Devant l'échec du Ier corps de D'Erlon, il devient évident à Ney d'emporter la Haie Sainte, ce rempart sur lequel s'appuie le centre anglais.

Vers 15 heures, sous le bruit du bombardement de la Grande Batterie qui a repris son office, les fantassins de la brigade Quiot renouvellent leurs assauts contre le bastion, provoquant un incendie dans l'étable.

Les boulets roulent dans les lignes anglaises alentours, mutilant les soldats ou semant la mort.
Wellington fait replier ses hommes du front central pour leur éviter de subir cette canonnade, extrêmement violente au dire de certains de ses officiers. Il est vrai que les Britanniques n'ont pas connu les feux d'enfer des grandes batailles tels que ceux de la Moskova, de Leipzig ou de Wagram.

Ney assiste à ce mouvement rétrograde que le départ des fuyards mêlés aux prisonniers accentue. Aveuglé par la fumée ambiante, le maréchal y voit une retraite générale de l'ennemi.

Il commet alors l'erreur historique d'engager la cavalerie française pour parachever la déroute adverse qui n'en est pas une !

Le maréchal conduit en personne les charges françaises
 
Pour cela, Ney va chercher les régiments de cuirassiers, ces formidables cavaliers sélectionnés pour leur très grandes tailles, bardés de cuirasses et montés sur des chevaux plus robustes que les autres corps. 3 000 chevaux, soit l'ensemble du IVème corps de cavalerie lourde de Milhaud, participe à cette action.


Quand Ney s'élance à leur tête, il est bientôt suivi de Lefebvre-Desnoëttes, officier commandant la cavalerie légère de la Garde impériale. Sa division comporte 2 000 cavaliers, répartis en deux brigades, les Chasseurs à cheval du Général Lallemand d'une part, et les Lanciers rouges du
Général Colbert-Chabanais, d'autre part.

C'est maintenant une masse de 5 000 sabres qui va s'abattre sur l'infanterie anglaise.

A 15 heures 30, la cavalerie napoléonienne attaque courageusement l'infanterie anglaise, formée en carrés pour répondre à la charge. Le sol à demi-boueux ralentie la progression des chevaux ce qui permet aux batteries ennemies de tirer à mitraille. Quand la vague impériale submerge les pièces d'artillerie, elle ne trouve pas les servants, partis à l'abri des carrés.

Les cuirassiers s'écrasent alors sur les haies de baïonnettes anglaises, perchées sur la crête du Mont Saint Jean. Pendant ce temps, personne du côté français ne songe à emmener les canons abandonnés, ni à enclouer les pièces sur place !

Certains lanciers parviennent à piquer les soldats au sol, d'autres à entrer dans les carrés mais les hommes de Wellington tiennent le choc. Le duc fait tirer sur les chevaux pour désarçonner les cavaliers, les rendant ainsi impuissants.

Lord Uxbridge demande à la cavalerie Hollando-belge de Ghigny et de Van Merlen de contre-charger ainsi qu'à celle de Doernberg, d'Aerenschildt, de Brunswick. La mêlée est alors confuse, gigantesque sur le plateau étouffant de chaleur et de fumée.

Les escadrons français poursuivent leur effort, ils reviennent tant bien que mal sur leurs positions de départ pour se reformer et repartent vaillamment dans la fournaise.

Le spectacle de ces charges effroyables évoque celles du passé, celles menées par la chevalerie française, grandiose, pesante mais à Waterloo, un tel mouvement est insensé.

En effet, il est inconcevable d'attaquer de l'infanterie bien rangée et non entamée, qui plus est, sans soutien d'artillerie ou de fantassins. En effet, la puissance des feux de files provenant des carrés est largement supérieure à celle des pistolets et des carabines de la cavalerie.

Ney qui a plusieurs chevaux tués sous lui persiste dans ses charges alors qu'il sait son erreur.

Il exige du soutien qu'il puise dans les troupes à cheval de Kellermann, il va jusqu'à entraîner la cavalerie lourde de la vielle garde, les fameux Grenadiers à Cheval accompagnés des Dragons de l'Impératrice aux ordres de Guyot. Au total, près de 10000 cavaliers français seront impliqués dans cette charge folle.


La cavalerie napoléonienne entre héroïquement dans l'Histoire en chargeant une dizaine de fois et en s'emparant de plusieurs drapeaux.

Les carrés anglais, sur quatre rangs au début, deviennent parfois des triangles avec un "hôpital" à l'intérieur. Certains s'abritent derrière des remparts de fortune, constitués de cadavres de bêtes et d'hommes empilés dans la mort. D'autres sont disloqués comme celui du 69ème.
Wellington écrira de Bruxelles : " c'est l'affaire la plus désespérée où je me suis trouvé. Je n'ai jamais pris tant de peine pour une bataille ; je n'ai jamais été si près d'être battu ! "

Du côté français l'hécatombe n'est pas moins importante. La plupart des officiers et soldats sont tombés, l'armée impériale n'a plus de réserve de cavalerie.

Chateaubriand (dans ses Mémoires d'Outre-Tombe) déclara : " les Anglais furent redevables du succès aux Irlandais et à la brigade des montagnards écossais que les charges de notre cavalerie ne purent rompre."

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !