Chapitres
Le drame désigne dans la Grèce antique « toute action dramatique », tragique ou comique. Il prend un autre sens à partir du milieu du XVIIIe siècle et qualifie un genre particulier. Selon l'adjectif qui l'accompagne – bourgeois, romantique –, il correspond à une période de l'histoire littéraire et à des choix d'écriture différents.
Le drame bourgeois (seconde moitié du XVIIIe siècle)
Héritier de la comédie moralisante (début du XVIIIe siècle) et de la comédie larmoyante (1730-1750), genre intermédiaire entre la comédie et la tragédie, le drame bourgeois, « genre sérieux », se veut proche des préoccupations des spectateurs. Il se caractérise par :
- un sujet qui privilégie la peinture des malheurs domestiques et de la vertu ;
- des personnages contemporains, considérés plus dans leur rôle social que dans leur individualité ;
- des situations réalistes traitées sous forme de « tableaux vivants » ;
- un registre pathétique servant un style grandiloquent ;
- un intérêt porté au jeu des acteurs (voix, gestes, ton) et au décor ;
- une volonté d'émouvoir les spectateurs et de leur enseigner la morale.
Né dans le siècle des Lumières, le drame bourgeois s'éteint avec lui. Ses innovations techniques lui survivront partiellement dans le drame romantique et le drame moderne.
Remarque
le drame bourgeois ne se confond pas avec le mélodrame, bien qu'il ait avec lui des traits communs. Apparu à la fin du XVIIIe siècle, le mélodrame est un genre populaire conventionnel qui se caractérise par :
- des personnages stéréotypés : l'orpheline vertueuse, le traître sans vergogne, l'amant, le père ;
- une structure figée en trois actes : acte I, la découverte de l'amour ; acte II, les souffrances de l'amour ; acte III, la délivrance des amants ;
- des décors conventionnels de ruines, de châteaux forts ou de cimetières ;
- un registre mélodramatique ;
- des fonctions morales et pédagogiques : le bien l'emporte sur les forces du mal.
Le drame romantique
Défini dès 1823 par Stendhal (Racine et Shakespeare), le drame romantique - en vers ou en prose - s'impose sur une période de vingt ans. Influencé par les littératures européennes, allemande (Schiller...) et anglaise surtout (Shakespeare, Byron, Walter Scott...), il se caractérise par :
- une grande liberté de création
- un mélange des genres : la tragédie se mêle à la comédie ;
- un « mélange des tons » : le sublime se mêle au grotesque, le beau au laid ;
- des personnages nombreux et divers : les personnages héroïques se mêlent aux bouffons, les nobles aux roturiers ;
- une grande liberté d'expression en vers ou en prose, chaque personnage s'exprimant selon sa fonction, sa profession et son rang social ;
- un refus de la règle classique des trois unités : action, temps et lieu. Une pièce peut comporter plusieurs intrigues, se dérouler sur plusieurs mois ou années, dans des lieux différents.
- un rapport étroit à l'Histoire
- des sujets tirés de l'Histoire (à partir du Moyen Âge) ;
- l'exploitation de thèmes liés à l'Histoire et à la passion ;
- l'utilisation de la « couleur locale », c'est-à-dire l'introduction de traits caractéristiques d'une époque et d'un lieu donnés ;
- un intérêt pour le décor historique.
- un héritage de la tragédie classique
- la réintroduction de la notion de héros, engagé totalement dans une action, une passion... ;
- un intérêt pour la psychologie des personnages
- une structure en trois parties : exposition, nœud et catastrophe (très souvent, la mort du héros), où à la notion de scène se substitue parfois celle de tableau.
- des fonctions pédagogiques, morales et sociales
À travers l'émotion qu'il suscite, le drame romantique revendique un enseignement philosophique et moral. Il prétend en outre faire entendre les revendications sociales des plus humbles.
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Bonsoir , Quelle problématique dois-je poser afin d’analyser le mélodrame d’un personnage d’un roman. Je lis « Premier amour , Tourgueniev. «
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