Les meilleurs professeurs de Français disponibles
Cristèle
4.9
4.9 (85 avis)
Cristèle
100€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Sophie
4.9
4.9 (33 avis)
Sophie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Adélie
5
5 (65 avis)
Adélie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julie
5
5 (97 avis)
Julie
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Albane
5
5 (147 avis)
Albane
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Jules
5
5 (35 avis)
Jules
70€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Konan pacome
5
5 (49 avis)
Konan pacome
35€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julia
5
5 (46 avis)
Julia
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Cristèle
4.9
4.9 (85 avis)
Cristèle
100€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Sophie
4.9
4.9 (33 avis)
Sophie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Adélie
5
5 (65 avis)
Adélie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julie
5
5 (97 avis)
Julie
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Albane
5
5 (147 avis)
Albane
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Jules
5
5 (35 avis)
Jules
70€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Konan pacome
5
5 (49 avis)
Konan pacome
35€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julia
5
5 (46 avis)
Julia
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
C'est parti

L’extrait commenté

« Quelle est donc, camarades, la nature de notre existence ? Regardons les choses en face : nous avons une vie de labeur, une vie de misère, une vie trop brève. Une fois au monde, il nous est tout juste donné de quoi survivre, et ceux d’entre nous qui ont la force voulue sont astreints au travail jusqu’à ce qu’ils rendent l’âme. Et dans l’instant que nous cessons d’être utiles, voici qu’on nous égorge avec une cruauté inqualifiable. Passée notre première année sur cette terre, il n’y a pas un seul animal qui entrevoie ce que signifient des mots comme loisir ou bonheur. Et quand le malheur l’accable, ou la servitude, pas un animal qui soit libre. Telle est la simple vérité.

« Et doit-il en être tout uniment ainsi par un décret de la nature ? Notre pays est-il donc si pauvre qu’il ne puisse procurer à ceux qui l’habitent une vie digne et décente? Non, camarades, mille fois non ! Fertile est le sol de l’Angleterre et propice son climat. Il est possible de nourrir dans l’abondance un nombre d’animaux bien plus considérable que ceux qui vivent ici. Cette ferme à elle seule pourra pourvoir aux besoins d’une douzaine de chevaux, d’une vingtaine de vaches, de centaine de moutons – tous vivant dans l’aisance une vie honorable. Le hic, c’est que nous avons le plus grand mal à imaginer chose pareille. Mais puisque telle est la triste réalité, pourquoi en sommes-nous toujours à végéter dans un état pitoyable ? Parce que tout le produit de notre travail, ou presque, est volé par les humains. Camarades, là se trouve la réponse à nos problèmes. Tout tient en un mot : l’Homme. Car l’Homme est notre seul véritable ennemi. Qu’on le supprime, et voici extirpée la racine du mal. Plus à trimer sans relâche ! Plus de meurt-la- faim ! »

La Ferme des animaux, Georges Orwell,  1945

Qui est l'auteur de La fable des animaux ?
Portrait photographique de Georges Orwell

Méthode du commentaire composé

On rappellera ici la méthode du commentaire composé vu en cours francais :

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le texte dans le roman
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation du passage dans l'œuvre (début ? Milieu ? Fin ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement - Expliquer le texte le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit impérativement contenir des deux
- Suivre le déroulement du texte, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec une autre œuvre ? Événement historique ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit normalement pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

Commentaire composé de l’extrait

Introduction

La ferme des animaux est un roman écrit par Georges Orwell et publié en 1945. Comme de nombreux autres ouvrages de son auteur, il s’agit d’un roman engagé. En effet, sous ses airs de fable animalière, La ferme des animaux raconte d’une autre manière la révolution bolchevik de 1917 et sa lente transformation en dictature stalinienne.

Le passage qui nous occupe ici se trouve dans le premier chapitre de ce court roman. Sage l’Ancien, un cochon respecté de tous, confie à l’assemblée des animaux la révélation qu’il a eue : les Hommes sont la cause de leur malheur parce qu’ils les exploitent pour leur seul profit. Bien que le vieux porc meure quelques jours après, ce discours est la source de tout ; à sa suite, les animaux se rebelleront face aux fermiers et prendront possession de la ferme. Mais quelques cochons détourneront le pouvoir à leur profit et deviendront en tout point semblables aux anciens exploiteurs…

Annonce de la problématique

Dès lors, comment Georges Orwell pastiche-t-il les discours révolutionnaires dans la diatribe de Sage l’Ancien ?

Annonce du plan

Nous dirons dans un premier temps en quoi ce discours est un discours argumentatif. Nous montrerons ensuite que ce discours est un appel aux passions de son auditoire, pour provoquer chez celui-ci une réaction violente et révolutionnaire.

Quelle est la morale de la ferme des animaux ?
Max Liebermann - Schweinekoben, Wochenstube, 1887

Développement

Un discours argumentatif

Orwell pastiche les meilleurs orateurs politiques de son siècle en développant un discours du mode argumentatif. Deux dimensions sont notables : le fait que Sage l’Ancien interpelle et intègre son auditoire, et l’identification logique d’un ennemi.

La convocation de son auditoire

L’extrait commenté commence par la fameuse expression « Camarades » : c’est là une reprise du terme cher au bolcheviks de la révolution de 1917. Par là, l’auteur annonce manifestement son intention de pasticher et de caricaturer certains événements de son temps. On peut noter qu’une autre expression marque cette volonté : « le produit de notre travail » est une formule directement extraite du Capital de Karl Marx, philosophe dont se réclament les communistes soviétiques.

Le cochon parle donc comme les leaders populistes :

  • il utilise notamment le pronom personnel « nous » pour créer une conscience collective et une situation commune. Ainsi, par exemple : « nous avons une vie de labeur, une vie de misère, une vie trop brève. » - mais les exemples sont très nombreux.
  • Il utilise un impératif : « regardons les choses en face »
  • Il utilise des exclamations qui veulent exhorter les cœurs : « Non camarades, mille fois non ! », « Plus à trimer sans relâche ! », « Plus de meurt-la-fin ! »
  • Il pose des questions rhétoriques, c’est-à-dire des questions dont les réponses sont évidentes, ou des réponses ne servant qu’à exposer sa propre pensée : « Et doit-il en être tout uniment ainsi par un décret de la nature ? Notre pays est-il donc si pauvre qu’il ne puisse procurer à ceux qui l’habitent une vie digne et décente? Non, camarades, mille fois non ! »

Transition

Ces techniques sont des manières d’argumenter bien connues. Mais ce discours a aussi une logique manifeste, qui veut convaincre que le « nous » a un ennemi commun : l’Homme.

L’identification d’un ennemi

L’identification d’un ennemi a toujours servi aux dictatures (les juifs pour les nazis, la bourgeoisie pour les staliniens, …) : avec un ennemi en commun, le « nous » devient plus soudé, sans compter que l’existence de cet ennemi justifie toutes les restrictions.

Ainsi, le discours de Sage l’Ancien est tout entier construit vers la nomination de cet ennemi. Il suit une logique qui aboutit à celui-ci et rend évident son propre contenu.

Le premier paragraphe se concentre ainsi sur la description de la vie du « nous » (c’est-à-dire des animaux), comme l’annonce la première question rhétorique :

  • « nous avons une vie de labeur »
  • « nous avons tout juste de quoi survivre »
  • « on nous égorge »
  • « pas un animal qui soit libre »

En outre, au sein de cette vie et de ce paragraphe, plane une entité coercitive et menaçante, mais pas encore nommée : « il nous est tout juste donné […] », « on nous égorge ». On notera également les formules passives comme « ceux d’entre nous qui ont la force voulue sont astreints au travail jusqu’à ce qu’ils rendent l’âme. »

Ce paragraphe se finit sur une formule péremptoire (c’est-à-dire très autoritaire) et tautologique (c’est-à-dire qui tire sa vérité d’elle-même) : « Telle est la simple vérité. », à savoir que les animaux ne sont pas libres.

Or, s’ils ne sont pas libres, c’est qu’ils sont aliénés par quelque chose, ou quelqu’un ; et c’est ce quelqu’un que le paragraphe suivant va nommer.

Car Sage l’Ancien développe ensuite une description antithétique à la première : là où les animaux étaient tristes et laborieux, la terre sur laquelle ils vivent est fertile et heureuse. La cause, le cochon la nomme dans une phrase qui commence par un conjonction causale : « Parce que tout le produit de notre travail, ou presque, est volé par les humains. »

Il insiste ensuite en répétant le mot Homme : « Tout tient en un mot : l’Homme. Car l’Homme est notre seul véritable ennemi. »

Finalement, tout le discours du porc tient lui-même en ce mot : l’Homme. C’est lui l’ennemi du genre animal.

Transition

Car au-delà des aspects purement argumentatifs, Sage l’Ancien utilise un moyen bien connu de la rhétorique (c’est-à-dire l’art de bien parler) : il sollicite les passions de son auditoire, pour mieux chauffer sa haine et ses désirs de révolte.

Que raconte la ferme des animaux ?
Le drapeau de la « ferme des animaux » tel qu'il est décrit par Georges Orwell (crédits : RootOfAllLight, Wikipédia Commons, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Animal_Farm_Flag.svg)

Une sollicitation passionnée

Cette sollicitation tient en deux points : Sage l’Ancien expose aux animaux la réalité de leur misère, puis les incite (plus subtilement) à se rebeller.

Une vie de misère

Pour Sage l’Ancien, la vie des animaux est littéralement miséreuse. On trouve dans son discours, et notamment dans le première partie qui décrit cette vie, une abondance de termes appartenant au champ lexical de la misère : « labeur », « misère », « brève », « survie », « travail », « cruauté », …

On notera aussi une tendance (plutôt logique dans une optique d’argumentation passionnée) à noircir le tableau, comme le suggère cette formule : « Regardons les choses en face : nous avons une vie de labeur, une vie de misère, une vie trop brève. » Par l’impératif et par le rythme ternaire (en trois temps), la vie des animaux semble réellement sans joie et sans issue.

Car Sage l’Ancien ne lésine pas sur les formules emphatiques (c’est-à-dire les formules qui exagèrent) : « il nous est tout juste donné », « cruauté inqualifiable », …

Il utilise également des formules restrictives du type « il n’y a pas un seul animal qui entrevoie ce que signifient des mots comme loisir ou bonheur. » pour convaincre son auditoire que la vie d’un animal se résume en deux temps : le travail, puis la mort.

Transition

Pourtant, malgré les apparences, cette situation n’est pas une fatalité, car l’Angleterre regorge de richesses…

Un appel à la rébellion

Sage l’Ancien est un orateur doué : en exposant d’abord la misère de la vie animale, il veut créer un sentiment de tristesse chez son auditoire… jusqu’à ce que celui-ci devienne plutôt une frustration, puis un désir de révolte.

Pour ce faire, il suffit d’affirmer ensuite que cette misère tantôt décrite n’est pas une fatalité. Et cela se prouve, dans une maxime qui rappelle dans sa forme un proverbe (et donc une vérité qui n’est pas remise en cause par l’imaginaire collectif) :

« Fertile est le sol de l’Angleterre et propice son climat. »

Le cochon enchaîne les vérités péremptoires, qui n’ont besoin d’aucune preuve, et qui sont affirmées comme vraies, même sur la base de superlatifs :

« Cette ferme à elle seule pourra pourvoir aux besoins d’une douzaine de chevaux, d’une vingtaine de vaches, de centaine de moutons – tous vivant dans l’aisance une vie honorable. »

Qui sont les grands dirigeants des pays impliqués dans la Grande Guerre ?
Lénine n'était pas un tendre, mais il n'avait clairement pas la même philosophie que Staline ! (source : Tennis Temple)

Sage l’Ancien balance des chiffres peut-être au hasard, mais qu’importe : il veut convaincre de l’abondance possible. Et il se garde de toute preuve en affirmant qu’il est de toute manière difficile d’imaginer la possibilité de ce qu’il dit, car il existe un être maléfique pour les en empêcher : l’Homme.

Le cochon réutilise une formule violente (« végéter dans un état pitoyable ») pour provoquer l’indignation des animaux. Surtout, il finit son discours en utilisant un vocabulaire d’action, qui invite à agir : « volé », « problème », « ennemi », « supprime », « extirpé ».

Après avoir attisé la pitié pour eux-mêmes, puis avoir fait rêver de l’abondance de l’Angleterre, Sage l’Ancien finit donc par haranguer ses troupes à l’aide de trois phrases impératives, dont deux véhiculent une singulière image utopique :

« Qu’on le supprime, et voici extirpée la racine du mal. Plus à trimer sans relâche ! Plus de meurt-la- faim ! »

Conclusion

Georges Orwell s’attache, dès le début de sa fable animalière, à reprendre pour le compte de ses personnages des marqueurs historiques et politiques de ce qu’il entend dénoncer : les dérives populistes des leaders charismatiques.

Car la rhétorique politique est avant tout un exercice argumentatif. Elle a ses logiques, faisant appel aux affects de son auditoire et à son imaginaire. Ici, Sage l’Ancien présente aux animaux leur vie miséreuse (en accentuant ses côtés négatifs) et leur révèle l’existence d’un coupable, c’est-à-dire d’un ennemi : l’Homme.

Ouverture

Il pourrait être intéressant, dans une analyse de discours argumentatif, de comparer ces paroles fictives à celles d’un leader bolchevik en 1917 ou 1918, comme Lénine ou Trotsky.

Vous avez aimé cet article ? Notez-le !

Aucune information ? Sérieusement ?Ok, nous tacherons de faire mieux pour le prochainLa moyenne, ouf ! Pas mieux ?Merci. Posez vos questions dans les commentaires.Un plaisir de vous aider ! :) 4.45 (84 note(s))
Loading...

Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !