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C'est parti

L'extrait commenté

Pour montrer qu’il n’avait pas peur, Chantecler se mit à chanter.
— Oui, c’est assez bien chanté, dit Renart. Est-ce que vous vous souvenez de votre père Chanteclin ? Ah ! c’est lui qu’il fallait entendre ! Jamais personne ne fera aussi bien. Il avait la voix si forte, si claire, qu’on l’écoutait à une lieue aux alentours, je m’en souviens bien. Et pour chanter encore mieux, il lui suffisait d’ouvrir la bouche et de fermer les yeux.
—  Mon cousin, répond alors Chantecler, vous vous moquez de moi…
— Moi, me moquer d’un ami, d’un aussi proche parent ? Ah ! Chantecler, vous ne pensez pas ce que vous dites. Mais en vérité j’adore la bonne musique, et je m’y connais. Vous chanteriez bien si vous vouliez ; fermez un peu les yeux et commencez un de vos airs.
— Mais d’abord, dit Chantecler, est-ce que je peux vous faire confiance ? Écartez-vous un peu, si vous voulez que je chante. Vous apprécierez mieux la qualité de ma voix en vous plaçant un peu plus loin.
— D’accord, dit Renart en reculant un tout petit peu. Voyons donc si vous êtes bien le fils de mon cher oncle Chanteclin.
Le coq, un œil ouvert et l’autre fermé, toujours un peu sur ses gardes, commence un grand air.
— Franchement, dit Renart, ce n’est pas extraordinaire. Chanteclin, lui, ah ! c’était quelque chose ! Dès qu’il avait fermé les yeux, on l’entendait bien au-delà du bois. Franchement, mon pauvre ami, vous êtes loin de faire aussi bien.
Ces mots vexèrent tellement Chantecler qu’il en oublia tout. Il ferma les yeux, et lança une note qu’il fit durer le plus possible. L’autre, voyant le moment venu, s’élance comme une flèche, l’attrape par le cou et s’enfuit avec sa proie.
Le Roman de Renart, traduction d'A. Strubel, éditions Gallimard, 1998
Quels sont les procédés stylistiques de la langue ?
Maître Renard est une personnification de la ruse sous les traits d'un animal anthropomorphe !

Méthode du commentaire composé

On rappellera ici la méthode du commentaire composé vu en cours francais :

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le texte dans le roman
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation du passage dans l'œuvre (début ? Milieu ? Fin ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement - Expliquer le texte le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit impérativement contenir des deux
- Suivre le déroulement du texte, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec une autre œuvre ? Événement historique ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit normalement pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

Le commentaire composé de l'extrait

Introduction

Le Roman de Renart est le titre des éditions modernes d'un ensemble médiéval de récits animaliersRoman de Renart, qui fut écrit en ancien et en vers octosyllabiques à rimes plates. Ce sont à l'origine des récits disparates (appelés branches), rédigés par différents auteurs tout au long du Moyen-Âge.

Ces récits racontent les tours et les astuces du renard s'appelant... Renart ! Il réalise des tours aux dépens des autres animaux du royaume. Ces animaux sont présentés avec des caractéristiques anthropomorphiques, tout en vivant au contact de l'homme.

L'extrait qui nous occupe est la branche appelée « Renart et Chantecler », qui raconte une scène entre Renart et un coq. Le renard veut manger l'oiseau, et tente pour cela de tromper sa vigilance.

Annonce de la problématique

En quoi la scène entre Renart et Chantecler a-t-elle une visée morale ?

Annonce des axes

Dans un premier temps, nous verrons ce que cet extrait a en commun avec le genre de la fable. Dans un second temps, nous analyserons les deux personnages pour en déduire la portée de la morale.

Développement

Des airs de fable

Cette petite scène a des airs de fable, notamment parce qu'elle montre deux animaux qui agissent comme des hommes, mais aussi pour la manière dont se développe l'histoire.

Deux anthropomorphismes

Renart et Chanteclerc sont deux animaux qui parlent. Ils sont donc représentés comme des hommes : c’est ce qu’on appelle l’anthropomorphisme.

C’est un procédé très utilisé par les fabulistes, déjà au temps des latins, avec Ésope, puis plus tard avec Jean de la Fontaine (XVIIIème siècle).

Ces anthropomorphismes viennent représenter des types particuliers : Chantecler est un coq, il représente donc un chanteur, un homme fier à la voix unique, comme vient encore le confirmer son propre nom (« Chante clair »). Renart, quant à lui, est un renard, et il est donc … rusé : il tente de tromper le coq pour le manger.

Ces animaux, de fait, agissent comme des hommes :

  • ils parlent, nous l’avons dit (voir les marques typologiques, avec les tirets et les guillemets)
  • ils se vouvoient (« vous vous souvenez », « vous vous moquez », etc.),
  • ils ont des parentés humaines : Chantecler et Renart sont « cousins » (ce qui est en outre impossible pour un renard et un coq !)
  • ils ont des sentiments que nous, les Hommes, connaissons bien : le coq, par exemple, se méfie de Renart (« Le coq […] toujours un peu sur ses gardes ») et, enfin, il est vexé (Ces mots vexèrent tellement Chanteclerc […])

Comme dans une fable, il y a donc deux animaux qui agissent comme des Hommes : il s’agit d’archétypes, destinés à illustrer une leçon…

Qu'est-ce qu'une fable ?
Une illustration de la fable « Le corbeau et le renard », dont l'histoire rappelle celle de Chantecler !
Une dynamique fabulaire (= qui relève de la fable)

Mais ce court récit, outre ses personnages, fait voir d’autres caractéristiques dignes de la fable.

Le ton est léger, presque enfantin. On remarque ainsi l’utilisation d’un vocabulaire simple et de phrases courtes : « Pour montrer qu’il n’avait pas peur, Chantecler se mit à chanter. ».

Le récit est conduit au présent (« se mit à chanter », « dit Renart », « répond », etc.), ce qui lui confère une intemporalité qui actualise toujours la vérité du récit.

Enfin, la scène se finit par la victoire du renard, qui réussit à manger le coq (« L’autre, voyant le moment venu, s’élance comme une flèche, l’attrape par le cou et s’enfuit avec sa proie. »). C’est donc que le coq s’est finalement laissé prendre, malgré ses précautions d’origine (« Mais d’abord, dit Chantecler, est-ce que je peux vous faire confiance ? », « Le coq […] toujours un peu sur ses gardes »).

Telle la fable, par exemple, « Le Corbeau et le Renard », il semble y avoir un perdant et un gagnant, dans cette histoire. Elle a donc un aspect moralisant qui veut mettre en garde celui qui la lit ou qui l’entend, et qui doit parvenir à identifier correctement les archétypes qu’elle met en jeu.

Transition

Grâce à la confrontation entre Chantecler et Renart, le lecteur peut tirer une leçon pour lui-même.

La bonne leçon du Renart

Renart donne une bonne leçon à Chantecler, et de quelle manière ! Pour avoir faire preuve d’une fierté mal placée, le coq passe à la casserole… Mais il faut aussi louer le maître-manipulateur qu’est Renart.

La fierté de Chantecler

Chantecler, tel un coq, se montre très fier. C’est ce sur quoi Renart joue pour arriver à ses fins.

Quels sont les animaux fantastiques présents dans Azur et Asmar ?
Marc Chagall, Le Coq Bleu, 1958-1959

Cette fierté se mesure à l’aune de différents moments :

  • Dès le début de l’extrait, Chantecler veut « montrer qu’il n’[a] pas peur », ce qui est le signe de son orgueil : il veut montrer qu’il est courageux, quand bien même il se sait en danger
  • Il pense savoir le plan du Renart et en tire une confiance malvenue, comme le prouve sa deuxième réplique : « est-ce que je peux vous faire confiance », « écartez-vous un peu ». Cela témoigne du fait qu’il croit pouvoir tromper le trompeur. Là encore, c’est son orgueil qui le fait agir.
  • Le verbe « vexèrent », enfin, achève de présenter l’archétype Chantecler : il est touché dans son orgueil, et veut prouver à Renart qu’il est aussi grand que Chanteclin, son père. Sa fierté lui fait oublier tout danger : « il en oublia tout »

Chantecler perd donc la vie, pour avoir voulu prouver qu’il était à la hauteur des attentes.

Mais c’est aussi que Renart a bien joué son coup.

Renart, le manipulateur

Car si la fierté de Chantecler est en cause, la ruse de Renart a su en profiter au maximum.

Le goupil vient voir son « cousin » avec une idée en tête, et un plan bien précis : tromper l’attention du coq pour pouvoir lui sauter à la gorge.

Pour cela, il lui demande de chanter, et veut lui faire fermer les yeux. Où l’on voit que Renart est un as dans la manipulation, c’est que c’est lui qui parle le plus (quatre répliques dans l’extrait, quand le coq n’en a que deux).

Il use en outre de différents procédés rhétoriques :

  • La flatterie : « Oui, c’est assez bien chanté »
  • Le lyrisme (il surjoue ses sentiments) : « Ah ! c’est lui qu’il fallait entendre. » ; « Chanteclin, lui, ah ! c’était quelque chose ! », avec ici en outre l’insistance via le pronom personnel « lui »
  • Les superlatifs : « Il avait la voix si forte, si claire, qu’on l’écoutait à une lieue aux alentours, je m’en souviens bien. » ; « Dès qu’il avait fermé les yeux, on l’entendait bien au-delà du bois. »
  • La feinte : « Moi, me moquer d’un ami, d’un aussi proche parent ? »

Ces procédés réthoriques ne sont pas sans ajouter une certaine touche d’humour à la scène : on imagine le renard surjouer chacune de ses paroles, très confiant dans son plan.

Quel est l'intérêt des ruses de Maître Renart ?
Blue black fox, Franz Marc (1911)

Jamais il ne doute de sa réussite à venir, et pousse toujours un peu plus le coq à se perdre, comme en témoigne l’impératif (qui met la pression sur son interlocuteur) : « Voyons donc si vous êtes bien le fils de mon cher oncle Chanteclin. »

Enfin, dans sa dernière réplique, le renard porte son dernier coup, en troquant la flatterie pour le mépris : on remarque notamment la répétition du « Franchement », outre le superlatif : « vous êtes loin de faire aussi bien. »

C’est d’ailleurs cette dernière réplique qui lui offre ce qu’il est venu chercher, puisque en disant ces mots, il « vexe » le coq.

Conclusion

Dans cet extrait du Roman de Renart se trouvent des procédés que l'on relit chez Jean de la Fontaine notamment. À travers le rire et les symboles, le récit se moque des travers de certains Hommes.

L'histoire vient donc mettre en garde ses lecteurs : il s'agit de ne point être aveuglé par sa fierté, parce qu'on pourrait y perdre la vie !

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.