Le théâtre vient du grec ancien « theatron », qui signifie « lieu où l'on regarde ». Certes, mais c'est aussi le lieu où l'on entend. Car, sur scène, les acteurs, jouant des personnages, prononcent des répliques qui sont à la fois destinées aux autres personnages et au public ; c'est ce qu'on appelle la double énonciation.

Dès lors, la parole au théâtre investit un double enjeu : elle sert à faire avancer l'histoire et, en même temps, elle s'adresse au spectateur pour porter un message.

Découvrons ensemble quelles sont les différentes paroles renfermées par le théâtre, et ce que ces paroles disent de l'outil théâtral.

Qui est Molière et quelles sont ses plus grandes œuvres ?
Molière a écrit les plus grandes comédies du théâtre français et ses pièces sont encore représentées aujourd'hui ! (source : La Dépêche)
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C'est parti

Le théâtre : mélange de paroles et d'actions

Didascalies et répliques

Le texte théâtral est très codifié. Il comporte des indications externes (telles que la séparation en actes ou en scènes, le nom du personnage qui parle...), des indications scéniques (qui sont les didascalies et qui renseignent sur le jeu des acteurs) et des répliques. Celles-ci se destinent à être dites sur scène et constituent donc la parole proprement dite.

Prenons l'exemple de l'incipit de En attendant Godot, écrit par Samuel Beckett (1952).

Route à la campagne, avec arbre. Soir.
Estragon, assis sur une pierre, essaie d'enlever sa chaussure. Il s'y acharne des deux mains, en ahanant. Il s'arrête, à bout de forces, se repose en haletant, recommence. Même jeu.
Entre Vladimir.

ESTRAGON (renonçant à nouveau) : Rien à faire.
VLADIMIR (s'approchant à petits pas raides, les jambes écartées) : Je commence à le croire. (Il s'immobilise.) J'ai longtemps résisté à cette pensée, en me disant, Vladimir, sois raisonnable. Tu n'as pas encore tout essayé. Et je reprenais le combat. (Il se recueille, songeant au combat. A Estragon.) Alors ? te revoilà, toi.
ESTRAGON : Tu crois ?
VLADIMIR : Je suis content de te revoir. Je te croyais parti pour toujours.
ESTRAGON : Moi aussi.

Tout ce que nous avons écrit en italique, ce sont les didascalies. Elles ne seront pas prononcées par les acteurs qui jouent les personnages d'Estragon et de Vladimir ; elles seront plutôt jouées et donnent le contexte en même temps que des indications sur la manière dont il leur faut agir.

Les mots en majuscules sont les prénoms des personnages : là non plus, ces mots ne sont pas prononcés sur scène.

Tout le reste, en revanche, ce sont bien des répliques et, donc, des paroles.

Quelle est la portée symbolique d'En attendant Godot ?
En attendant Godot, au festival d'Avignon en 1978. Rufus (Estragon) et Georges Wilson (Vladimir) - Photo de Fernand Michaud

Parole-récit et parole-action

On peut, grosso modo, identifier deux types de paroles au théâtre : la parole qui raconte et la parole qui fait avancer directement l'intrigue.

Parole-récit

Le théâtre est un art de contraintes : sur la scène, tout n'est pas représentable. A l'époque du théâtre classique (entre les XVIème et XVIIIème siècles), ne pas représenter l'action était même l'une des règles impératives pour les dramaturges !

Aussi, la parole d'un personnage se charge parfois de raconter ce qui est censé s'être passé en-dehors de la scène. La réplique est alors un récit, qui permet de renseigner le spectateur sur ce qu'il n'a pas vu.

L'une des plus fameuses parole-récit se trouve dans Phèdre, de Jean Racine (1677), précisément une tragédie classique. Théramène raconte à Phèdre la mort de l'homme qu'elle aime, le fils de son mari, et qu'elle a obligé à fuir par ses mensonges lâches :

THÉRAMÈNE.

[...]
Parmi des flots d’écume, un monstre furieux.
Son front large est armé de cornes menaçantes ;
Tout son corps est couvert d’écailles jaunissantes,
Indomptable taureau, dragon impétueux,
Sa croupe se recourbe en replis tortueux ;
Ses longs mugissements font trembler le rivage.
Le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage ;
La terre s’en émeut, l’air en est infecté ;
Le flot qui l’apporta recule épouvanté.
Tout fuit ; et sans s’armer d’un courage inutile,
Dans le temple voisin chacun cherche un asile.
Hippolyte lui seul, digne fils d’un héros,
Arrête ses coursiers, saisit ses javelots,
Pousse au monstre, et d’un dard lancé d’une main sûre,
Il lui fait dans le flanc une large blessure.
De rage et de douleur le monstre bondissant
Vient aux pieds des chevaux tomber en mugissant,
Se roule, et leur présente une gueule enflammée
Qui les couvre de feu, de sang et de fumée.
La frayeur les emporte ; et, sourds à cette fois,
Ils ne connaissent plus ni le frein ni la voix ;
En efforts impuissants leur maître se consume ;
Ils rougissent le mors d’une sanglante écume.
On dit qu’on a vu même, en ce désordre affreux,
Un dieu qui d’aiguillons pressait leur flanc poudreux.
À travers les rochers la peur les précipite ;
L’essieu crie et se rompt : l’intrépide Hippolyte
Voit voler en éclats tout son char fracassé ;
Dans les rênes lui-même il tombe embarrassé.
Excusez ma douleur : cette image cruelle
Sera pour moi de pleurs une source éternelle.
J’ai vu, seigneur, j’ai vu votre malheureux fils
Traîné par les chevaux que sa main a nourris.
Il veut les rappeler, et sa voix les effraie ;
Ils courent : tout son corps n’est bientôt qu’une plaie.
De nos cris douloureux la plaine retentit.
Leur fougue impétueuse enfin se ralentit :
Ils s’arrêtent non loin de ces tombeaux antiques
Où des rois ses aïeux sont les froides reliques.
J’y cours en soupirant, et sa garde me suit :
De son généreux sang la trace nous conduit ;
Les rochers en sont teints ; les ronces dégouttantes
Portent de ses cheveux les dépouilles sanglantes.
J’arrive, je l’appelle ; et me tendant la main,
Il ouvre un œil mourant qu’il referme soudain :
« Le ciel, dit-il, m’arrache une innocente vie.
« Prends soin après ma mort de la triste Aricie.
« Cher ami, si mon père un jour désabusé
« Plaint le malheur d’un fils faussement accusé,
« Pour apaiser mon sang et mon ombre plaintive,
« Dis-lui qu’avec douceur il traite sa captive ;
« Qu’il lui rende... » À ce mot, ce héros expiré
N’a laissé dans mes bras qu’un corps défiguré :
Triste objet où des dieux triomphe la colère,
Et que méconnaîtrait l’œil même de son père.

La parole-action

Mais la plupart des répliques font avancer l'histoire. Un personnage, par ses questions, par ses mensonges, par ses ordres, fait progresser l'intrigue en plus de l'orienter dans un sens ou dans un autre.

Dans Les Caprices de Marianne, pièce de Alfred de Musset (1833) nous trouvons ainsi l'exemple des deux genres de parole :

MARIANNE : - Que me voulez-vous ?

CIUTA - Un jeune homme de cette ville est éperdument amoureux de vous : depuis un mois entier, il cherche vainement l'occasion de vous l'apprendre.

Ici, la question de Marianne va provoquer son changement d'attitude (parole-action), et permet au dramaturge d'amorcer son intrigue à l'aide de la parole-récit de Ciuta.

Quels sont les genres en vogue au XIXème siècle ?
Pierre Auguste Renoir a peint les grands boulevards de Paris (1875), lieux où se tiennent les pièces de théâtre les plus populaires

La situation d'énonciation au théâtre

La situation d'énonciation se définit comme le « lieu et les circonstances de production d'un acte d'énonciation, tant dans la lecture du texte dramatique que dans la mise en scène. » (Pavis, 1987, p. 361-362)

Grossièrement, la situation d'énonciation est le contexte dans lequel les paroles sont prononcées. Il s'agit de répondre aux questions :

  • Qui parle ?
  • A qui ?
  • Où ?
  • A quel moment ?

Mais au théâtre se trouve ce qu'on appelle le quatrième mur, c'est-à-dire le mur invisible qui sépare les acteurs-personnages des spectateurs. Cela ajoute un contexte à l'énonciation. On parle alors de double-énonciation.

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La double-énonciation

La double-énonciation se fonde sur l'idée que ce que dit un personnage s'adresse à deux entités :

  • le ou les autres personnages
  • les spectateurs

Ainsi, la parole d'un locuteur (= celui qui parle, qui est à la fois le dramaturge, qui écrit la pièce, et le personnage, qui dit la réplique) possède un sens particulier pour le ou les autres personnages qui l'entendent et, bien souvent, elle possède un autre sens pour le spectateur, qui en sait plus (ou moins !) que les personnages de l'histoire.

Dans l'acte III, scène III de On ne badine pas avec l'amour, pièce de 1834 écrite par Alfred de Musset, on trouve une mise en abyme de ce principe (c'est-à-dire une représentation sur scène de la double énonciation) :

CAMILLE, cachée, à part.

Que veut dire cela ? Il la fait asseoir près de lui ! Me demande-t-il un rendez-vous pour y venir causer avec une autre ? Je suis curieuse de savoir ce qu’il lui dit.

PERDICAN, à haute voix, de manière que Camille l’entend.

Je t’aime, Rosette ; toi seule au monde tu n’as rien oublié de nos beaux jours passés, toi seule tu te souviens de la vie qui n’est plus ; prends la part de ma vie nouvelle ; donne-moi ton cœur, chère enfant ; voilà le gage de notre amour.

(Il lui pose sa chaîne sur le cou.)
ROSETTE.

Vous me donnez votre chaîne d’or ?

PERDICAN.

Regarde à présent cette bague. Lève-toi, et approchons-nous de cette fontaine. Nous vois-tu tous les deux, dans la source, appuyés l’un sur l’autre ? Vois-tu tes beaux yeux près des miens, ta main dans la mienne ? Regarde tout cela s’effacer. (Il jette sa bague dans l’eau.)

Dans cette scène, Rosette ne sait pas que Camille est cachée mais Perdican est au courant (comme le prouve la didascalie : « à haute voix, de manière que Camille l’entend. »). Cela veut dire que Perdican dirige sa parole vers deux personnes : Rosette, d'une part, qui comprend « Je t'aime Rosette », et Camille, qui entend « Je t'aime Rosette. » à partir de sa propre histoire. Mais une troisième entité écoute ici : c'est le spectateur, qui sait que Camille est cachée, et qui connaît, au contraire de celle-ci, toutes les intentions de Perdican !

La double énonciation permet ainsi à l'écrivain de créer des décalages d'information entre les personnages et le public, sur la base de deux procédés particulièrement fameux.

Le quiproquo

Le quiproquo au théâtre est une scène où deux personnages pensent parler d'une même chose alors que ce n'est pas le cas. Cela crée, pour le spectateur qui connaît la divergence, une situation comique (ou tragique, dans certains cas).

Dans L'Avare, de Molière, il s'en trouve un bon exemple :

Harpagon

Comment, traître, tu ne rougis pas de ton crime ?

Valère

De quel crime voulez-vous donc parler ?

Harpagon

De quel crime je veux parler, infâme ? comme si tu ne savais pas ce que je veux dire ! C’est en vain que tu prétendrais de le déguiser ; l’affaire est découverte, et l’on vient de m’apprendre tout. Comment abuser ainsi de ma bonté, et s’introduire exprès chez moi pour me trahir, pour me jouer un tour de cette nature ?

Valère

Monsieur, puisqu’on vous a découvert tout, je ne veux point chercher de détours, et vous nier la chose.

Maître Jacques, à part.

Oh ! oh ! Aurais-je deviné sans y penser ?

Valère

C’était mon dessein de vous en parler, et je voulais attendre, pour cela, des conjonctures favorables ; mais puisqu’il est ainsi, je vous conjure de ne vous point fâcher, et de vouloir entendre mes raisons.

Le quiproquo, ici, tient en ce que Maître Jacques accuse Valère d'avoir volé son coffre rempli d'argent, tandis que Valère s'imagine qu'il parle de sa fille, Elise, la fille qu'il aime. Le spectateur, étant au courant de cela, s'amuse d'assister au malentendu, d'autant qu'il dure longtemps et gagne en grotesque.

L'Avare a-t-il été beaucoup joué au théâtre ?
Michel Aumont et Francis Huster réunis sur scène pour jouer l'Avare de Molière. Harpagon, agrippé à sa cassette, ne cesse de penser à qui pourrait bien le voler... (Mise en scène par Jean-Paul Roussillon et réalisé par René Lucot en 1973)

L'ironie tragique

L'ironie tragique vient de ce que le spectateur connaît par avance le sort tragique d'un personnage qui croit avoir agi correctement, alors que cette action sera précisément à l'origine de sa perte.

Ainsi, dans Oedipe Roi, Sophocle, dramaturge grec, fait dire à Oedipe qu'il tuera l'assassin de son père :

Mais aujourd’hui que je suis monté sur le trône qu’il occupait, et que j’ai reçu la main de son épouse, et que mes enfants et les siens seraient frères, s’ils avaient vécu, mais la fortune était déchaînée contre lui ; à tous ces titres, je vengerai sa mort comme celle de mon père, et je ferai tout pour découvrir le meurtrier du fils de Labdacos, du descendant de Polydore, de Cadmus et du vieil Agénor.

Or, ce qu'il ne sait pas - mais ce que le spectateur sait -, c'est que c'est lui-même qui vient de tuer son géniteur, Laïos, sur le chemin de Thèbes ! Lorsqu'Oedipe le découvrira, il se crèvera alors les yeux...

Les types de parole au théâtre

Il existe, au théâtre, des types de parole spécifique, qui provoquent des effets différents.

Voyons-en quelques-uns.

Le dialogue

Il s'agit, tout bonnement, d'un échange entre deux personnages.

En comparant la longueur des répliques de chaque interlocuteur, la présence de questions, ou le champ lexical, vous serez en mesure de définir les rapports qu'entretiennent les personnages.

Ainsi de la scène d'ouverture du Misanthrope, de Molière (1666), où l'on devine qu'Alceste déteste l'humanité.

La stichomythie

Dans une pièce en vers, il s'agit de la succession rapide de brèves répliques de longueur plus ou moins égales où les interlocuteurs se répondent vers pour vers, voire hémistiche pour hémistiche.

Cela donne beaucoup de rythme au jeu des acteurs et si elle sert parfois l'effet comique (comme dans de nombreuses pièces de Molière), elle permet également de faire s'affronter les deux interlocuteurs.

Ainsi, dans Le Cid, de Pierre Corneille (1637) :

Le comte — Ce que je méritais, vous l’avez emporté.
Don Diègue — Qui l’a gagné sur vous l’avait mieux mérité.
Le comte — Qui peut mieux l’exercer en est bien le plus digne.
Don Diègue — En être refusé n’en est pas un bon signe

L'aparté

L'aparté est une convention théâtrale : le personnage, pendant un dialogue, prononce une réplique à part que les autres personnages ne sont pas censés entendre. Comme pour le monologue, le public est le seul destinataire. Le plus souvent, les didascalies indiquent : « à part » ou « tout bas ».

Dans l'extrait cité pour l'exemple du quiproquo, Maître Jaques pratique l'aparté, indiqué par une didascalie qui annonce « à part » :

Maître Jacques, à part.

Oh ! oh ! Aurais-je deviné sans y penser ?

La tirade

La tirade est une longue réplique d'un personnage au sein d'un dialogue.

Elle ralentit le rythme du dialogue pour expliquer une situation ou la position d'un personnage.

Le récit de la mort d'Hippolyte, cité plus haut, est par exemple une tirade de Théramène à destination de Phèdre.

Le monologue

Lorsqu'un personnage est seul sur scène et qu'il continue à parler, le dialogue n'est plus. Il s'agit d'un monologue, soit un discours qui n'a pas de destinataire sur scène. Vous l'aurez compris, selon le principe de double-énonciation au théâtre, celui à qui le monologue s'adresse en réalité, c'est... le public !

On trouve trois types de monologue :

  • si le monologue intervient dans un moment de crise, où le personnage ne sait pas quoi faire ni à qui se fier : on parle alors de monologue délibératif
  • si le personnage explique une situation, il s'agit d'un monologue explicatif
  • lorsque le personnage confesse ce qu'il s'apprête à faire, comme Iago dans le premier acte  d'Othello, une pièce de Shakespeare (1603), il s'agit alors d'un monologue-confession

Bien sûr, le monologue le plus célèbre du théâtre est sûrement celui d'Hamlet, dans la pièce éponyme de Shakespeare :

HAMLET. - Etre, ou ne pas être : telle est la question. Y a-t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers d’une injurieuse fortune, ou à s'armer contre elle pour mettre frein à une marée de douleurs ? Mourir... dormir, c’est tout ;... Calmer enfin, dit-on, dans le sommeil les affreux battements du cœur ; quelle conclusion des maux héréditaires serait plus dévotement souhaitée ? Mourir... dormir, dormir ! Rêver peut-être ! C’est là le hic. Car, échappés des liens charnels, si, dans ce sommeil du trépas, il nous vient des songes… halte-là ! Cette considération prolonge la calamité de la vie. Car, sinon, qui supporterait du sort les soufflets et les avanies, les torts de l'oppresseur, les outrages de l’orgueilleux, les affres de l'amour dédaigné, les remises de la justice, l'insolence des gens officiels, et les rebuffades que les méritants rencontrent auprès des indignes, alors qu’un simple petit coup de pointe viendrait à bout de tout cela ?

William Shakespeare, Hamlet, Acte III, scène 1, extrait (1601), traduction d’André Gide, in Œuvres complètes, tome 2, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1959.

Selon-vous, s'agit-il ici d'un monologue délibératif, explicatif, ou de confession ?

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.