Le conte philosophique est un genre narratif qui naît au cours du XVIIIème siècle ; en cela, il est indissociable du siècle des Lumières et des ses penseurs phares.

C’est plus particulièrement le philosophe Voltaire qui travaillera le genre, avec des histoires connues comme Candide (1759) ou Zadig (1747).

Les philosophes des Lumières trouvent ce moyen ludique pour contourner la censure qui empêche la diffusion de leurs idées. Un conte philosophique est donc un apologue : en même temps qu’il divertit par son histoire, il enseigne à son lecteur des idées morales et politiques.

Quel est le résumé de Candide de Voltaire ?
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Définition

Voici la définition que donne linternaute.fr, dictionnaire en ligne, du « conte philosophique » :

Le conte philosophique est un genre littéraire apparu au XVIIIe siècle, à l'époque des Lumières. Il permet à son auteur de critiquer des aspects de la société (moeurs, politique, religion, etc.) ou du pouvoir de son époque, en utilisant l'artifice d'une histoire fictive. Par ce moyen détourné, il apporte une leçon philosophique.

Le conte philosophique appartient donc au genre narratif, puisqu’il narre une histoire. Mais il va plus loin : il utilise cette histoire pour présenter une ou plusieurs idées philosophiques à ses lecteurs.

Points communs avec le conte traditionnel

Le conte philosophique partage donc des points communs avec le genre du conte traditionnel, comme le suggère son nom.

D’abord, il suit généralement une trame narrative conventionnelle, avec une situation initiale, un élément perturbateur, des péripéties, un élément de résolution, une situation finale.

Par exemple, dans le fameux Candide, on dénombre :

  • une situation initiale : Candide aime Cunégonde, la fille du seigneur de son château, et il est le disciple du maître Pangloss, un philosophe résolument optimiste
  • un élément perturbateur : Candide est surpris en train d’embrasser Cunégonde et doit s’exiler
  • des péripéties : tous les événements connus par Candide à travers le monde et qui contribuent à faire évoluer sa vision
  • un élément de résolution : la rencontre avec le Turc qui décide Candide sur le mode de vie à adopter
  • une situation finale : tous les personnages se retrouvent à travailler à la métairie et consentent à s’occuper de leurs petites affaires humaines

Voici donc comment se termine ce conte, figurant ce qu’est sa situation finale :

Pangloss disait quelquefois à Candide : Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l’amour de mademoiselle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches.
– Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.

Comment faire le compte-rendu de L'Ingénu et de Memnon ?
Candide ou l'Optimisme est le conte philosophique le plus connu de Voltaire qui fut publié en 1759. Il s'agit d'un récit de voyage et de transformation d'un homme en philosophe ! (source : Opera Online)

Un autre point commun avec le conte traditionnel, c’est le cadre imaginaire du conte philosophique. Ainsi, l’histoire se passe dans un cadre intemporel, dans des lieux pas forcément reconnaissables.

Candide, au cours de ses pérégrinations, découvrira le pays merveilleux de l’Eldorado, où tout est or et tous vivent heureux.

On retrouve également les formules typiques qui introduisent le conte, comme « Il était une fois … ». Voici comment commence par exemple Zadig ou la destinée :

Du temps du roi Moabdar, il y avait à Babylone un jeune homme nommé Zadig, né avec un beau naturel fortifié par l’éducation. Quoique riche et jeune, il savait modérer ses passions ; il n’affectait rien ; il ne voulait point toujours avoir raison, et savait respecter la faiblesse des hommes.

La démarche philosophique du conte

Mais outre son aspect de conte, le conte philosophique fait voir une démarche philosophique. Les auteurs de ces contes usent des mêmes procédés que ceux présents dans leurs traités argumentatifs et la présentation de leurs idées philosophiques. Ils sont surtout marqués par une époque, celle des Lumières, qui a développé ses propres outils.

On peut donc trouver, dans les différents contes philosophiques du XVIIIème siècle :

  • l’esprit satirique qui vise à dénoncer et combattre les mauvaises mœurs du temps, les institutions comme l’Église, les inégalités entre les classes ;

Par exemple, Voltaire, dans Candide, se plaît à tourner en dérision l’Église. Dans le chapitre VI, il dénonce par l’absurde leur volonté de prévenir le risque d’un tremblement de terre par l’organisation d’un autodafé :

Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n’avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel auto-da-fé ; il était décidé par l’université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.

  • une réflexion sur la vie, pour inviter le lecteur à réfléchir lui-même sur ce qu’il est et l’environnement qui l’entoure

Dans Micromégas (1752), Voltaire cherche ainsi à prouver la déraison de l’humanité, son orgueil et ses vices. Il met pour cela en scène un géant qui visite la Terre, et opère un changement de perspective rempli de sens.

« Si l’on excepte un petit nombre d’habitants fort peu considérés (traduisons les sages, les philosophes), tout le reste est un assemblage de fous, de méchants et de malheureux. »

Que dénonce Voltaire dans Micromégas ?
Une des grandes dénonciations de Voltaire est l'orgueil humain (Francois Lemoyne, Narcisse, 1728)
  • le conte philosophique étant une espèce d’apologue, il contient une morale plus ou moins explicite ; la situation finale vient souvent montrer les dangers des abus de pouvoir et de l’intolérance

C’est le sens du bien connu « Cultivons notre jardin. », qui clôt Candide : par ces mots, Voltaire invite à la mesure et à l’effort, qui doivent apporter le bonheur et l’humilité à l’Homme.

Contexte d’apparition

Comme nous l’avons dit, le conte philosophique est un genre qui apparaît pendant le siècle des Lumières, c’est-à-dire le XVIIIème siècle.

Son apparition s’explique par plusieurs facteurs historiques.

Éviter la censure

Au XVIIIème siècle, les différentes publications sont soumises à une forte censure. Tout livre nouvellement publié doit obtenir l’assentiment du pouvoir royal. En cela, la critique est très difficile, puisque se montrer trop virulent envers le Roi ou l’Église (entre autres) entraîne purement et simplement la destruction de l’ouvrage condamné.

Écrire un conte philosophique permet donc de passer outre cette censure. En présentant une histoire apparemment sans danger, qui emprunte ses codes à celui d’un genre enfantin et populaire, le philosophe peut habilement faire passer certaines de ses idées par le rire et la légèreté.

Toucher le plus grand nombre

Ce rire et cette légèreté sont également un moyen pour les philosophes d’obtenir une plus grande audience.

En effet, les traités qu’ils écrivent habituellement ne sont lus que par une certaine élite intellectuelle, ce qui réduit d’autant leur influence. En intégrant leurs idées dans un récit enlevé et merveilleux, ils attirent plus de lecteurs et se donnent plus de chance de convaincre la société.

Exemples de contes philosophiques

Si Voltaire est le plus prolifique en matière de contes philosophiques, quelques autres auteurs se sont essayés au genre avec succès.

Passons donc en revue les récits les plus connus de l’histoire littéraire.

Candide, Voltaire, 1759

C’est sûrement le conte philosophique le plus connu et le plus lu, et nous nous en sommes servi pour les exemples de ce cours.

Voltaire y met en scène l’ingénu Candide qui fera le tour du monde et finira par remettre en cause sa vision des choses.

Le philosophe en profite pour dénoncer les abus de la religion et l’absurdité des thèses de Leibniz, qu’il pastiche à travers le personnage de Pangloss.

Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement ; car tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes ; aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées et pour en faire des châteaux ; aussi monseigneur a un très beau château : le plus grand baron de la province doit être le mieux logé ; et les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l’année : par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise ; il fallait dire que tout est au mieux.

Micromégas, Voltaire, 1752

Micromégas : histoire philosophique est un conte philosophique de Voltaire, publié en 1752. Il y relate les aventures de deux géants : un habitant de Sirius et un habitant de Saturne, secrétaire de l'Académie, qui se stimulent intellectuellement l'un l'autre par leurs conversations. Ils finissent par partir à la découverte des humains.

Dans ce conte, le philosophe nous plonge dans un univers astronomique où se mêlent actualité politique, littéraire ou encore scientifique, ainsi que des réflexions philosophiques. La fantaisie n'est pourtant qu'apparente.

Voltaire condamne dans un premier temps les injustices comme la « faim, fatigue, intempérance » ; il s'agit là de dénoncer les mauvais usages du corps, la répartition inhumaine du travail et la censure religieuse. Micromégas doit d'ailleurs s'exiler du fait de cette censure.

Le personnage de Micromégas a vocation à représenter la valeur de la raison, en opposition à l'humanité prétentieuse. Il incarne la figure du philosophe ultime : c'est un réel modèle.

« Le Saturnien et le Sirien s’épuisèrent alors en conjonctures, mais après beaucoup de raisonnements fort ingénieux et fort incertains, il en fallut revenir aux faits. »

« Il faut examiner ces insectes, nous raisonnerons après. – C’est fort bien dit, reprit Micromégas. »

Zadig ou la Destinée, Voltaire, 1747

Dans ce conte philosophique, Voltaire retrace les mésaventures du jeune Zadig au cœur d’un Orient purement imaginaire.

Tantôt favorable, tantôt cruelle, mais toujours changeante, la fortune du héros le fait passer par des hauts et des bas qui rythment le texte. C’est ainsi qu’il souffrira d’injustices, sera accusé à tort, échappera à la prison, mais finira néanmoins roi de Babylone.

Le philosophe y développe en tout cas les critiques qu’on lui connaît déjà : il dénonce la corruption politique, les flatteurs, l’avidité des prêtres et des riches. On y trouve également un résumé de sa philosophie : déisme, bon usage de la raison, tolérance, pratique de la vertu, développement du commerce.

[Zadig] fit sentir à tout le monde le pouvoir sacré des lois, et ne fit sentir à personne le poids de sa dignité. Il ne gêna point les voix du divan, et chaque vizir pouvait avoir un avis sans lui déplaire. Quand il jugeait une affaire, ce n’était pas lui qui jugeait, c’était la loi ; mais quand elle était trop sévère, il la tempérait ; et quand on manquait de lois, son équité en faisait qu’on aurait prises pour celles de Zoroastre.

C’est de lui que les nations tiennent ce grand principe : Qu’il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent. Il croyait que les lois étaient faites pour secourir les citoyens autant que pour les intimider. Son principal talent était de démêler la vérité, que tous les hommes cherchent à obscurcir.

Zadig, Voltaire, chapitre VI

Comment analyser L'Ingénu et Memnon de Voltaire ?
Le conte philosophique Zadig ou la Destinée est le récit complet de Memnon qui n'est qu'un apologue sorti en 1747. (source : France Culture)

Les Voyages de Gulliver, Jonathan Swift, 1726

Les Voyages de Gulliver, paru en 1726 en Angleterre et écrit par l’écrivain Jonathan Swift, peut être considéré comme un conte philosophique. Ce récit marque en effet un sommet de la critique sociale et politique en convoquant différents modes, comme le pamphlet, la narration, la philosophie, la logique et le fantastique.

Cette œuvre, narrée à la première personne, est divisée en quatre parties :

  • le voyage à Lilliput, qui représente la cité des nains ;
  • le voyage à Brobdingnag, qui représente la cité des géants ;
  • le voyage à Laputa ;
  • le voyage au pays des Houyhnhnms.

Le personnage principal va donc découvrir beaucoup de sociétés différentes, plus ou moins proches de celle anglaise, et offre à l’auteur de conduire une critique satirique sur les mœurs de son temps.

J'avais beau miraculeusement être de retour dans mon ancien monde, une partie de moi désirait toujours pouvoir retourner auprès de Glumdalclitch... Si cela ne pouvait se réaliser, j'essaierai au moins comme elle, d'aimer les plus petits et les plus faibles et de devenir une personne au grand coeur. Aussi grand que cette mer immense.

Le supplément au Voyage de Bougainville, Denis Diderot, 1796

Le supplément au Voyage de Bougainville est un conte philosophique écrit par le philosophe Dénis Diderot et publié à titre posthume en 1796.

Le texte se veut être une suite au Voyage autour du monde de Louis-Antoine de Bougainville, publié en 1771, et qui racontait les découvertes exotiques de l’explorateur, premier français à avoir fait le tour du monde.

Ce récit met en scène deux interlocuteurs A et B qui discutent du Voyage autour du monde du navigateur français récemment paru. B propose de commenter un prétendu Supplément qui remet en question certaines évidences supposées énoncées par Bougainville.

Ce dialogue permet à Diderot d’exposer ses propres conceptions philosophiques. Il remet ainsi en question les principes régissant l’organisation de la société, à savoir : le droit naturel, les lois, Dieu, la morale et la nécessité.

Laisse nous nos mœurs, elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes. Nous ne voulons point troquer ce que tu appelle notre ignorance contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon nous le possédons. Sommes-nous digne de mépris parce que nous n'avons pas su nous faire des besoins superflus ?

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !