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C'est parti

L'extrait commenté

Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes. Elle était de la même maison que le vidame de Chartres, et une des plus grandes héritières de France. Son père était mort jeune, et l’avait laissée sous la conduite de madame de Chartres, sa femme, dont le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires. Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l’éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté, elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner : Madame de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour ; elle lui montrait ce qu’il a d’agréable, pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité ; les malheurs domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d’un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d’une honnête femme, et combien la vertu donnait d’éclat et d’élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance ; mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même, et par un grand soin de s’attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d’une femme, qui est d’aimer son mari et d’en être aimée.

La Princesse de Clèves, Madame de La Fayette, 1678

Méthode du commentaire composé

On rappellera ici la méthode du commentaire composé vu en cours francais :

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le texte dans le roman
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation du passage dans l'œuvre (début ? Milieu ? Fin ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement - Expliquer le texte le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit impérativement contenir des deux
- Suivre le déroulement du texte, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec une autre œuvre ? Événement historique ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit normalement pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

Le commentaire de l'extrait

Introduction

La Princesse de Clèves est un roman écrit par Madame de la Fayette, publié en 1678, de manière anonyme. L’histoire s’intéresse à mademoiselle de Chartres, jeune femme d’une grande beauté qui fera face aux dangers de la cour du Roi au XVIIème siècle. Tiraillée entre son amour pour son amant et ses devoirs conjugaux, elle finira sa vie exilée de tous, contrite de ses fautes morales.

Le passage qui nous occupe est celui où, pour la première fois, le narrateur présente celle qui sera au centre de l’histoire. Femme d’une grande beauté, on la découvre attirant tous les regards de la cour, et on se renseigne sur son éducation, laquelle annonce l’enjeu du roman.

Qui a écrit La Princesse de Clèves ?
Gravure de Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, devenue Madame de La Fayette • Crédits : Geille - Getty

Annonce de la problématique

Dès lors, en quoi le portrait de la jeune femme met déjà au jour les dangers correspondant à la vie d’une femme de cour du XVIIème siècle ?

Annonce du plan

Nous verrons dans un premier temps le caractère épidictique (= relatif à l’éloge) de la description. Mais il faudra ensuite dévoiler la vision du monde que sous-entend subtilement cette même description.

Développement

Un portrait élogieux de l'héroïne

Le portrait qui présente l'héroïne est souvent assuré dans le récit traditionnel par un narrateur omniscient qui présente le corps, l'esprit du personnage ainsi que son passé. Fréquemment, l’enfance du héros ou de l’héroïne est décisive pour la suite de l’histoire, car elle vient expliquer la suite de ses agissements, sur la base des vertus qu’on lui aura inculquées.

Comme le fera plus tard un Stendhal ou un Balzac, Madame de La Fayette prépare le terrain de son histoire dès la description de son héroïne, à travers son apparence et sa biographie.

Le ménagement de l’attente

Il faut préciser que le début du roman se concentre sur un état des lieux historiques de la France. Mlle de Chartres, future princesse de Clèves, n’a pas encore été évoquée. C’est la première occurrence qui signale son existence.

A ce titre, l’auteure ménage son lecteur : les formules impersonnelles ouvrent le passage (« Il parut alors », « l’on doit croire »).

On trouve également des articles indéfinis qui participent de cette même mystification : « une beauté », « une beauté parfaite ».

Enfin, l’héroïne, dans cet extrait, n’est jamais nommé directement. La Fayette préfère une périphrase : « Elle était de la même maison que le vidame de Chartres, et une des plus grandes héritières de France. » Dès lors, le lecteur sait seulement qu’il s’agit d’une noble, et que son histoire sera peut-être en lien avec ce statut.

Une fascinante beauté

Mais ces formules impersonnelles n’en décrivent pas moins l’apparence de Mlle de Chartres, avec un lexique relatif à la fascination : « beauté », « attira », « beauté parfaite », « admiration », « belles personnes ».

Surtout, l’apparition de cette femme provoque la convergence de tous les regards (dont celui du lecteur, fatalement) : elle « attira les yeux de tout le monde. », dit le texte. Dans un lieu habitué à l’exception – la cour -, elle parvient à se démarquer encore.

Comment résumer la princesse de Clèves ?
Adaptation du roman par les réalisateurs Jean Delannoy, Jean Cocteau et Jean Marais, en 1961. Source : @bdff (base de données des films français)

L’auteure multiplie les hyperboles et les superlatifs : « une beauté parfaite », « attira les yeux de tout le monde », « admiration ». Il s’agit là d’un éloge typique, même si ce portrait reste abstrait. Le lecteur est invité à s’imaginer cette beauté, pour parfaire encore l’idéal que représente Mlle de Chartres.

La narratrice souligne qu'elle se fonde sur le témoignage des connaisseurs que sont les courtisans : « l'on doit croire » « les yeux du monde ». On voit la surprise du vidame ; et la narratrice de le confirmer par un commentaire personnel : « avec raison ».

Soumise à une certaine fragilité

Mais la description dérive vite sur la manière dont sa mère, Mme de Chartres, l’a éduquée. Cela témoigne d’une certaine dépendance de la fille vis-à-vis de la mère, impression renforcée par le fait qu’étant au milieu de toutes les attentions, elle peut effectivement se révéler fragile au milieu d'une cour féroce.

Mme de Chartres est en effet une mère hors du commun, qui fait profiter, par son éducation, sa fille de ses qualités extraordinaires. On relève un lexique relatif à l’éducation méliorative : « vertu », « mérite », « extraordinaires », « cultiver », « aimable », etc.

Mais, en même temps, cette description est tendue vers un deuxième pôle : si l’éducation de Mme de Chartres a été si louable, c’est qu’elle a pris en compte la réalité des maux de la société des hommes, qui s’incarne avant tout dans les choses de l’amour :

« elle faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour ; elle lui montrait ce qu’il a d’agréable, pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux. »

Dès lors, la fin du texte prend une tonalité bien plus pessimiste. On relève, pêle-mêle, un vocabulaire relatif au malheur : « dangereux », « tromperies », « infidélité », « malheurs », « difficile », etc. Cette longue phrase, ponctuée de nombreux points-virgules, se rend dynamique et équilibrée à partir de nombreux modaux, via les conjonctions de coordination « mais ».

Aussi, l’impression renvoyée, en combinant le début de l’extrait et la fin, c’est bien que tous la désirent, tous l’épient, car la cour est un monde potentiellement dangereux ; cela l’isole et fait ressortir une certaine solitude. Fatalement, le personnage est sous la menace.

Transition

Cette description, où se dévoilent au moins deux interventions directes du narrateur (« le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires » et « La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner »), laisse à penser qu’il s’agit là d’une certaine vision du monde, que s’apprête à symboliser l’histoire de la princesse de Clèves.

Comment se caractérise le genre pathétique ?
La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette est un très bon exemple d'oeuvre pathétique ! Source : @bdff (base de données des films français)

Le portrait comme spectre d'une vision du monde ou les dangers de la cour

La figure de la mère, porte-parole des idées de l'auteur ?

Mme de Chartres se distingue « de la plupart des mères » par sa façon de concevoir l’éducation de sa fille.

La première différence notable, au regard des habitudes de l’époque, c’est qu’elle s’est retirée de la cour (« plusieurs années sans revenir à la cour ») pour éduquer sa fille, là où la plupart des mères envoyaient leurs enfants au couvent.

Au lieu du silence, elle se donne tous les moyens de provoquer une prise de conscience chez sa fille : « Elle faisait souvent des peintures ... », « elle lui montrait », « elle lui contait », « elle lui faisait voir ». L’imparfait utilisé renvoie l’idée d’une répétition inlassable, d’une habitude dans l’éducation ; et on perçoit les efforts consentis par la mère pour sensibiliser sa fille.

Dans cette énumération se dégage de fait un programme éducatif, qui semble défendre l’auteure, à travers le vocabulaire mélioratif :

  • « cultiver son esprit et sa beauté », pour plaire en société
  • Inculquer et faire aimer « la vertu », pour agir moralement
  • « parler franchement des dangers de la vie », ce qui s’oppose à l’éducation traditionnelle, qui a tendance à éviter les sujets galants
  • Préparer à la vie conjugale, en mettant en « garde contre les dangers de l’amour »
  • Enseigner « une extrême défiance de soi-même », c’est-à-dire prendre garde aux sentiments qui supplanteraient la raison

C’est que, pour affronter le monde, il s’agit d’avoir des armes puissantes avec soi.

Une démystification de la société de cour

Tout l’enjeu de cette éducation, c’est de faire aimer à sa fille la vertu : « elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. »

Or, la vertu, selon ces détails, correspond à plusieurs choses :

  • La lucidité, puisque ce que l’amour a « d’agréable » dissimule ce qu’il a de « dangereux » - et il s’agit d’en être consciente pour éviter que les « engagements » ne la plongent dans des trop grands malheurs « domestiques »
  • L’honnêteté, qui apporte de la tranquillité et qui élève la beauté naturelle
  • La fidélité, vis-à-vis de soi-même d’abord (« il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même »), et vis-à-vis de son mari, ensuite (« seul peut faire le bonheur d’une femme, qui est d’aimer son mari et d’en être aimée. »)

Car, en définitive, la vertu apporte le bonheur, en ce qu’elle assure à la femme l’amour de son mari autant que l’amour pour son mari.

Comment faire le portrait de la princesse de Clèves ?
Marina Valdy dans le rôle de la princesse de Clèves. Source : @bdff

En creux se dégage donc une vision tragique de l’être humain : infiniment fragile, lancé dans un monde trompeur et cruel, il s’agit de résister aux tentations omniprésentes, dont la cour représente la quintessence.

Car l’insistance sur la vertu fait voir la vision que l’auteur a de la cour. L’accent est mis sur le champ lexical de l’honnêteté (« vie d'une honnête femme » « vertu » « conserver cette vertu » « défiance », « aimer son mari et en être aimé »), pour mieux dénoncer de façon implicite la société de cour qui incite, au contraire, à l’infidélité.

Amour et vertu s’opposent dans cette vision : l’amour mène aux « malheurs domestiques », tandis que la vertu donne de « l’éclat » et de « l’élévation ». Le seul amour qui vaille, c’est l’amour conjugal « qui seul peut faire le bonheur d’une femme ». Du reste, c’est précisément cette opposition qui sera l’enjeu du roman : la future princesse de Clèves sera tiraillée entre son amour pour le duc de Nemours et ses devoirs envers le prince de Clèves.

Se dévoile ici l’éducation rigoriste et moraliste des jansénistes, courant religieux dont Madame de la Fayette était très proche.

Conclusion

Ce portrait de l'héroïne, apparemment classique et idéalisé, laisse transparaître une véritable vision du monde propre à l'auteure : la figure d'exception qu'est l'héroïne laisse ressortir une fragilité profonde par son caractère candide et sa jeunesse, au regard de la vilénie propre au monde dans lequel elle évolue.

L'auteur exprime ici avec délicatesse et raffinement une vision tragique de l'existence humaine qui doit en permanence se méfier de son environnement. Surtout, elle renouvelle le genre romanesque en manifestant un souci de réalisme implicite : l’intérêt n’est plus portée sur des parcours héroïques de vie, des grands voyages ou des victoires merveilleuses ; Madame de la Fayette veut présenter une vision tragique de la condition humaine à partir d’une subtilité dans la représentation de son histoire.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.