier baisé à son nouvel époux. Vous étudierez cela en cours de français

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Le projet de Zola

Le roman, à l’intérieur du cycle des Rougon-Macquart, forme une pause, un temps d’arrêt : on ne parle plus de la grand dynastie, ni de considérations sociales ou des thèmes auquel le lecteur de Zola est habitué, non plus que les lieux (Paris, Plassans). Il en dit :

« Le Rêve » serait le titre du volume, et c’est surtout ce qui me plaît. Je voudrais que le volume fût la partie du rêve dans la série, la fantaisie, l’envolée, l’au-delà. Et cela serait franc, puisque le titre avertirait le lecteur : « Voilà du rêve, je le dis, prenez-le comme tel ». Et alors, sans ironie trop, il faudrait y mettre la vie telle qu’elle n’est pas, telle qu’on la rêve : tous bons, tous honnêtes, tous heureux. Une vie idéale, telle qu’on la désire. »

Ébauche, Émile Zola, 1887

Néanmoins, Zola garde le principe naturaliste fondamental. Il s’agit de montrer les passions héréditaires peu à peu corrigées et vaincues par l’influence du milieu : Angélique incarne la vertu, alors qu’elle est une descendante des Rougon-Maquart, dynastie plutôt vile dans les autres romans.

Quel est le lien de parenté des personnages des Rougon-Macquart ?
Arbre généalogique des Rougon-Macquart

Il veut également interroger le rôle de la foi, et la présence du surnaturel, du miracle, se montrant critique vis-à-vis de la religion, qu’il considère comme pouvant être seulement de l’auto-suggestion. Il écrit à ce propos :

« De sorte que le milieu, la prétendue grâce venue de [D] Dieu, viendrait de l’homme [po] pour améliorer l’homme. Cela rentrerait dans la théorie qu’il n’y a qu’illusion de nos sens, que nous créons le monde, que tout part de nous pour revenir à nous. Le rêve enfin. Et ce serait élargir le livre à la fin que de montrer ainsi que tout est un rêve, que chacun de nous n’est qu’une apparence qui disparaît après avoir cré/er/é une illusion »

Ébauche, Émile Zola, 1887

Thèmes du roman

Quand a été publié Le Rêve, d'Émile Zola ?
Une édition du Rêve

La maladie d'Angélique

Angélique est d'abord un personnage qui ne parvient pas à distinguer le rêve de la réalité (doù le titre du roman). En plus de cela, elle subit ce que l'on peut communément appeler un "chagrin d'amour", aux effets dévastateurs. Cette maladie est causée par plusieurs facteurs :

  • Mariage de Félicien avec Mlle de Voincourt
  • Refus de Mr de Hautecoeur
  • Eloignement de Félicien

Les symptômes en sont :

  • L’insomnie (chapitre XII)
  • La fièvre (chapitre XII)
  • Les visions (chapitre XII)
  • Les évanouissements (chapitre XIV)
  • La suffocation (chapitre XIV)
  • Une nouvelle série de crises de charité (chapitre XI)
  • La crise d’angoisse (chapitre XI)
  • L’épuisement (chapitre XI)
  • L’amaigrissement (chapitre XI)

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L’amour

D'abord fait de regards furtifs et d'hésitations (chapitre V), leur amour subit un coup d'arrêt lorsque Félicien avoue à Angélique ce qu’il ressent. Celle-ci prend alors peur et rompt tout contact. Elle se pose également la question de sa culpabilité, du fait de sa morale chrétienne (et cette culpabilité associée à la souffrance est une façon pour elle de s’identifier à nouveau aux martyrs qu’elle admire). L’amour doit surmonter de nombreux obstacles pour advenir :

  • Hubertine indique à Angélique qui avoue ses sentiments (chapitre IX) : « Il n’y a que le devoir et l’obéissance qui fassent le bonheur. »
  • Le père de Félicien qui l’a promis à une autre femme
  • Leurs origines sociales différentes (poids des mœurs de la société)

Le livre ne se concentre finalement que sur deux relations amoureuses : Angélique & Félicien et Hubert & Hubertine, la dernière faisant écho à la première puisqu’elle s’est faite contre l’avis des entourages respectifs. Pourquoi ne pas étudier tout cela en cours de français ?

Le conte de fées

De quoi Zola s'inspire-t-il pour Le Rêve ?
Une image d'Épinal de conte de fées

Emile Zola, dans son roman, emprunte clairement à l'imaginaire du conte de fées. Genre romanesque qui naît essentiellement au XVIIème siècle avec Charles Perrault (Cendrillon, Peau d'âne, etc.), il fait met en scène un amour impossible entre une roturière et un prince, ou l'inverse, utilisant parfois le merveilleux. Le Rêve est ainsi construit à la manière d'un conte : le roman raconte la vie d'une fille pauvre, orpheline et sans dynastie. Elle sera d'abord sauvée par Hubertine, par pur hasard (une autre caractéristique du conte, où l'apparition fortuite joue un grand rôle). Angélique elle-même possède les caractéristiques d'une héroïne de conte. Page 64, elle rêve une rencontre avec un homme "riche comme un roi et beau comme un dieu.". Nul besoin ici de rappeler la chanson de Blanche-Neige, "Un jour, mon prince viendra"… De même, Félicien fait penser à beaucoup d'égards à un personnage de conte de fées. En premier lieu, évidemment, sa rencontre avec Angélique, chapitre V. Il sauve, au péril de sa vie, une camisole emportée par la rivière : c'est là typiquement l'image du preux chevalier risquant son existence pour une femme dont il ne connaît rien, par pure galanterie, pure bienveillance. Sa déclaration d'amour à Angélique fait également écho aux péripéties féériques ou courtoises : Félicien est sous le balcon d'Angélique. Enfin, le retour impromptu de Félicien, à la fin, renoue avec le retournement de situation final du chevalier qui arrive juste à temps pour sauver sa princesse. La fin, qui fait mourir les deux protagonistes, en appelle au Petit Chaperon rouge de Perrault : l'espoir du bonheur est touché du doigt, puis s'évanouit. Comment trouver un cours de français ?

La religion

Angélique est très croyante. En cela, la religion prend une place centrale dans le roman, puisque l’héroïne voit le monde à travers ses croyances. Elle admire les martyres, qu’elle découvre par la littérature et qu’elle ressent comme une révélation. Elle fonde ses rêves (c’est d’ailleurs le titre du roman) sur cet idéal dévot. Tout au long du roman, la religion est présente :

  • Angélique se réfugie sous la voûte d’une église après sa fugue
  • La maison des Hubert est juxtaposée à la cathédrale
  • Elle souhaite se marier avec Jésus (chapitre 3)
  • Dans la lecture, car Angélique ne cesse de lire et relire son livre d’inspiration religieuse (La Légende dorée)
  • Le père de Félicien est évêque
  • La fête de la procession des miracles, qui joue le rôle de révélateur au sujet du sang royal de Félicien

Très symboliquement, la cathédrale est l’espace central du roman, du début (Angélique seule sous les voûtes) à la fin (mariage d’Angélique et de Félicien). La présentation du bâtiment, dans Le Rêve, insiste bien sur cet aspect de centralité (aspect d’ailleurs ambiguë, entre vampirisation et procréation) :

« La cathédrale explique tout, a tout enfanté et conserve tout. Elle est la mère, la reine au milieu du petit tas des maisons basses, pareilles à une couvée abritée frileusement sous ses ailes de pierre. On n’y habite que par elle et pour elle ; les industries ne travaillent, les boutiques ne vendent que pour la nourrir, la vêtir, l’entretenir, elle et son clergé ; et, si l’on rencontre quelques bourgeois, c’est qu’ils y sont les derniers fidèles des foules disparues. Elle bat au centre, chaque rue est une de ses veines, la ville n’a d’autre souffle que le sien. »

Le Rêve, Émile Zola, 1888

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Le Moyen-Age

L’univers médiéval est omniprésent dans le roman. Il favorise la représentation de l’inconnu et participe à la création d’un milieu irréel, caractéristique du conte. Il se trouve aussi, tout au long du roman, des phrases écrites en vieux français. Pour Zola, la période médiévale est une formidable source où puiser des représentations et un modèle narrative fondé sur l’allégorie. La cathédrale, les ruines du château des Hautecoeur sont là pour matérialiser le Moyen-Âge ; le livre La Légende dorée ou la broderie sont autant de références à la même époque. Surtout, le Moyen-Âge est au cœur de la rêverie d’Angélique : c’est l’époque fantasmée comme parfaite, où elle s’imagine martyre et princesse enlevée par un prince.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.