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C'est parti

COMMENTAIRE

Article paru dans l'Encyclopédie, rédigé par Denis Diderot.

Cet article nous fournira
des réflexions plus utiles contre la superstition et le préjugé, que le
duvet de l'agneau de Scythie contre le crachement de sang. Kircher, et
après Kircher, Jules-César Scaliger, écrivent une fable merveilleuse ;
et ils l'écrivent avec ce ton de gravité‚ et de persuasion qui ne
manque jamais d'en imposer. Ce sont des gens dont les lumières et la
probité ne sont pas suspectes : tout dépose en leur faveur : ils sont
crus; et par qui? par les premiers génies de leur temps ; et voilà tout
d'un coup une nuée de témoignages plus puissants que le leur qui le
fortifient, et qui forment pour ceux qui viendront un poids d'autorité
auquel ils n'auront ni la force ni le courage de résister, et l'agneau
de Scythie passera pour un être réel.
Il faut distinguer les faits
en deux classes ; en fait simples et ordinaires, et en faits
extraordinaires et prodigieux. Les témoignages de quelques personnes
instruites et véridiques suffisent pour les faits simples ; les autres
demandent, pour l'homme qui pense, des autorités plus fortes. Il faut
en général que les autorités soient en raison inverse de la
vraisemblance des faits ; c'est-à-dire d'autant plus nombreuses et plus
grande que la vraisemblance est moindre.
Il faut subdiviser les
faits, tant simples qu'extraordinaires, en transitoires et permanents.
Les transitoires, ce sont ceux qui n'ont existé que l'instant de leur
durée ; les permanents, ce sont ceux qui existent toujours et donc on
peut s'assurer en tout temps. On voit que ces derniers sont moins
difficiles à croire que les premiers, et que la facilité que chacun a
de s'assurer de la vérité ou de la fausseté des témoignages doit rendre
les témoins circonspects et disposer les autres hommes à les croire.
Il
faut distribuer les faits transitoires en faits qui se sont passés dans
un siècle éclairé et en faits qui se sont passés dans des temps de
ténèbres et d'ignorance ; et les faits permanents, en faits permanents
dans un lieu accessible ou dans un lieu inaccessible.
Il faut
considérer les témoignages en eux-mêmes, puis les comparer entre eux :
les considérer en eux-mêmes, pour voir s'ils n'impliquent aucune
contradiction, et s'ils sont de gens éclairés et instruits ; les
comparer entre eux pour découvrir s'ils ne sont point calqués les uns
sur les autres, et si toute cette foule d'autorité de Kircher, de
Scaliger, de Bacon, de Libarius, de Licetus, d'Eusèbe etc. ne se
réduirait pas par hasard à rien ou à l'autorité d'un seul homme.
Il
faut considérer si les témoins son oculaires ou non ; ce qu'ils ont
risqué pour ce faire croire ; quelle crainte ou quelles espérances ils
avaient en annonçant aux autres des faits dont ils se disaient témoins
oculaires : s'ils avaient exposé leur vie pour soutenir leur
déposition, il faut convenir qu'elle acquérerait une grande force ; que
serait-ce donc s'ils l'avaient sacrifié et perdu?
Il ne faut pas
non plus confondre les faits qui se sont passés à la face de tout un
peuple avec ceux qui n'ont eut pour spectateurs qu'un petit nombre de
personnes. Les faits clandestins, pour qu'ils soient merveilleux, ne
méritent presque pas d'être crus : les faits publics, contre lesquels
on n'a point réclamé dans le temps ou contre lesquels il n'y a eu de
réclamations que de la part de gens peu nombreux et mal intentionnés ou
mal instruits, ne peuvent presque pas être contredits.
Voilà une
partie des principes d'après lesquels on accordera ou l'on réfutera sa
croyance, si l'on ne veut pas donner dans des rêveries et si l'on aime
sincèrement la vérité.
Diderot.

INTRODUCTION

L'article "Agnus
Scythicus" est tout à fait représentatif de la manière de procéder de
Diderot dans l'encyclopédie. Un article assez anodin se révèle tout à
fait critique ou contestataire par sa tonalité ou son contenu. Ici,
l'efficacité vient conjointement du contenu, une véritable leçon de
méthode qui rappelle Bayle et Fontenelle et de la structure très
didactique. L'article est en effet conçu comme un ensemble de
recommandations méthodologiques posant les principes d'un raisonnement
simple et comme les étapes d'une recherche qui est celle de la vérité.
Une
1ère observation fait apparaître la reprise anaphorique de la formule
"il faut" (5 fois, plus une formule négative, "il ne faut pas") et une
division générale du texte en 7 paragraphes, le 1er étant nettement
plus long que les autres.

LECTURE

Une 1ère observation fait
apparaître la reprise anaphorique de la formule "il faut" (5 fois, plus
une formule négative, "il ne faut pas") et une division générale du
texte en 7 paragraphes, le 1er étant nettement plus long que les autres.

On pourra analyser successivement ces sept étapes.

I. 1RE ETAPE : ANNONCE DES OBJECTIFS

La première ligne précise
la nature de la déviation à partir de la notion qui donne son titre à
l'article ("cet article nous fournira des réflexions") : de l'étude
d'une plante, on passe à l'énoncé d'une réflexion.
Les objectifs
visés sont immédiatement précisés (contre la superstition et les
préjugés). Diderot décrit alors le processus qui fait qu'une opinion
est crue et admise (prise de position dans l'analyse d'un savant, puis
d'autres et encore d'autres sans objection ni remise en cause).
On
note la précision dans l'analyse du phénomène qui relève de la
psychologie et du respect du savoir ("gravité, persuasion, lumière,
probité, premier génie, poids d'autorité").
Le résultat conduit au
principe d'autorité dont Bayle avait déjà montré ("Pensées Diverses Sur
La Comète"), ainsi que Fontenelle ("La Dent d'Or"), qui le permettait
d'affirmer comme vrai des choses qui ne le sont pas.
A partir de
l'analyse de ce processus, Diderot apporte plusieurs éléments de
méthode pour lutter contre les préjugés et la superstition. Tous ces
éléments sont reconnaissables par leur commencement "il faut".

II. 2E ETAPE : PREMIERE CLASSIFICATION

Le 1er "il faut" présente la nécessité d'une première classification : "il faut distinguer les faits en deux classes".
Le
critère de classification est le caractère ordinaire ou extraordinaire
de ces faits. La classification à pour objectif d'établir comment ces
faits peuvent être considérés comme réels et authentiques.
Si l'on
peut accepter, pour prouver l'authenticité des premiers, des
témoignages dignes de foi, l'authenticité des seconds nécessite pour
être accepter des témoignages de beaucoup plus de poids.
La synthèse
du principe est donné en fin de paragraphe sous la forme d'une
comparaison avec une progression inversement proportionnelle ("en
raison inverse").

III. 3E ETAPE : DEUXIEME CLASSIFICATION

La 2ème classification est présentée comme un impératif ("il faut subdiviser").
Elle
n'est pas une classification à l'intérieur de la 1ère : elle repose sur
des critères différents. Il s'agit ici de la durée des faits
("transitoires permanents" [l.19-20]).
Diderot définit les faits en
2 formules parallèles. La distinction a pour objectif de faire
remarquer que l'authenticité des premiers est plus difficile à prouver
que celle des seconds (qui durent), et donc doit rendre plus attentifs
et plus méfiants celui qui en prend connaissance et les étudie.

IV. 4E ETAPE : TROISIEME CLASSIFICATION

Cette nouvelle
classification est encore présentée comme une nécessité (récurrence de
"il faut") et établit 2 subdivisions dont les critères sont
respectivement le temps et le lieu ("siècle éclairé" = "temps de
ténèbres et d'ignorance").
Cette division nouvelle qui n'est pas
explicitée, est une manière d'insister sur la facilité ou la difficulté
de percevoir la vérité des faits envisagés.

V. 5E ETAPE : ANALYSE DES TEMOIGNAGES

Ce nouvel impératif ("il
faut considérer") souligne par le verbe choisi ("considérer") une
démarche différente. Une fois établie les différentes classification
des faits, ce sont les témoignages relatifs à ces faits qu'il faut
soumettre aux cribles de la raison, de la logique et de l'esprit
d'examen.
L'examen des témoignages a 2 objectifs : démasquer les
contradictions ("s'il n'implique aucune contradiction) et vérifier la
nature des sources ("gens éclairés et instruits").
La comparaison
("les comparer entre eux") a pour finalité de vérifier que les
témoignages n'émanent pas d'une seule source reprise par d'autres et
qu'il viennent bien de différents savants ayant réfléchis
indépendamment les uns des autres. Mieux encore, ce qui montre la
méfiance extrême de l'homme de science devant les témoignages apportés,
il convient de vérifier qu'il y a bien une source et s'il ne s'agit pas
d'une rumeur sans fondement.

VI. 6E ETAPE : EXAMEN DES MOTIVATIONS DES TEMOINS

L'esprit d'examen pousse
encore plus loin ses investigations en envisageant les motivations des
témoins et leur nature. La nature est donnée par le mot "oculaire"
[l.36], les motivations se révèlent dans les cas cités ("ce qu'ils ont
risqué [l.36], "crainte, espérance" [l.37] : il est certain en effet
que risquer sa vie pour un témoignage confère à celui-ci une valeur
inestimable.

VII. 7E ETAPE : EXAMEN DES CONDITIONS D'EXISTENCE DES FAITS

Le dernier impératif est
formulé de manière négative ("il ne faut pas non plus" [l.42]), ce qui
correspond à la nécessité de faire une distinction supplémentaire.
Ce
qui est envisagé ici est le cadre dans lequel ce sont produits les
faits (de manière publique ou quasi clandestine). Le caractère
clandestin de certains faits les rends douteux ; le caractère public
des autres leurs confèrent une certaine authenticité.

CONCLUSION

Les dernières lignes
concluent en soulignant l'importance des principes, à partir desquels
peut se former une croyance avec des chances de conduire à la vérité et
non à l'erreur et aux préjugés. Les différents points abordés par
Diderot correspondent aux étapes d'une démarche de classification,
d'observation et d'analyse qui doit permettre, devant des faits de
conclure à leur authenticité et de détruire ainsi tout ce qui relève du
préjugé, de la superstition, de la croyance erronée et sans fondements.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !