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C'est parti

Le poème

LES AVEUGLES

 

Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !
Pareils aux mannequins, vaguement ridicules ;
Terribles, singuliers comme les somnambules,
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

 

Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie,
Comme s'ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.

 

Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. Ô cité !
Pendant qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles,

 

Eprise du plaisir jusqu'à l'atrocité,
Vois, je me traîne aussi ! mais, plus qu'eux hébété,
Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?

Qui est Charles Baudelaire ?
Charles Baudelaire est l'un des plus grands poètes français avec Rimbaud et Verlaine ! (source : France Culture)

Méthode du commentaire composé en poésie

Avant la lecture

Il faut étudier le paratexte, c'est-à-dire le titre, l'auteur, la date, etc. Ces informations doivent être recoupées avec vos connaissances émanant du cours (courant littéraire, poète, recueil, etc.).

Le titre engage également à des attentes. Il donne des indices sur la nature du poème que le lecteur s'apprête à lire.

En poésie, la forme est décisive: regarder le texte « de loin » permet d'avoir déjà une idée de la démarche du poète :

  • Vers, strophes ?
  • Si vers : vers réguliers, vers libres ?
  • Si vers réguliers : quel type de rimes ?
  • Le nombre de strophes...

Pour la lecture

Nous vous conseillons de lire le poème plusieurs fois, avec un stylo à la main qui vous permettra de noter ou souligner une découverte, une idée.

1ère lecture :

  • Identifier le thème général du poème,
  • Identifier le registre : comique ? pathétique ? lyrique ? etc.,
  • Identifier les procédés d'écriture pour diffuser le sentiment du registre choisi : l'exclamation ? La diérèse ? etc.

2ème lecture :

  • Dégager le champ lexical,
  • Place des mots : un mot au début du vers n'a pas la même valeur qu'un mot placé en fin de vers,
  • Déceler les figures de style (généralement très nombreuses dans un poème),
  • Travail sur les rimes : lien entre des mots qui riment, rimes riches ou faibles, etc.,
  • Analyse du rythme avec les règles de métriques.

En filigrane, vous devez garder cette question en tête pour l'analyse des procédés d'écriture : comment le poète diffuse-t-il son thème général et comment fait-il ressentir au lecteur ses émotions ?

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Rédaction du commentaire

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le poète dans l'histoire de la littérature
- Présenter et situer le poème dans le recueil
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (généralement, deux axes)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation poème dans le recueil (début ? Milieu ? Fin ? Quelle partie du recueil ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement- Expliquer le poème le plus exhaustivement possible
- Argumenter pour justifier ses interprétations (le commentaire composé est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, rimes, métrique, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Construire le plan sur l'opposition fond/forme : chacune des parties doit contenir des deux
- Suivre le déroulement du poème, raconter l'histoire, paraphraser
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec un autre poème, un autre poète ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

Le commentaire composé du poème

Introduction

« Les aveugles » est un poème de Charles Baudelaire figurant dans la partie « Les Tableaux parisiens » de la deuxième édition des Fleurs du mal (1861). Il s'agit d'une section comportant de nombreuses rencontres dans la ville, lesquelles semblent toujours être de possibles reflets de la condition du poète.

Entre la « Mendiante rousse », les « Petites vieilles déchues » ou encore la « Fugitive beauté », les « aveugles » provoquent d'abord un certain malaise. Faut-il rire méchamment d'eux? Si la première partie du poème nous y invite, le lecteur comprend aussi que le poète ne se trouve pas dans une meilleure situation que l'homme plongé dans le noir.

Annonce de la problématique

En parlant des aveugles, en quoi le poète dresse-t-il un portrait des modernes ?

Annonce du plan

Nous verrons dans un premier temps ce que l'apparition monstrueuse provoque d'inquiétude chez le poète. Il faudra ensuite voir la démarche allégorique que mène Baudelaire pour se désigner lui-même à travers son sujet. Enfin, nous analyserons comment il invite son lecteur à se sentir lui-même concerné.

Que raconte Baudelaire dans « les aveugles » ?
ASSERETO, Gioachino, Tobias guérissant la cécité de son père, Huiler sur le canevas, 147 x 203 cm Musée des Beaux-Arts, Marseille

Développement

Un sonnet étant construit de manière dynamique, notre analyse devra forcément suivre le sens de ce poème qui est un sonnet, mais il est également fait de correspondances qu'il conviendra de ne pas passer sous silence.

La description cruelle d'êtres inquiétants

Les aveugles semblent être de prime abord l'objet d'une description cruelle. Le poète joue avec l'énonciation, invite son lecteur à se moquer, et insiste sur l'étrangeté menaçante des infirmes.

Le jeu sur l'énonciation

Le premier vers est déjà une apostrophe du poète dirigée vers sa propre âme, avec « Contemple-les, mon âme » : le poète se duplique et fait de son âme son interlocutrice, en mettant à distance les aveugles, grâce à l'utilisation de la troisième personne (« les » puis « ils »).

Il y a également une mise en scène physique, puisque le lecteur ne sait qu'à la faveur du titre et du dernier mot du poème que le poète parlent des « aveugles ». Outre cela, le lecteur n'a accès à eux qu'à travers leur aspect, leur attitude, mais jamais nous ne pénétrons leurs pensées. Ce qui se passe en eux est d'ailleurs un enjeu du poème, marqué par le vocabulaire de l'ignorance : « on ne sait où », « ténébreux », « jamais », « noir illimité », « silence », « hébété », ...

Un locuteur qui se moque

Le premier quatrain, qui nous fait entrer dans le poème, signale en outre de la part du locuteur une volonté de se moquer.

Il y a ainsi une ironie cruelle, que l'on perçoit à travers différentes figures de style :

  • l'euphémisme « vaguement ridicules » pour désigner l'air des aveugles marchant dans la rue
  • l'impératif sur « contemple-les » qui se rapporte normalement à l'admiration presque divine, tandis qu'ici il s'agit d'un dégoût, comme le signale l'antithèse avec le dernier mot du vers : « affreux »
  • la comparaison avec les « somnambules » qui n'ont rien de fascinant

Ce premier quatrain est en outre dominé par un lexique ouvertement péjoratif : « affreux », « ridicules », « terribles », accentué par l'adverbe modal « vraiment ». Le jeu sur les rimes renforce le jugement, puisqu'elles associent tous ces termes péjoratifs : « affreux » avec « ténébreux » et « ridicules » avec « somnambules ».

Des aveugles à l'étrangeté menaçante

Mais au-delà de la démarche moqueuse, le poète semble pris d'effroi à la vue de ces aveugles.

Le terme « singulier » vient d'abord définir cette étrangeté : le monstre échappe à la compréhension par son aspect singulier, c'est-à-dire différent des autres.

Nous trouvons également le champ lexical relatif à la menace, avec « terribles », « dardant », « ténébreux » tandis que l'allitération sur les consonnes dentales [d] et [t] participe de cette même menace.

Le caractère monstrueux de ces aveugles est également souligné avec le rythme boitant du vers:

Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

Les aveugles ne semblent pas faire partie du domaine de la vie consciente lorsque Baudelaire les désigne comme des « mannequins » ou des « somnambules » avec leurs yeux « d'où la divine étincelle est partie » - c'est-à-dire que dieu (« divine ») les a abandonnés.

Des êtres déchus

Car ils semblent bien être des hommes déchus, privé de toute transcendance : Baudelaire ne décrit que leur silhouette privé de membres, qui n'ont pour eux que leurs yeux noirs. En outre, ils ne sont pas nommés, répétons-le, jusqu'au dernier vers: ce sont bien des êtres sans nom.

Que conte La Vie Antérieure de Baudelaire ?
Expulsion from the Garden of Eden, Thomal Cole, 1828

Transition

Mais bientôt le poème bascule dans un parallèle, et la monstruosité n'est plus réservée qu'à eux...

Le poète face à lui-même

De fait, Baudelaire se sert de sa rencontre angoissante avec les aveugles pour se comparer. Il en revient à l'éternelle tension entre spleen et idéal, là où se déchire son statut de poète.

Opposition entre deux mondes

Le deuxième quatrain du poème met en évidence une opposition antithétique entre deux mondes :

  • l'idéal, avec le champ lexical de l'élévation spirituelle : « divine étincelle », « au loin », « rêveusement », « noir illimité », « silence éternel », « au Ciel »
  • le spleen, avec le poids de la vie et du corps : « pavés », « appesantie », « hébété », « je me traîne »

Cette opposition est soulignée un peu mieux par le jeu des rimes qui continue le poème :

  • « partie »/« appesantie », soit le mouvement versus la lourdeur
  • « levés »/« pavés », soit le regard tourné vers le ciel versus le regard vers le sol
  • « illimité »/« cité », soit le lointain versus la proximité
  • « beugles »/« aveugles », soit les plaisirs vulgaires versus les plaisirs spirituels

Le « noir illimité » s'associe ainsi à l'éternité, puisqu'il est le « frère du silence éternel », c'est-à-dire la vie spirituelle après la mort, loin de la vulgarité physique de la vie. Le « silence éternel » fait référence à un monde où il serait inutile de parler, un monde qui se suffirait à lui-même, le monde de la perfection : il s'agit bien de « l'idéal » tant recherché par Baudelaire.

Car, a contrario, l'existence est un plaisir de la chair qui menace de dégouter. Le poème suit ainsi une gradation, avec des termes de plus en plus péjoratifs : « chantes », puis « ris », puis « beugle ».

Le poète finit par condamner les prétendus plaisirs de la cité avec les deux vers qui font la jonction entre le premier tercet et le second :

Pendant qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles,

Eprise du plaisir jusqu'à l'atrocité,

On voit bien, avec « plaisir jusqu'à l'atrocité », que le plaisir est une menace, puisqu'elle mène jusqu'à l'horreur. C'est elle qui menace en dernier lieu le poète...

Quelle est l'ambition d'Apollinaire dans Zone ?
Carl Spitzweg, Le Pauvre Poète, 1839
Allégorie du poète

Le deuxième vers du dernier tercet rend la comparaison explicite par un superlatif :

Vois, je me traîne aussi ! mais, plus qu'eux hébété,

Il apostrophe la « Cité », personnifiée par la majuscule, avec un impératif « Vois », pour finalement se mettre sur le même plan que l'aveugle, se traînant « aussi ». Mais il est dans une position plus douloureuse encore.

Baudelaire signifie par là sa recherche de la perfection (souvenons-nous du « silence éternel »), mais se heurte à l'incapacité, à la finitude, à l'horreur de soi-même. Il se trouve confronté en permanence à sa propre « hébétude ».

Aussi, « hébété », le poète ne peut que tenter un « Je dis », qui est finalement une interrogation, signe de son désarroi, de son incapacité fondamentale...

Transition

Mais le lecteur attentif aura remarqué que le premier tercet convoque un « nous » qui inclut le lecteur dans le propos. C'est que Baudelaire pose le poème comme la tentative de partager sa parole avec le lecteur, faire le « don du poème » pour atteindre la communion.

L'adresse au lecteur

Du « on » au « nous »

Alors que le deuxième quatrain utilisait le pronom personnel indéfini « on  », le premier tercet fait intervenir un « nous » qui indique que le poète s'adresse autant au lecteur qu'à la cité.

Le syntagme « Autour de nous » renvoie ainsi à la situation supposée du locuteur dans le texte, au milieu de la Cité, et, partant, celle du lecteur, lui aussi au centre des chants et des rires de cette Cité. C'est que celle-ci désigne en dernier lieu la communauté des hommes : le lecteur est, fatalement, inclus dans l'apostrophe.

Le lecteur comme destinataire final

Le « mon âme » qui ouvre le poème est finalement ambigu : elle peut englober la notion de sujet en général, et peut alors être perçue comme une injonction à soi-même (au lecteur). Baudelaire invite le lecteur à contempler ces êtres de prime abord étranges, mais qui recherchent l'inconnu au Ciel. 

Le « je dis » qui conclut le poème s'imprègne ainsi de cette ambiguïté : c'est à la fois le « je » du poète et le « je » du lecteur, lequel a été amené, par la description poétique, à se poser la même question.

Poser la question terminale au discours direct : « Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ? » signifie qu'elle sera dite, en dernier lieu, par celui qui la lit, et ainsi, le lecteur se fait l'égal du poète. 

Le lecteur est alors renvoyé à sa propre existence dans la ville : il est mis face à sa propre finitude dans la critique de la « Cité », dans un rapport d'infériorité vis-à-vis de ces aveugles marginaux qui semblent trouver au Ciel un soulagement de leur peine. Il faut se souvenir du dernier vers du premier poème des Fleurs du Mal pour se convaincre de la pertinence de ce rapprochement :

« Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère ! »

Conclusion

Si la première impression qui se dégage à la lecture de ce poème est le sarcasme, l'analyse nous a montré que Baudelaire se trouve dans une posture presque fasciné pour ces aveugles qui regardent au ciel. Il trouve en eux l'occasion d'une réflexion sur l'humanité tout entière, laquelle aurait perdu contact avec le divin.

Le poème fonctionne comme un rappel à notre existence laborieuse, menacé par l'oubli dans les plaisirs. L'espoir réside alors dans l'élévation par la parole et ce « Je dis » qui vient conclure la description pathétique. Ainsi, au sein de ce « Mal » terrestre, Baudelaire nous enjoint à chercher les « Fleurs ».

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.