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C'est parti

Présentation succincte de l'auteur

Albert Cohen est né à Corfou, en Grèce, en 1895 et décède en 1981 à Genève, en Suisse.

En 1900, ses parents ainsi que le petit Albert quittent l'île grecque pour Marseille. Il se lance dans des études universitaires à Genève avant d'être attaché à la Division diplomatique du Bureau International du Travail.

En juin 1940, il quitte la France pour Londres et travaille avec le gouvernement de la France Libre tout en continuant de publier des textes. Lorsque sa mère meurt, en janvier 1943 à Marseille, l'écrivain écrit quatre textes successifs intitulés Chants de mort I, II, III et IV, lesquels constituent une ébauche en quatre parties du Livre de ma mère.

En 1947, Cohen rentre à Genève. Il occupe un poste aux Nations unies et refusera, en 1957, le poste d'ambassadeur d'Israël.

Dans les années 1970, l'écrivain souffre de dépression nerveuse et passe proche de la mort en 1978, étant devenu anorexique.

Après une période pendant laquelle il promeut son oeuvre, il mourra finalement en 1981, des suites d'une pneumonie.

Qui a écrit Le livre de ma mère ?
Portrait d'Albert Cohen

Présentation de l'oeuvre

Dans le désordre apparent des souvenirs de son enfance. Cohen témoigne son admiration et son amour pour sa mère, figure centrale et bienfaisante du roman autobiographique.

Le registre lyrique et élégiaque restitue une enfance heureuse : le rappel du passé permettent de revivre des instants magiques pour Cohen. L'auteur revient sur les pas de son enfance en mêlant humour et émotion (portrait caricatural de la mère et de lui-même).

Résumé de l'oeuvre

Le livre de ma mère est un texte publié par Albert Cohen en 1954.

C’est une œuvre hybride : elle ne porte nulle part la mention « Autobiographie », et pourtant, l’auteur n’a eu de cesse de revendiquer son caractère autobiographique. En effet, il y relate son enfance et, plus particulièrement, le rapport particulier qu'il entretenait avec sa mère, dont la mort l’a plongé dans un profond désarroi.

Tout au long de son récit, ses souvenirs sont précis : il raconte des moments passés avec elle et y mêle l’expression de ses sentiments.

Le livre s’ouvre sur l’écrivain se trouvant à son bureau, devant une page blanche : il revendique l’envie de faire revivre sa mère. Commence alors le récit de son enfance et l’explication de ses rapports particuliers avec elle, à partir de souvenirs précis. Il se remémore l’accent de sa voix, l’importance du judaïsme.

Sa mère, très pratiquante, l’envoie pourtant chez les nonnes, dès leur arrivée en France, à Marseille. Sa famille dut en effet quitter Corfou, en Grèce, pour fuir les pogroms (massacre des juifs).

Sa mère est présentée comme une femme ayant dédiée son existence entière à son fils. Exilée, avec un mari travaillant beaucoup, ce fut une femme très seule, ce qui explique en partie l’importance d’Albert à ses yeux.

L’écrivain se souvient de la manière dont elle l’idéalisait : c’était, pour elle, un garçon si beau, si intelligent – parfait, en somme. Elle le soignait avec vigueur et inquiétude lorsqu’il était malade ; il pouvait la réveiller en pleine nuit s’il avait faim, ou s’il se sentait trop mal.

Lorsqu’Albert est devenu diplomate, sa présence ne s’est pas tarie. Alors qu’il vit à Genève, elle lui rend souvent visite ; lui-même la sollicitait souvent, et elle ne disait jamais non. Elle s’inquiétait régulièrement de son travail et s’informait même des nouvelles via la presse. Tous les étés, elle était à Genève – et Albert regrette, devant sa feuille, de ne pas l’avoir présentée à ses amis, ou de ne pas avoir soulagé sa tristesse systématique lorsqu’elle s’en retournait à Marseille.

Ce texte est aussi un repentir : l’écrivain reconnaît avoir pu, parfois, abuser de sa dévotion. Il se souvient également d’avoir été désagréable avec elle, au sujet de certaines manies qu’il ne supportait pas. Il se permettait de la juger, sans complaisance.

En particulier, il lui reprochait son manque d’organisation et sa tendance à ne jamais se tenir à ses résolutions nouvelles, comme les régimes.

Un souvenir particulier lui revient, évocateur : c’était un soir où, ne le voyant pas revenir, elle avait appelé la femme chez qui il dînait, remplie d’inquiétudes. Il s’était alors énervé, jugeant sa mère trop possessive.

« Les fils ne savent pas que leurs mères sont mortelles »

L’écrivain fait part de sa honte actuelle, pour avoir négligé sa mère vivante, au profit des femmes qu’il fréquentait. Un jour, il l’avait même laissée attendre toute seule dans un parc pendant des heures, trop occupé avec une conquête. Avec ce recul, il voit combien son attitude était futile.

Où la mère d'Albert Cohen a-t-elle vécu ?
Paul Signac, Notre-Dame-de-la-Garde, Marseille, 1905

Mais il a encore plus honte de l’avoir fait pleurer, à cause de certains comportements indignes.

Il aurait, en somme, aimé lui dire certaines choses jamais dites ; ces choses-là qu’il est en train d’écrire ; lui dire combien il se sent coupable de ne pas avoir montré suffisamment de gratitude pour l’amour qu’il recevait.

Sa mère, au fil du récit, apparaît ainsi comme le véritable amour de sa vie. Pour autant, cette vérité-là lui apparaît trop tard, puisqu’elle est déjà morte. Vient alors la question centrale : le bonheur est-il possible, sans elle ?

« Avec ma mère, je n’avais qu’à être ce que j’étais, avec mes angoisses, mes pauvres faiblesses, mes misères du corps et de l’âme. Elle ne m’aimait pas moins. Amour de ma mère, à nul autre pareil. »

Il semble finalement se demander si la vie est encore possible, sans cette protection maternelle. Son amour pour sa mère est si grand qu’il y voit même, en définitive, une preuve du divin sur la Terre :

« Dans ses yeux, il y a une folie de tendresse, une divine folie. C’est la maternité. C’est la majesté de l’amour, la loi sublime, un regard de Dieu. Soudain, elle m’apparaît comme la preuve de Dieu ».

Pistes d'analyse

Un genre hybride

Bien que Cohen insiste, a posteriori, sur la dimension autobiographie de son texte, il n'a pas pris en considération les éléments propres de l'autobiographie stricto sensu.

La version de 1954 du texte révèle, par rapport aux « Chant de mort I, II, III, IV », une réécriture des textes premiers et même un déplacement des faits : il construit une image idéalisée de la mère en lui attribuant les gestes ou dires du père.

Cohen vise à construire l'image d'une mère parfaite, qui ne peut être comparée et, surtout, qui ne peut être remplacée. Elle semble n'avoir vécu que pour et par son fils.

Néanmoins, le narrateur ne s'engage pas auprès du lecteur, qui ne joue pas de rôle. Cohen semble dialoguer avec son écriture avant que de s'adresser à sa mère, opérant une catharsis, c'est-à-dire une écriture consolatrice.

Il faut ainsi s'interroger, durant la lecture, sur les motivations, la construction et la réécriture de l'auteur, tandis que l'enjeu se veut autobiographique. Il est aussi remarquable que sa mère soit au centre du récit, lequel mélange les registres : lyrisme, élégies (plaintes et regrets) versus ironie et sarcasme.

Que raconte le Livre de ma mère, d'Albert Cohen ?
Auguste Renoir, L'après-midi des enfants à Wargemont, 1884

Le « je » de l'autobiographie, sans lecteur

Dans l'incipit du récit, le narrateur ne débute pas son récit : il le place plutôt dans le temps de l'écriture.

Mais le « pacte autobiographique » n'apparaît pas : l'auteur ne s'engage pas envers le lecteur, n'affirme par l'authenticité des faits qui vont être évoqués. Seules l'inspiration, la plume et sa mère seront ses véritables interlocutrices. 

Le narrateur semble ainsi se dédoubler, se regardant écrire : dans le premier paragraphe, il parle de lui à la troisième personne, comme pour signifier l'échec de toute écriture autobiographique.

C'est que Cohen ne croit pas à la possibilité de communiquer :

« Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte »

Il écrit ainsi davantage contre les autres que pour eux. A l'inverse d'un Rousseau dans Les confessions, il s'apprête à dialoguer avec sa plume, puis avec sa mère.

L'écriture qui vient consoler

Le vrai enjeu du Livre de ma mère, c'est, plutôt que le témoignage pour un lecteur, l'espoir d'être consolé de la perte.

Ainsi, dès la fin du prologue, on sent poindre la culpabilité du fils : celui-ci cherche à fuir l'image de la mère vivante :

arrière, image de ma mère vivante lorsque je la vis pour la dernière fois en France

Parce que cette dernière image, en France, vient lui rappeler son impuissance à faire sortir sa mère de France, alors que la guerre faisait rage.

Cohen entreprend donc cette écriture dans l'espoir de son propre repentir.

Le paradis perdu de l'enfance

En entreprenant le récit de sa mère, Albert Cohen replonge aussi dans son enfance, temps béni entre tous. Dans le chapitre V, il écrit :

Pleurer sa mère, c’est pleurer son enfance. L’homme veut son enfance, veut la ravoir [...]. J’ai été un enfant, je ne le suis plus et je n’en reviens pas.

Dans l'ensemble du récit, Cohen invoque sa mère, comme il invoquerait une divinité, laquelle habite ici le paradis de l'enfance. Or, la mort de la mère, c'est la mort de son enfance ; pour la première fois, il ne peut plus faire semblant ; et avec elle, c'est son âme d'enfant qui est morte aussi.

Qu'est-ce que déplore Albert Cohen ?
Félix Vallotton, Le Ballon, 1899

Le narrateur fait donc appel à toutes les sensations dans l'espoir de faire revivre ce paradis perdu :

  • la vue, forcément, puisqu'il s'agit de souvenirs visuels
  • l'odorat, avec la verveine
  • le goût, avec les tisanes ou les confitures de cerises
  • l'ouïe
  • le toucher

On perçoit, dans le souvenir de son enfance, le sentiment d'une sécurité totale, à l'abri sous l'amour de sa mère.

L'ironie du récit

Albert Cohen écrit ce récit à 58 ans. Il se remémore certes les souvenirs heureux de son enfance, mais les perçoit également depuis le point de vue d'un adulte. Cette double vision lui permet de teinter son récit d'ironie.

Cela peut se percevoir notamment avec la figure du médecin. Après chacune de ses visites, l'enfant voyait sa mère émue ou plus vivante. L'adulte, qui est l'écrivain, comprend que le bonheur de sa mère découlait de son plaisir à voir du monde, rompant avec la solitude dont elle souffrait. Le médecin venait guérir des souffrances morales autant que physiques.

Mais alors que l'enfant Albert admirait le médecin, l'écrivain Cohen fait preuve d'ironie à l'égard de celui-ci. Il en parle avec beaucoup d'insultes. Cela peut s'expliquer par un sentiment de jalousie, l'écrivain voulant posséder exclusivement sa mère, comme le montre l'absence de toute figure paternelle. Le médecin est ainsi celui qui vient perturber l'osmose entre la mère et le fils, alors qu'elle est présentée comme parfaite.

Un récit empli de culpabilité

Le récit de Cohen exprime également sa culpabilité, notamment lorsqu'il met en parallèle son rapport avec sa mère et celui avec les femmes. Ainsi, dans le chapitre XIII, le narrateur se plaît à alterner les évocations de la mère folle de chagrin et celles de l'amante folle d'amour.

La construction de son texte, par l'alternance, souligne le remords présent tout en montrant la fascination encore exercée par l'amante.

Ainsi, la construction même du texte souligne le remords tout en laissant percevoir la fascination qu’exerce encore la faute, la séduction qu’exerce encore l’amante (qui est la cause de la faute). Il y a ainsi un jeu sur la temporalité :

  • le temps du souvenir, où Cohen cède à l'extase et se voile la face quant à la souffrance de sa mère
  • le temps de l'écriture, où Cohen se rend compte de la souffrance de sa mère

C'est que son coeur hésite encore entre ces deux amours : celui de la mère, maternelle et dévouée, et celui de la femme, amoureuse et sensuelle. L'écriture est toujours sous-tendue par cette ambivalence car c'est également l'occasion pour l'écrivain de revivre ses conquêtes heureuses.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.