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C'est parti

Extrait

[ À propos du Misanthrope de Molière... ]

Je trouve que cette Comédie nous découvre mieux qu'aucune autre la véritable vue dans laquelle Molière à composé son Théâtre; et nous peut mieux faire juger de ses vrais effets. Ayant à plaire au Public, il a consulté le goût le plus général de ceux qui le composent: sur ce goût il s'est forme un modèle, et sur ce modèle un tableau des défauts contraires, dans lequel il a pris ces caractères comiques, et dont il a distribué les divers traits dans ses Pièces. Il n'a donc point prétendu former un honnête-homme, mais un homme du monde; par conséquent, il n'a point voulu corriger les vices, mais les ridicules; et, comme j'ai déjà dit, il a trouvé, dans le vice même un instrument très-propre à y réussir. Ainsi voulant exposer à la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l'homme aimable, de l'homme de Société, après avoir joue tant d'autres ridicules, il lui restoit à jouer celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu: ce qu'il a fait dans le Misanthrope.

Vous ne sauriez me nier deux choses: l'une, qu'Alceste dans cette Pièce est un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien; l'autre, que l'Auteur lui donne un personnage ridicule. C'en est assez, ce me semble, pour rendre Molière inexcusable. On pourroit dire qu'il a joué dans Alceste, non la vertu, mais un véritable défaut, qui est la haine des hommes. À celà je réponds qu'il n'est pas vrai qu'il ait donne cette haine à son personnage: il ne faut pas que ce nom de Misanthrope en impose, comme si celui qui le porte étoit ennemi du genre-humain. Une pareille haine ne seroit pas un défaut, mais une dépravation de la Nature et le plus grand de tous les vices. Le vrai Misanthrope est un monstre. S'il pouvoit exister, il ne feroit pas rire, il seroit horreur. [...]

Qu'est-ce donc que le Misanthrope de Molière? Un homme de bien qui déteste les moeurs de son siècle et la méchanceté de ses Contemporains; qui, précisément parce qu'il aime ses semblables, hait en eux les maux qu'ils se sont réciproquement et les vices dont ces maux sont l'ouvrage. [...]

Ce n'est donc pas des hommes qu'il se dit ennemi, mais de la méchanceté des uns et du support que cette méchanceté trouve dans les autres. S'il n'y avoit ni fripons, ni flatteurs, il aimeroit tout le genre-humain. Il n'y a pas un homme de bien qui ne soit Misanthrope en ce sens; ou plutôt, les vrais Misanthropes sont fort ceux qui ne pensent pas ainsi: car au fond, je ne connois point de plus grand ennemi des hommes que l'ami de tout le monde, qui, toujours charmé de tout, encourage incessamment les méchants, et flatte par sa coupable complaisance les vices d'où naissent tous les désordres de la Société. [...]

Cependant ce caractère si vertueux est présenté comme ridicule; il l'est, en effet, à certains égards, et ce qui démontre que l'intention du Poète est bien de le rendre tel, c'est celui de l'ami Philinte qu'il met en opposition avec le sien . Ce Philinte est le Sage de la Pièce ; un de ces honnêtes gens du grand monde, dont les maximes ressemblent beaucoup à celles des fripons; de ces gens si doux, si modérés, qui trouvent toujours que tout va bien, parce qu'ils ont intérêt que rien n'aille mieux; qui sont toujours contents de tout le monde, parce qu'ils ne se soucient de personne; qui, autour d'une bonne table, soutiennent qu'il n'est pas vrai que le peuple ait faim ; qui, le gousset bien garni, trouvent fort mauvais qu'on déclame en faveur des pauvres ; qui, de leur maison bien fermée, verroient voler, piller, égorger, massacrer tout le genre-humain sans se plaindre: attendu que Dieu les à doués d'une douceur très-méritoire à supporter les malheurs d'autrui.

Commentaire

Ce texte un écrit argumentatif, une lettre dans laquelle Rousseau condamne les spectacles. D'après lui, ils nuisent aux bonnes mœurs et à  l'instruction du public. Dans le cas des comédies, c'est parce que d'après lui, l'auteur cherche avant tout à plaire au public, à flatter ses goûts, or c'est incompatible avec une visée correctrice. Rousseau propose une analyse du Misanthrope qui constitue une interprétation de la pièce, néanmoins orientée puisqu'elle est sensée illustrer sa thèse.

Pour lui, la pièce reflète le goût dominant du public auquel Molière se conforme. Dans ce contexte, le rôle comique correspond au contre-modèle, le modèle étant l'homme du monde que Rousseau distingue de l’honnête homme. D'après lui, Molière joue le ridicule de la vertu.  Il schématise le personnage et nie tout sa complexité. Il distingue deux aspects : Alceste homme de bien et le fait qu'il soit rendu ridicule par Molière. On peut contester cette distinction : Si Alceste est ridicule, c'est peut-être parce qu'il joue l'homme de bien. Rousseau ne retient que ses qualité, il passe sous silence son ego, sa volonté de se singulariser. il élude la contradiction principale du personnage en n'évoquant pas ses sentiments pour Célimène. Il opère un retournement des valeurs : il dit que Philinte est le vrai misanthrope, car par son attitude il encouragerait les vices de la société. Rousseau projette sur Philinte un type d'homme de son époque : insensible à l'injustice, égoïste, jouissant sans scrupule de ses privilèges.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !