Chapitres
Question de corpus
Les quatre textes de notre corpus fonctionnent deux par deux. Le texte B est une réécriture du texte A et le texte D une réécriture du texte C.
Les deux premiers sont rédigés par le même auteur à quelques années d’intervalle. Il y est question d’une rencontre entre un jeune homme et une femme, plus âgée. Le narrateur de Mémoires d’un fou est un narrateur interne. On suppose même qu’il s’agit d’un texte autobiographique. Le « je » utilisé dans le texte A n’est pas maintenu dans le texte B. Le personnage masculin se nomme Frédéric Moreau. Tous deux sont éblouis par le personnage féminin, plus âgé. Cette femme est brune et les narrateurs en font une description physique assez fine. Nénamoins, le lecteur sent une maturité dans le texte B qui n’est qu’ébauchée dns le premier texte. En effet, l’aspect charnel de cette vision transparaît davantage dans les mots de L’Education sentimentale : « le désir d’une possession physique » atteste cette préoccupation. La rencontre se fait dans les deux occurrences autour d’un vêtement chu. Le personnage masculin entre en contact avec la femme pour avoir ramassé ou déplacé l’objet. Enfin , on peut noter la présence de la mer, chère à Flaubert, dans les deux extraits.
Les deux autres textes évoquent des retrouvailles inattendues après une longue séparation. Madame Arnoux refait son apparition dans la vie Frédéric Moreau, personnage principal de L’Education sentimentale (seconde version). Quant au texte d’Aragon, extrait de Blanche ou l’oubli, il s’agit d’un homme nommé Geoffroy Gaiffier qui voit réapparaître sa femme Blanche, qui l’avait quitté depuis longtemps. Les deux femmes sont à l’origine de ces retrouvailles. Toutes deux affirment avoir été marquées par la relation entretenue autrefois . Mais ces retrouvailles ne sont pas heureuses pour autant. Elles sonnent comme un adieu, une vraie rupture. Par ailleurs, les deux femmes ont vieilli et l’homme qui leur fait face se voit contraint de le constater. Une scène marquante leur est également commune : les femmes se coupent une mèche de cheveux et le geste de Blanche évoque immédiatement chez Geoffroy le texte de Flaubert. Cette mise en abîme, explicite puisque des passages de L’Education sentimentale sont cités en italique, reflétant ainsi la pensée du narrateur, confirme la réécriture. Le narrateur du texte d’Aragon ne joue pourtant pas le jeu de Frédéric Moreau et laisse partir Blanche sans la regarder.
Tels sont les principaux éléments qui confirment le fait que ces deux textes sont des réécritures.
Dissertation : selon vous, réécrire, est-ce chercher à dépasser son modèle ?
Des idées à organiser comme bon vous semble :
- Le modèle dont s’inspire une réécriture est souvent indépassable : c’est un idéal que l’on cherche à atteindre
- Réécrire, c’est s’inspirer
- Réécrire, c’est un travail à part entière : on est loin du plagiat
- Réécrire, c’est aussi faire autre : changement de genre, changement de point de vue, d’intrigue…
- Les réécritures ont un sens et un intérêt à part entière
- Réécrire c’est aussi l’occasion pour un auteur de se surpasser.
Des exemples de réécritures :
Anouilh, Fables
Nombreuses réécritures de la pièce de Sophocle : Antigone (Garnier, Brecht, Anouilh…)
Cocteau, La machine infernale (revistatiobn dela pièce antique Œdipe)
Commentaire de texe: Aragon, Blanche ou l'oubli
Vous le savez, il n'y a pas de plan type. Voici deux exemples de plan, le premier est classique, le second, peut-être plus audacieux.
Plan n°1:
I- Evocation d'un passé qui n'est plus: souvenir, deux personnages qui se sont connus et aimés, liens distendus, absence d'échange
II- Le renouveau de la relation: des personnages nouveaux dans la vie des protagonistes, vieillissement du personnage féminin, beauté redécouverte
III- Une scène de rupture: une réécriture avortée, un personnage qui se noie dans l'oubli
Plan n°2:
I- Le même: souvenirs, personnages identiques, la réécriture (Blanche= Madame Arnoux)
II- L'autre: une femme vieillie, un autre personnage masculin, un autre personnage féminin ( =les autres), le temps qui rend autre
III- L'impossible communion: absence de réélle communication: l'autre et le même semblent inconciliables, une réécriture avortée, une vraie rupture.
Invention
Comme toujours, il faut tenir compte des consignes précises de ce sujet. Ce sont elles qui posent le contexte et les conditions de réalisation. C'est ce cadre qui vous rapporte le plus de points. Compte aussi votre génie, bien sûr.
Ici, il fallait se replacer dans le contexte du texte C (seconde version de l'Education sentimentale). Le narrateur était Frédéric. Il devait livrer ses pensées et ses sentiments sur cette femme retrouvée dans un monologue intérieur. texte à rédiger à P1. Développer les pensées (souvenirs, images...) et les sentiments (honte, colère, amour) en s'appuyant sur les émotions et les sensations supposées du personnage qui voit réapparaître dans sa vie une femme qu'il a adorée mais qui a vieilli.
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Bonjour,
Ma question prend 3 pages en écrivant environ 8 mots par lignes et en sautant des lignes… Est-ce pénalisant, par rapport à la consigne qui était de s’en tenir à l’essentiel? J’ai un peu plus détaillé les points communs (en citant le texte) que dans le corrigé…
Par ailleurs, j’ai choisi de faire le sujet d’invention. J’ai eu du mal à comprendre ce qu’impliquait l’expression “monologue intérieur” de l’énoncé : devait-on simplement réécrire le texte à la première personne en développant plus les sentiments et pensées du personnage ou bien écrire seulement les réflexions qu’il se faisait sans description des actions (du genre “J’ouvre la porte” etc)? De plus, une amie l’a écrit au passé et moi au présent… Quel temps était attendu?
Enfin, j’ai conclu dans ma réécriture (qui ne m’a pris que 3 pages, autant que la question…) que Frédéric ne voulait garder que les bons souvenirs avec Mme Arnoux et refusait de se rappeler d’elle comme elle lui était à leur dernière rencontre, où il s’était rendu compte qu’ils avaient vieilli tous les deux, que leur différence d’âge était réellement importante et qu’ils ne seraient jamais plus comme avant, en tant que personnes et en tant que couple (j’ai insisté sur ce point) . Symboliquement, il ne gardait qu’un cheveu de la mèche qu’elle lui avait offert, le seul resté noir (bon, c’est une issue un peu facile mais cela me permettait de faire quelque chose de cette mèche de cheveux).
Dans l’ensemble, j’ai trouvé ce sujet plutôt facile [i]en théorie[/i] : la difficulté résidait peut-être dans l’apparente liberté de l’invention… C’est d’ailleurs pour cette raison que je me suis posée toutes ces questions!
Merci d’avance pour votre réponse.