Le XVIIIème siècle ne débute pas en 1700. Généralement on s'accorde sur 1715, année de la mort de Louis XIV. Aussi fausse que l'image du XVIIème siècle, siècle du classicisme, l'image du XVIIIème, siècle des Lumières et des philisophes, a la vie dure. Il n'en demeure pas moins que cette période possède une incontestable unité, incarnée dans la figure du philosophe : persécuté par le pouvoir, il fait confiance à la raison pour obtenir son indépendance intellectuelle ; pédagogue, mettant toutes les formes littéraires au service de son projet, il s'occupe du sort des hommes, en cherchant à les rendre meilleurs, sans se poser de questions inutiles. Le XVIIIème siècle se termine (idéalement) en 1789 (même si entre la philosophie ds Lumières et de la Révolution il n'y a pas de rapport direct de cause à effet). Mais la naissance d'une nouvelle sensibilité, le préromantisme, date de 1760-1770.  Des nuances importantes. Les philosophes, malgré une incontestable unité de pensée, ont pu se haïr (comme Rousseau et Voltaire), ou se méconnaître. On ne peut parler, dans leur cas, d'école. On ne saisit donc leur convergence qu'à posteriori. D'autre part, une durable opposition aux philosophes a existé durant tout le XVIIIème, et même après la Révolution : on ne parlera pas ici des jésuites ou de nombreux courants, comme celui des illuministes, qui ont constitué la réaction aux livres d'un petit cercle d'écrivains. Enfin, des œuvres qui parraissent aujourd'hui essentielles à la compréhension du XVIIIème siècle ont été reconnues ou publiées tardivement (ainsi du Neveu de Rameau, de Diderot, publié pour la première fois en 1805... en allemand).

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C'est parti

La vie politique et économique

Siècle de paix et de prospérité économique, le XVIIIème siècle connaît trois grandes périodes. Les difficultés politiques contredisent en partie l'idée d'une amélioration générale des conditions de vie.

La régence

(1715-1723). Le Duc d'Orléans, neveu de Louis XIV, restitue au Parlement ses anciens droits (confisqués par Louis XIV), dont celui de remontrances : c'est-à-dire de critique des édits royaux avant leur application. Cette décision posera durant tout le siècle le problème des limites légitimes du pouvoir monachirque. La régence connaît des problèmes financiers importants, hérités du monarque précédent, ce qui ne l'empêche pas d'être une époque de libération des mœurs, de libertinages et de plaisir.

Le règne de Louis XV

(1723-1774) est une période de lente déchristianisation (condamnation des jansénistes, puis des jésuites en1763). Durant cette longue période, le Parlement, bien plus que le pouvoir royal, s'opposera aux philosophes.

Le règne de Louis XVI

(1774-1789) est marqué par une lutte contre le parlement, des problèmes économiques grandissants, et l'obligation de convoquer les Etats généraux, prélude de la Révolution française. Le roi est de droit divin : le monarque tient son pouvoir de Dieu, même si les privilèges accordés à la noblesse, au clergé, aux villes, etc, et les lois fondamentales du royaume limitent ce pouvoir. Notons aussi la puissance constante de l'Eglise qui a, entre autres, le monopole de l'enseignement.

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La vie sociale et intellectuelle

Trois ordres existent en France : la noblesse (300 000 personnes), le clergé (130 000 personnes) et le Tiers Etat (25 millions de personnes). Une très forte hétérogénéité existe à l'intérieur de chaque ordre (entre grande et petite noblesse, prélats et curés de campagnes, bourgeois et paysans). La domesticité représente 10% de la populationdes villes. La France continue à avoir un rayonnement culturel à travers l'Europe. On copie ses œuvres, ses châteaux, on parle français dans les principales cours, Frederic II de Prusse invite Voltaire, Catherine II reçoit Diderot à Saint-Pétersbourg. Inversement, les philosophes français s'intéressent à l'étranger, à l'Angleterre notamment. C'est un siècle cosmopolite. En France, les lieux d'échanges intellectuels se déplacent. Ce ne sont plus seulement les salons des grands nobles (même ceux-ci pratiquent un échange plus libre, moins cérémonieux), mais aussi les académies (comme celle de Dijon pour laquelle Rousseau écrira en 1750 son Discours sur les sciences et les arts) ou les cafés (voir leur description dans Le neveu de Rameau, de Diderot). Ces nombreux lieux révèlent l'indifférence à l'égard du statut social de ses membres : les rencontres y sont plus libres, les sujets des conversations aussi (cour de francais). Le livre subit d'importantes modifications de forme et de fond. Le nombre de lecteurs augmente, ainsi que le nombre de livres (multiplié par 3 entre 1700 et 1770). La presse et les entreprises éditoriales des dictionnaires jouent un rôle grandissant. Le tirage d'un livre varie entre 500 et 4000 exemplaires. On publie de nombreuses "feuilles", billets volants, textes courts, facilement diffusés. Les écrivains continuent à se référer aux grands genre (tragédie, épopée, etc), mais leur modernité (et leur succès jusqu'à nous) réside dans la création de nouvelles formes littéraires, souvent brêves, notamment le conte ou le roman philosophique (mélange d'un récit et d'un savoir, Jacques est fataliste, Candide est optimiste, et les événements mettent à lépreuve leur philosophie. La censure concerne surtout les ouvrages traitant de religion. Elle peut être à priori (avant la publication, refus du privilège royal) ou a posteriori (saisie, autodafé...). Voltaire, Diderot et Rousseau seront emprisonnés à la Bastille. Mais la Librairie royale (la censure) aura souvent une attitude de compromis. Notons aussi une nuance importante : si beaucoup d'écrivains ont été "persécutés", la plupart aussi ont connu une gloire importante et noué des amitiés avec des grands) L'écrivain profite encore du mécénat, essentiel durant tous le XVIIème, et qui se maintient, tout en se développant et se diversifiant au XVIIIème. Mais un manuscrit commence à rapporter. En 1777, le privilège de publication est transféré de l'éditeur à l'auteur, moment essentiel vers la reconnaissance du droit d'auteur. L'écrivain joue un rôle de plus en plus important, reconnu comme tel (prestige international de Voltaire, interventions multiples dans les affaires politiques, judiciaires ou religieuses, voir encore Voltaire dans l'affaire Calas). L'écrivain assure une domination morale en concurrence avec le clergé. Se dessine enfin à cette époque la figure du grand écrivain, à qui l'on rend visite, auquel on voue un culte.

La pensée des Lumières

Tout au long du siècle, des questions communes agitent les écrivains, questions qu'ils formulent de manière nouvelle, souvent laïcisée. Ils s'interrogent sur : La raison et l'expérience. Pour les philosophes, le mépris de la raison rend fanatique. Partant de l'expérience, seule source de connaissance (alors qu'au siècle précédent, on estimait que Dieu avait fourni l'espri aux hommes), ils en viennent à écarter Dieu (c'est ce qu'on appelle l'empirisme). Les philosophes se sont donc occupés de science (voir Buffon) et, avec L'encyclopédie, "d'exposer l'ordre et l'enchaînement des connaissances", de façon à expliquer la nature, que des préjugés et des superstitions nous cachent ou nous obsurcissent. La nature est conçue comme une norme, une valeur idéale, une référence dans tous les domaines (ce qui permet de se passer de Dieu et des enseignements de l'Eglise). L'homme, la société, l'art, tout doit "suivre la nature". Après 1750, l'attention portée aux paysages et à la nature sauvage est un des signes du préromantisme. Dieu. Deux positions s'affrontent parmi les philosophes. Les déistes, dont Voltaire, qui suit l'enseignement de Newton pensent que l'architecture savante de l'univers suppose un dieu créateur, un "grand horloger". Ce dieu, sans rapport avec celui des dogmes des Eglises, doit être adoré et respecté. Pour Voltaire, l'existence de Dieu est la nécessaire garant de la morale que le peuple doit resoecter. Les athées, ou le matérialistes, dont Diderot, rejettent Dieu (il n'y a ni création ni ordre dans l'univers) et l'âme (la pensée procède du cerveau, c'est-à-dire la matière). Le progrès. Jusqu'au XVIIème, l'Histoire est pensée comme un  chaos, ou bien comme la manifestation d'une Providnece divine. Au XVIIIème s'impose l'idée d'un progrès qui ne relève pas de l'ordre divin. D'où des contradictions toujours actuelles : les européens sont plus évolués, et les peuples sauvages doivent donc être éclairés, autrement dit colonisés. C'est qu'on n'imagine pas que la raison et le progrès, liés en fait à l'Europe (c'est ce qu'on appelle l'européocentrisme, le fait de considérer l'Europe comme le centre de tout), ne sont pas des normes universelles. Les futurs "droits de l'homme", malgré leur noble ambition, souffrent du même européocentrisme. Rousseau critique fortement le progrés. Pour lui, la civilisation a corrompu les hommes. Notons enfin que, pour tous ces philosophes, l'idée ou le pressentiment de la Révolution de 1789 restent absents. Le bonheur. Les chrétiens ignorent le bonheur terrestre. L'au-delà seul comblera leurs désirs. Pour Voltaire, "le paradis terrestre est où je suis". Caque philosophe en donne sa définition, individuel ou collectif. Diderot insiste sur la légimité du plaisir, notamment sexuel. Pour Sade, le plaisir de faire le mal est sa seule justification, puisqu'il n'existe pas de morale transcendante, et que la satisfaction du plaisir est la seule loi naturelle que doive suivre l'homme. La politique. En 1688 la révolution anglaise montre le chemin de formes politqiues nouvelles dans les fatras de la société contemporaine. S'impose, surtout avec Rousseau, l'idée d'un contrat social (ce qui réfute la théorie du droit divin) qui suppose l'égalité de ceux qui le signent. Pour Diderot, mais surtout Voltaire prévaut l'idée d'une monarchie tempérée ou d'un "despotisme éclairé" par la raison, fondé sur l'utilité sociale. Pour tous , le mérite d'un homme  ne dépend pas de sa naissance, de l'ordre auquel il appartient, mais bien de son talent personnel.

L'ouverture sur l'extérieur

Beaucoup de philosophes, plus ou moins de bon gré, visitent l'étranger (Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot ...) De nombreuses relations de voyages paraissent, dont celle de Bougainville. Des livres importants sont traduits (les Mille et une nuits, lançant une vogue orientale durable, Robinson Crusoë de Defoe ...) Cela a pour but et conséquence la critique de la France et la mise en cause du discours auropéocentriste : il n'y a pas de vérité universelle, mais seulement des vérités particulières, liées, selon Montesquieu, au "climat" de chaque pays. La raison européenne demeure malgré tout essentielle comme moyen de surmonter ou englober ces différences. Dans bien des cas, l'étranger est doté d'une nette supériorité sur le français, mais c'est parce qu'il suit la raison ; dans la plupart des cas, les étrangers qui encombrent la littérature de cette époque sont des figures imaginaires, inspirées très librement de modèles réels. Parmi les étrangers civilisés, citons l'anglais, qui bénéficie d'une monarchie tempérée, respecte les talents, croit à l'utilité du développement économique et commercial. Le chinois, quand à lui, réussit à concilier athéisme et vertu, preuve que la religion n'est pas indispensable pour mener une vie honnête. Le bon sauvage, qui existait déjà chez Montaigne, connaît un regain d'intérêt. Les livres font la description idyllique d'un être que la civilisation n'a pas corrompu, ce qui suscite l'ironie virulente de Voltaire. Le bon sauvage aura un frère en la personne du paysan, resté près de la nature.

Les philosophes

Montesquieu (1689-1755)

Aristocrate, grand voyageur, savant, symbole de la curiosité intellectuelle des encyclopédistes, Montesquieu est l'auteur de deux grands livres, les Lettres persanes et L'esprit des lois. Lettres persanes (1721). Ce roman s'inscrit dans la tradition du récit de voyage. Des candides sans préjugés formulent sur notre société une réflexion étonnée et sans complaisance. Du coup le français voit ce que l'habitude l'empêchait de voir : les choses les plus communes deviennents étranges, bizarres, tout apparaît comme convention arbitraire. C'est une entreprise ironique de démystification. Le roman dénonce le despotisme, et affirme des principes : justice, équité, liberté, tolérance, vertu. L'esprit des lois (1748) est une œuvre de réflexionque l'Eglise mettra à l'index en 1751. Montesquieu montre l'infinie diversité des lois, des coutumes des mœurs, des institutions, des religions. Cette diversité répond en fait à l'influence de la géographie, de la démographie, du climat, etc. Montesquieu fonde ainsi la sociologie et refuse l'idée d'une législation idéale, universellement valable, ainsi, d'ailleurs, que le dogmatisme religieux. Malgré cette position morate et de condamner des excès comme l'esclavage ou le despotisme.

Voltaire (1694-1778)

Profondément hostile au fanatisme et à la bétise, Voltaire a produit une œuvre immense qui lui a valu un énorme succés. On ne lit plus guère ce qu'il estimait dans ses œuvres (les tragédies, les poèmes épiques...), mais on s'attache à ce qu'il sous-estimait : ses contes, sa correspondance, de multiples textes brefs où se dessine l'engagement du philosophe. Déiste, Voltaire critique l'absurdité des religions et le fanatisme (qu'il appelle "l'infâme"). Mais il attaque aussi les athées : la croyance en Dieu retient les hommes de commettres des crimes, de se livrer au mal. Voltaire fait aussi l'éloge du travail. Il faut aménager la terre, la rendre plus vivable. "Il faut cultiver notre jardin", lit-on dans Candide (1759). C'est un idéal de fraternité : les hommes doivent être utiles et heureux dans une société laïcisée (voir les Lettres philosophiques, 1734, leur éloge du progrès, du commerce, de la tolérance) Par la brièveté de ses textes, par le choix d'écrire des fragments (comme les articles du Dictionnaire philosophique, 1764), Voltaire maintient toujours en éveil l'attention du lecteur. Il a le pouvoir de créer des récits, de mettre en scènes vivantes sa philosophie (voir Zadig, 1747). Enfin, l'ironie et la parodie permanentes lui permettent d'emporter l'adhésion gràce au rire.

Diderot (1713-1784)

Il participe à de nombreux ouvrages collectifs (l'Encyclopédie, la Correspondance littéraire, l'Histoire des deux Indes...). On peut se demander quelle est, exactement, l'œuvre de Diderot, puisqu'il refuse de marquer ce qui lui appartient au propre. De même, dans de nombreux dialogues où il donne à "Moi" une apparence provisoire, inexacte, on peut se demander qui est Diderot. Pour lui, le sujet n'existe plus en tant que tel, il est toujours pris et transformé par les circonstances présentes, par le dialogue, sans cesse fragmenté et fragmentaire. Diderot plus que les autres philosophes fut attentif à d'autres formes de pensée que le raisonnement logique : le rêve, la folie, l'impromptu de la conversation. Matérialiste, il voit l'univers animé d'un mouvement éternel, d'une destruction continue : tout ordre est momentané. Il nie l'âme : la pensée nous vient uniquement de l'organisation complexe, de notre être. La liberté n'est donc qu'un vain mot. Mais, comme il arrive toujours des faits imprévus, des circonstances futiles, comme la chute des faits n'est jamais intégralement saisissable, comme enfin nous ne sommes jamais les mêmes, il reste de la liberté, ce dont témoignent ses personnages. Diderot cherche à définir une morale. Les besoins élémentaires du corps, notemment sexuels, ne doivent pas souffrir d'interdit (de fait, Diderot reconnaît la difficulté d'une telle démarche : où s'arrêter?). De plus, les devoirs humains impliquent la bienfaisance. L'encyclopédie (1747-1772). Ce projet du libraire Le Breton fut très fructueux. Voulant refaire une encyclopédie suivant le modèle anglais, il demande à Diderot d'en être le rédacteur en chef. Celui-ci écrira plus de mille articles, tout en vérifiant le travail de ses collaborateurs (entre autres d'Alembert, Montesquieu, Rousseau, Voltaire). L'encyclopédie s'occupe de la totalité du savoir disponible, sans omettre les métiers. De nombreuse planches illustrées évoquent le travail industriel, artisanal ou manuel, mettant en valeur le rôle du progrès dans les sociétés. C'est l'apologie du travail utile par opposition à l'oisiveté inutile des aristocrates. Cette somme et cette entreprise de vulgarisation constituent une critique virulente de la religion (l'Eglise condamne L'Encyclopédie en 1752) Jacques le fataliste (1765-1778) joue de la fiction et des conventions romanesques. Le Neveu des Rameau (1762-1780) interdit toute vérité par une accumulation de paradoxes. Le héros héponyme, par ses contradictions, dénonce le partage trop facile entre vice et vertu, folie et raison, etc.

Rousseau (1712-1778)

Ecrivain marginal, en butte à l'exclusion, Rousseau, qui a fait partie de la sphère philosophique, s'est vite brouillé avec Voltaire puis Diderot. Différence de pensée, mais aussi différence de projet. L'œuvre de Rousseau peut en effet se concevoir comme une immense entreprise autobiographique, ce qui annonce des préoccupations nouvelles. Avec le Discours sur les sciences et les arts (1750) puis le Discours sur l'origine de l'inégalité (1755), Rousseau entreprend l'histoire (théorique) de l'humanité. Tous commence par l'état de nature, où l'homme est libre, sain, bon et heureux. Cette époque bénie s'achève lorsque s'instaurent la propriété et la division du travail. Mais on ne oeut retourner à l'état de nature : il faut donc améliorer les choses en changeant l'homme (Emilie, 1761) et en créant un nouveau contrat social (Le contrat social, 1761), légitimant la société. Solitaire (souffrant d'ailleurs d'un complexe de persécution), Rousseau refuse l'esclavage de la vie mondaine, crée dans son nouveau roman La nouvelle Héloïse (1761) des êtres selon son cœur. Rigoureux et logique dans ses discours, il a aussi fait l'éloge du sentir, de la rêverie dans la nature, du bonheur d'être, tout en éprouvant au fond de lui un vide, une tristesse inexplicable et attirante. L'aveu de soi, le lyrisme de la confession constituent un des derniers thèmes, et non des moindres, préfigurant le romantisme.

Aspects du préromantisme

Le XVIIIème siècle fut le siècle de la raison mais aussi des passions. Les philosophes réhabilitent le cœur (jusque là condamné par la Religion comme source de bien des maux), ainsi que la force de l'émotion. Ils ne sont pas insensibles à la force du génie, à l'union de l'âme et des paysages, à la poésie mélancolique des ruines (voir les artiscles sur la peinture de Diderot) Le renouveau, à la fin du siècle, de la mode de l'exotisme (Bernadin de Saint-Pierre publie Paul et Virgine en 1788) donne une vision nouvelle de l'ailleurs. Les pays étrangers ne servent plus seulement à une critique politique, mais témoignent d'un désir de départ, de fuite, d'une satisfaction d'être. Et si le monde européen était trop étroit pour des aspirations encore vagues, mais puissantes? Chateaubriand, à cheval sur le XVIIIème et le XIXème siècles montre les ambiguïtés d'un être favorable à l'Ancien Régime, mais partant à la découverte du Nouveau Monde.

En guise de conclusion

Rappelons qu'il n'est pas de rapport direct de cause à effet entre les œuvres de philosophes et la Révolution. Ceux-ci ont préparé les esprits pour celle-là, ont fait vaciller les bases de l'Ancien Régime, politiques et religieuses, mais ils étaient déjà morts en 1789. Rappelons aussi la phrase de Chateaubriand dans les Mémoires d'outre-tombe : "La révolution était fini lorqu'elle éclata." Rien ne montre mieux l'ambiguïté de notre lecture des philosophes, après les événements de 1789, que la personnalité de Beaumarchais (1732-1799). Il fait dire à Figaro, en présence de son maître : "Qu'avez-vous fait pour tant de biens? Vous vous êtes donné la peine de naïtre et rien de plus". (Le mariage de Figaro, V, 3). Mais si ce propos reçoit une résonance particulière de la Révolution, la société du Mariage de Figaro n'en reste pas moins symbolique de la grâce, de l'élégance et de la légéreté de l'Ancien Régime.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !