Chapitres

  1. 01. Les questions
  2. 02. Les corrections

Nous vous proposons ici de faire de le bilan de votre lecture du roman d'Émile Zola, La Bête humaine (1890).

Les réponses, disponibles plus bas, peuvent également vous servir de fiche de révision ! Nous y résumons tous les points potentiellement importants de l'histoire, à l'appui des citations extraites du livre.

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Les questions

  1. Qui est l'auteur de ce livre ?
  2. À 5 ans près, donnez la date de publication du livre.
  3. À quel mouvement littéraire cette œuvre appartient-elle ?
  4. Citez les deux villes françaises qui se trouvent aux extrémités de la ligne de chemin de fer.
  5. Citez quatre trios qui balisent le roman (certains personnages peuvent appartenir à plusieurs trios).
  6. Quel est le cadeau offert par Séverine à Roubaud au début du roman ?
  7. À propos de quel objet éclate la dispute initiale entre Roubaud et Séverine ?
  8. Qu'arrive-t-il au président Grandmorin ?
  9. Comment s'appelle la machine préférée de Jacques ?
  10. Pour quelle raison Mme Lebleu est-elle en conflit avec les Roubaud ?
  11. Quand les pulsions de Jacques se manifestent-elles ? Citez deux personnes qui les provoquent.
  12. Quelle est l'obsession de Roubaud dans la deuxième moitié du texte ?
  13. Que désire Misard tout au long du texte ?
  14. À cause de quoi la locomotive préférée de Jacques a-t-elle été abîmée une première fois ?
  15. Qui est Philomène Sauvagnat ?
  16. Comment se termine le roman pour Pecqueux et Jacques ? Qui est dans le train à ce moment-là ?
  17. Quelle est la vision du progrès offerte à Zola par la fin du texte ?
  18. Quels animaux meurent en même temps qu'est détruite la locomotive de Jacques ?
  19. Donnez trois « personnages » que l'on peut qualifier de « bête humaine ». Justifiez vos choix.
  20. Quel acte criminel a commis Flore ? Pour quelle raison ? Que fait-elle ensuite ?

Les corrections

  1. Qui est l'auteur de ce livre ?

La Bête humaine est un roman écrit par Émile Zola.

Il est né le 2 avril 1840 et mort le 29 septembre 1902, à Paris.

Il est le principal théoricien du naturalisme et a conçu l’œuvre-monde Les Rougon-Macquart, qui dépeint la société française sous le Second Empire et qui met en scène la famille du même nom, sur plusieurs générations, chacun des membres représentant une époque et une génération particulière.

Il est également le célèbre auteur de l’article « J’accuse… ! », paru dans L’Aurore en janvier 1898, où il prend fait et cause pour Dreyfus. Cette publication lui vaudra un procès pour diffamation et un exil à Londres.

Il témoigne en cela d'une tendance à la prise de position politique et tels sont ses romans – politiques et sociétaux –, qu’il veut souvent dénonciateurs de la misère matérielle humaine.

2. À 5 ans près, donnez la date de publication du livre.

La Bête humaine a été publié en 1890, à la fin du XIXème siècle. C'est le dix-septième volume de la série Les Rougon-Macquart, qui compte en tout vingt romans.

3. À quel mouvement littéraire cette œuvre appartient-elle ?

La Bête humaine, comme tout roman de la série des Rougon-Macquart, est une œuvre naturaliste.

Dans Les Romanciers naturalistes, en 1881, Émile Zola écrit :

« Notre héros n'est plus le pur esprit, l'homme abstrait du XVIIIème siècle. Il est le sujet physiologique de notre science actuelle, un être qui est composé d'organes et qui trempe dans un milieu dont il est pénétré à chaque heure. »

Le naturalisme consiste en la recherche des causes du vice dans l'hérédité. Aussi Zola, en tant que romancier naturaliste se fait « observateur et expérimentateur » :

  • Observateur, car l'auteur recueille les informations sur la société, les milieux, les conditions de vie, l'environnement
  • Expérimentateur, car l'auteur construit une trame qui développe une mécanique d'enchaînement des faits, déterminés par des principes liés au milieu et à l'hérédité

« Ma façon de procéder est toujours celle-ci : d'abord, je me renseigne par moi-même, par ce que j'ai vu et entendu ; ensuite, je me renseigne par les documents écrits, les livres sur la matière, les notes que me donnent mes amis ; et enfin, l'imagination, l'intuition plutôt, fait le reste. Cette part de l'intuition est chez moi très grande, plus grande, je crois, que vous ne la faites. Comme le disait Flaubert, prendre des notes, c'est être simplement honnête ; mais les notes prises, il faut savoir les mépriser. »

Lettre du 27 juin 1890 à Jules Héricourt

Le personnage naturaliste est ainsi la conséquence fatale de constantes physiques, sociales et biologiques. Le romancier naturaliste a un but moral.

« Nous sommes les juges d'instruction des hommes et de leurs passions, c'est-à-dire des moralistes expérimentateurs. »

Emile Zola, Le Roman expérimental, 1890

     4. Citez les deux villes françaises qui se trouvent aux extrémités de la ligne de chemin de fer.

Les deux villes que relie la ligne du chemin de fer sont Paris et Le Havre.

Où se passe la nouvelle « En Voyage » de Guy de Maupassant ?
Claude Monet, La gare Saint-Lazare, arrivée d’un train, 1877

5. Citez quatre trios qui balisent le roman (certains personnages peuvent appartenir à plusieurs trios).

Comme trios emblématiques, on peut citer :

  • Roubaud, Jacqueline Roubaud et Jacques Lantier : ils sont liés en ce qu'ils savent tous les trois qui a tué Grandmorin. Sans compter que Jacques Lantier est l'amant de Jacqueline Roubaud.
  • Jacques Lantier, Pecqueux et la Lison : la Lison est indéniablement un personnage à part entière du roman. Dès lors, il est normal qu'elle forme un trio avec son chauffeur et son mécanicien.
  • Phasie, Misard et Flore : les trois vivent ensemble dans la petite maison de Croix-de-Maufras.
  • Jacques Lantier, Pecqueux et Philomène : c'est le dernier trio du roman, en termes chronologiques, et c'est par sa formation que s'explique la mort des deux premiers. Là encore, il s'agit de Jacques Lantier amant de Philomène.

6. Quel est le cadeau offert par Séverine à Roubaud au début du roman ?

Séverine offre un couteau à son mari, comme en témoigne cet extrait du chapitre 1 :

— Oh ! oui. Je vais te conter… Mais, auparavant, mangeons. Ce que j’ai faim !… Ah ! écoute, j’ai un petit cadeau. Dis : Mon petit cadeau.

Elle lui riait dans le visage, de tout près. Elle avait fourré sa main droite dans sa poche, où elle tenait un objet, qu’elle ne sortait pas.

— Dis vite : Mon petit cadeau.

Lui, riait aussi, en bon homme. Il se décida.

— Mon petit cadeau.

C’était un couteau qu’elle venait de lui acheter, pour en remplacer un qu’il avait perdu et qu’il pleurait, depuis quinze jours. Il s’exclamait, le trouvait superbe, ce beau couteau neuf, avec son manche en ivoire et sa lame luisante. Tout de suite, il allait s’en servir. Elle était ravie de sa joie ; et, en plaisantant, elle se fit donner un sou, pour que leur amitié ne fût pas coupée.

7. À propos de quel objet éclate la dispute initiale entre Roubaud et Séverine ?

La dispute entre Roubaud et Séverine éclate à cause d'une bague que celle-ci porte au doigt, et qui lui a été offerte par le président Grandmorin :

Tous deux étaient tombés assis au bord du lit. Il se passa la main sur la face, comme pour s’en ôter la cuisson qui le brûlait. En le voyant redevenu sage, elle, gentille, se pencha, lui posa un gros baiser sur la joue, voulant lui montrer qu’elle l’aimait bien tout de même. Un instant, ils restèrent de la sorte, sans parler, à se remettre. Il lui avait repris la main gauche et jouait avec une vieille bague d’or, un serpent d’or à petite tête de rubis, qu’elle portait au même doigt que son alliance. Toujours il la lui avait connue là.

— Mon petit serpent, dit Séverine d’une voix involontaire de rêve, croyant qu’il regardait la bague et éprouvant l’impérieux besoin de parler. C’est à la Croix-de-Maufras, qu’il m’en a fait cadeau, pour mes seize ans.

Roubaud leva la tête, surpris.

— Qui donc ? le président ?

Lorsque les yeux de son mari s’étaient posés sur les siens, elle avait eu une brusque secousse de réveil. Elle sentit un petit froid glacer ses joues. Elle voulut répondre, et ne trouva rien, étranglée par la sorte de paralysie qui la prenait.

— Mais, continua-t-il, tu m’as toujours dit que c’était ta mère qui te l’avait laissée, cette bague.

Encore à cette seconde, elle pouvait rattraper la phrase, lâchée dans un oubli de tout. Il lui aurait suffi de rire, de jouer l’étourdie. Mais elle s’entêta, ne se possédant plus, inconsciente.

8. Qu'arrive-t-il au président Grandmorin ?

Le président Grandmorin est assassiné dans un wagon de train par le couple Roubaud. C'est par les yeux de Jacques Lantier que le lecteur le découvre :

Jacques vit d’abord la gueule noire du tunnel s’éclairer, ainsi que la bouche d’un four, où des fagots s’embrasent. Puis, dans le fracas qu’elle apportait, ce fut la machine qui en jaillit, avec l’éblouissement de son gros œil rond, la lanterne d’avant, dont l’incendie troua la campagne, allumant au loin les rails d’une double ligne de flamme. Mais c’était une apparition en coup de foudre : tout de suite les wagons se succédèrent, les petites vitres carrées des portières, violemment éclairées, firent défiler les compartiments pleins de voyageurs, dans un tel vertige de vitesse, que l’œil doutait ensuite des images entrevues. Et Jacques, très distinctement, à ce quart précis de seconde, aperçut, par les glaces flambantes d’un coupé, un homme qui en tenait un autre renversé sur la banquette et qui lui plantait un couteau dans la gorge, tandis qu’une masse noire, peut-être une troisième personne, peut-être un écroulement de bagages, pesait de tout son poids sur les jambes convulsives de l’assassiné. Déjà, le train fuyait, se perdait vers la Croix-de-Maufras, en ne montrant plus de lui, dans les ténèbres, que les trois feux de l’arrière, le triangle rouge.

9. Comment s'appelle la machine préférée de Jacques ?

La machine adorée de Jacques s'appelle La Lison. Voir le chapitre V :

Ainsi que les autres machines de la Compagnie de l’Ouest, en dehors du numéro qui la désignait, elle portait le nom d’une gare, celui de Lison, une station du Cotentin. Mais Jacques, par tendresse, en avait fait un nom de femme, la Lison, comme il disait, avec une douceur caressante.

Et, c’était vrai, il l’aimait d’amour, sa machine, depuis quatre ans qu’il la conduisait. Il en avait mené d’autres, des dociles et des rétives, des courageuses et des fainéantes ; il n’ignorait point que chacune avait son caractère, que beaucoup ne valaient pas grand’chose, comme on dit des femmes de chair et d’os ; de sorte que, s’il l’aimait celle-là, c’était en vérité qu’elle avait des qualités rares de brave femme. Elle était douce, obéissante, facile au démarrage, d’une marche régulière et continue, grâce à sa bonne vaporisation.

10. Pour quelle raison Mme Lebleu est-elle en conflit avec les Roubaud ?

Madame Lebleu et les Roubaud sont en conflit puisque les seconds aimeraient récupérer son appartement, de bien meilleure qualité que le leur. Voir le chapitre III :

La rivalité, de plus en plus envenimée entre les Lebleu et les Roubaud, était simplement née d’une question de logement. [...] Sur le devant, habitaient le chef de gare, le sous-chef Moulin et les Lebleu ; sur le derrière, les Roubaud, ainsi que la buraliste, mademoiselle Guichon, sans compter trois pièces, qui étaient réservées aux inspecteurs de passage. Or, il était notoire que les deux sous-chefs avaient toujours logé côte à côte. Si les Lebleu étaient là, cela venait d’une complaisance de l’ancien sous-chef, remplacé par Roubaud, qui, veuf sans enfants, avait voulu être agréable à madame Lebleu, en lui cédant son logement. Mais est-ce que ce logement n’aurait pas dû faire retour aux Roubaud ? Est-ce que cela était juste, de les reléguer sur le derrière, quand ils avaient le droit d’être sur le devant ?

11. Quand les pulsions de Jacques se manifestent-elles ? Citez deux personnes qui les provoquent.

Les pulsions de Jacques se manifestent en même temps que le désir sexuel, c'est-à-dire face à des femmes qui provoquent son envie.

La première occurence de cette ambiguïté, c'est avec Flore, la fille de Tante Phasie, au chapitre II :

Alors, lui, haletant, s’arrêta, la regarda, au lieu de la posséder. Une fureur semblait le prendre, une férocité qui le faisait chercher des yeux, autour de lui, une arme, une pierre, quelque chose enfin pour la tuer. Ses regards rencontrèrent les ciseaux, luisant parmi les bouts de corde ; et il les ramassa d’un bond, et il les aurait enfoncés dans cette gorge nue, entre les deux seins blancs, aux fleurs roses. Mais un grand froid le dégrisait, il les rejeta, il s’enfuit, éperdu ; tandis qu’elle, les paupières closes, croyait qu’il la refusait à son tour, parce qu’elle lui avait résisté.

La deuxième fois, c'est évidemment avec Séverine, qu'il finira d'ailleurs par tuer (au chapitre VIII) :

Alors, il ne lutta plus, resta sur le dos, en proie à cette vision obstinée. Il entendait en lui le labeur décuplé du cerveau, un grondement de toute la machine. Cela venait de très loin, de sa jeunesse. Pourtant, il s’était cru guéri, car ce désir était mort depuis des mois, avec la possession de cette femme ; et voilà que jamais il ne l’avait ressenti si intense, sous l’évocation de ce meurtre, que, tout à l’heure, serrée contre sa chair, liée à ses membres, elle lui chuchotait. Il s’était écarté, il évitait qu’elle ne le touchât, brûlé par le moindre contact de sa peau. Une chaleur insupportable montait le long de son échine, comme si le matelas, sous ses reins, se fût changé en brasier. Des picotements, des pointes de feu lui trouaient la nuque. Un moment, il essaya de sortir ses mains de la couverture ; mais tout de suite elles se glaçaient, lui donnaient un frisson. La peur le prit de ses mains, et il les rentra, les joignit d’abord sur son ventre, finit par les glisser, par les écraser sous ses fesses, les emprisonnant là, comme s’il eût redouté quelque abomination de leur part, un acte qu’il ne voudrait pas et qu’il commettrait quand même.

Enfin, Jacques se retrouve en proie à cette même pulsion dans le dernier chapitre du roman, avec cette fois Philomène :

Maintenant, l’angoisse du désir renaissait plus vive, pleine d’une sourde épouvante, à la tenir ainsi, contre son corps. Cependant, il était bien guéri, l’expérience était faite, puisqu’il l’avait déjà possédée, la chair calme, pour se rendre compte. Son excitation devint telle, que la peur d’une crise l’aurait fait se dégager de ses bras, si l’ombre qui la noyait ne l’avait rassuré ; car jamais, même aux pires jours de son mal, il n’aurait frappé sans voir. Et, tout d’un coup, comme ils passaient près d’un talus gazonné, dans un chemin désert, et qu’elle l’y entraînait, s’allongeant, le besoin monstrueux le reprit, il fut emporté par une rage, il chercha parmi l’herbe une arme, une pierre, pour lui en écraser la tête. D’une secousse, il s’était relevé, et il fuyait déjà, éperdu, et il entendit une voix d’homme, des jurons, toute une bataille.

12. Quelle est l'obsession de Roubaud dans la deuxième moitié du texte ?

Dans la deuxième moitié du texte, Roubaud, le mari de Séverine, se prend de passion pour le jeu. Voir le chapitre IX :

La vérité était que Roubaud, à présent, vivait au premier étage du café du Commerce, dans la petite salle écartée, devenue peu à peu un tripot. On racontait que des femmes s’y rendaient, chaque nuit ; mais on n’y en aurait trouvé réellement qu’une, la maîtresse d’un capitaine en retraite, âgée d’au moins quarante ans, joueuse enragée elle-même, sans sexe. Le sous-chef ne satisfaisait là que la morne passion du jeu, éveillée en lui, au lendemain du meurtre, par le hasard d’une partie de piquet, grandie ensuite et changée en une habitude impérieuse, pour l’absolue distraction, l’anéantissement qu’elle lui procurait. Elle l’avait possédé jusqu’à chasser le désir de la femme, chez ce mâle brutal ; elle le tenait désormais tout entier, comme l’assouvissement unique, où il se contentait.

13. Que désire Misard tout au long du texte ?

Misard est le mari de tante Phasie, le beau-père de Flore. Il est obsédé par la petite somme d'argent que sa femme cache quelque part dans la maison, et dont elle ne veut pas lui révéler la cachette. Il espère découvrir le magot une fois Phasie morte empoisonnée à petites doses par ses soins, mais n'y parviendra pas. Voir par exemple le chapitre XI :

Après la fièvre des premières fouilles, Misard, en effet, venait de retomber à son flegme, d’une douceur sournoise d’être fragile qui craint les chocs. Au fond, il avait eu beau la manger, sa femme triomphait quand même ; car il restait battu, il retournait la maison, sans rien découvrir, pas un centime ; et ses regards seuls, des regards inquiets et fureteurs, disaient sa préoccupation, dans sa face terreuse.

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14. À cause de quoi la locomotive préférée de Jacques a-t-elle été abîmée une première fois ?

Au chapitre VII, la Lison, la locomotive adorée de Jacques Lantier, souffre du froid, jusqu'à tomber en panne :

La neige qu’elle repoussait, faisait une barre devant elle, bouillonnait et montait, en un flot révolté qui menaçait de l’engloutir. Un instant, elle parut débordée, vaincue. Mais, d’un dernier coup de reins, elle se délivra, avança de trente mètres encore. C’était la fin, la secousse de l’agonie : des paquets de neige retombaient, recouvraient les roues, toutes les pièces du mécanisme étaient envahies, liées une à une par des chaînes de glace. Et la Lison s’arrêta définitivement, expirante, dans le grand froid. Son souffle s’éteignit, elle était immobile, et morte.

15. Qui est Philomène Sauvagnat ?

Philomène Sauvagnat est la sœur du chef de dépôt, une commère insatiable qui habite dans le même immeuble que les Roubaud. Elle est surtout la maîtresse de Pecqueux, le chauffeur de la Lison, et deviendra l'amante de Jacques Lantier. On la découvre d'abord au chapitre III :

Mais il se tut, en voyant sortir d’un hangar, contre lequel ils se trouvaient, une grande femme sèche, Philomène Sauvagnat, la sœur du chef de dépôt, l’épouse supplémentaire que Pecqueux avait au Havre, depuis un an. Tous deux devaient être à causer sous le hangar, lorsque lui s’était avancé pour appeler le sous-chef. Elle, encore jeune malgré ses trente-deux ans, haute, anguleuse, la poitrine plate, la chair brûlée de continuels désirs, avait la tête longue, aux yeux flambants, d’une cavale maigre et hennissante. On l’accusait de boire. Tous les hommes de la gare avaient défilé chez elle, dans la petite maison que son frère occupait près du Dépôt des machines, et qu’elle tenait fort salement.

16. Comment se termine le roman pour Pecqueux et Jacques ? Qui est dans le train à ce moment-là ?

Pecqueux et Jacques meurent tous les deux dans une bagarre qui les oppose, alors qu'ils sont dans le wagon de tête du train qui remplace la Lison, morte. Leur affrontement est provoqué par la relation que Jacques entretient avec Philomène, la maîtresse de Pecqueux.

La machine roulait, roulait, le train venait de sortir du tunnel à grand fracas, et il continuait sa course, au travers de la campagne vide et sombre. La station de Malaunay fut franchie, dans un tel coup de vent, que le sous-chef, debout sur le quai, ne vit même pas ces deux hommes, en train de se dévorer, pendant que la foudre les emportait.

Mais Pecqueux, d’un dernier élan, précipita Jacques ; et celui-ci, sentant le vide, éperdu, se cramponna à son cou, si étroitement, qu’il l’entraîna. Il y eut deux cris terribles, qui se confondirent, qui se perdirent. Les deux hommes, tombés ensemble, entraînés sous les roues par la réaction de la vitesse, furent coupés, hachés, dans leur étreinte, dans cette effroyable embrassade, eux qui avaient si longtemps vécu en frères. On les retrouva sans tête, sans pieds, deux troncs sanglants qui se serraient encore, comme pour s’étouffer.

Il y a à ce moment-là dans le train tout un régiment de soldat, conscrits pour la guerre franco-prussienne de 1870 :

Le train qui devait partir vers six heures, fut retardé. Il était nuit déjà, lorsqu’on embarqua les soldats comme des moutons, dans des wagons à bestiaux. On avait simplement cloué des planches en guise de banquettes, on les empilait là-dedans, par escouades, bourrant les voitures au-delà du possible ; si bien qu’ils s’y trouvaient assis les uns sur les autres, quelques-uns debout, serrés à ne pas remuer un bras. Dès leur arrivée à Paris, un autre train les attendait, pour les diriger sur le Rhin.

17. Quelle est la vision du progrès offerte à Zola par la fin du texte ?

Zola offre une vision du progrès relativement pessimiste, dans la mesure où le train, emblème de cette modernité, se fait un conducteur de la mort, puisqu'il emporte les soldats vers la guerre. C'est le sens pathétique du dernier paragraphe du roman :

Qu’importaient les victimes que la machine écrasait en chemin ! N’allait-elle pas quand même à l’avenir, insoucieuse du sang répandu ? Sans conducteur, au milieu des ténèbres, en bête aveugle et sourde qu’on aurait lâchée parmi la mort, elle roulait, elle roulait, chargée de cette chair à canon, de ces soldats, déjà hébétés de fatigue, et ivres, qui chantaient.

18. Quels animaux meurent en même temps qu'est détruite la locomotive de Jacques ?

La Lison, en succombant au piège tendu par Flore, percute les chevaux de Cabuche, qui sont eux des imprévus du plan fatal. Voir le chapitre X :

Alors, à vingt mètres d’eux, du bord de la voie où l’épouvante les clouait, Misard et Cabuche les bras en l’air, Flore les yeux béants, virent cette chose effrayante : le train se dresser debout, sept wagons monter les uns sur les autres, puis retomber avec un abominable craquement, en une débâcle informe de débris. Les trois premiers étaient réduits en miettes, les quatre autres ne faisaient plus qu’une montagne, un enchevêtrement de toitures défoncées, de roues brisées, de portières, de chaînes, de tampons, au milieu de morceaux de vitre. Et, surtout, l’on avait entendu le broiement de la machine contre les pierres, un écrasement sourd terminé en un cri d’agonie. La Lison, éventrée, culbutait à gauche, par-dessus le fardier ; tandis que les pierres, fendues, volaient en éclats, comme sous un coup de mine, et que, des cinq chevaux, quatre, roulés, traînés, étaient tués net. La queue du train, six wagons encore, intacts, s’étaient arrêtés, sans même sortir des rails.

Que raconte La bête humaine, d'Émile Zola ?
Franz Marc : Chevaux au pâturage, 1910

19. Donnez trois « personnages » que l'on peut qualifier de « bête humaine ». Justifiez vos choix.

En premier lieu, la « bête humaine » centrale du roman est évidemment Jacques Lantier. Il est une bête humaine, ou il en abrite une ; c'est en effet par ces mots qu'il décrit ses pulsions meurtrières, celles-là qui le prennent au moment de posséder une femme. Par exemple, au chapitre VIII :

Il ne voyait plus que ce couteau, un petit couteau à bout pointu. Le jour qui grandissait, toute la lumière blanche des deux fenêtres n’entrait maintenant que pour se refléter dans cette mince lame. Et la terreur de ses mains les lui fit enfoncer davantage sous son corps, car il les sentait bien qui s’agitaient, révoltées, plus fortes que son vouloir. Est-ce qu’elles allaient cesser de lui appartenir ? Des mains qui lui viendraient d’un autre, des mains léguées par quelque ancêtre, au temps où l’homme, dans les bois, étranglait les bêtes !

Roubaud possède également quelques-uns des attributs de la bête. C'est de lui que vient l'idée de tuer Grandmorin, ce qui le place directement dans le champ de la bestialité. Surtout, ses pulsions bestiales à lui étaient perceptible dès la première scène avec Séverine, à travers son désir sexuel débordant et son vif emportement colérique :

La fureur de Roubaud ne se calmait point. Dès qu’elle semblait se dissiper un peu, elle revenait aussitôt, comme l’ivresse, par grandes ondes redoublées, qui l’emportaient dans leur vertige. Il ne se possédait plus, battait le vide, jeté à toutes les sautes du vent de violence dont il était flagellé, retombant à l’unique besoin d’apaiser la bête hurlante au fond de lui. C’était un besoin physique, immédiat, comme une faim de vengeance, qui lui tordait le corps et qui ne lui laisserait plus aucun repos, tant qu’il ne l’aurait pas satisfaite.

La Lison peut également être considérée comme une « bête humaine », mais dans un autre sens que pour les précédents. Tout au long du roman, la locomotive est personnifiée, considérée comme une femme dans l'esprit de Jacques, tandis qu'elle n'est, en réalité, qu'une machine. Cela lui confère le statut littéral de bête humaine, c'est-à-dire de monstre vivant. Nombreux sont les passages qui en témoignent - par exemple, au chapitre X, au moment de sa mort :

La Lison, renversée sur les reins, le ventre ouvert, perdait sa vapeur, par les robinets arrachés, les tuyaux crevés, en des souffles qui grondaient, pareils à des râles furieux de géante. Une haleine blanche en sortait, inépuisable, roulant d’épais tourbillons au ras du sol ; pendant que, du foyer, les braises tombées, rouges comme le sang même de ses entrailles, ajoutaient leurs fumées noires. La cheminée, dans la violence du choc, était entrée en terre ; à l’endroit où il avait porté, le châssis s’était rompu, faussant les deux longerons ; et, les roues en l’air, semblable à une cavale monstrueuse, décousue par quelque formidable coup de corne, la Lison montrait ses bielles tordues, ses cylindres cassés, ses tiroirs et leurs excentriques écrasés, toute une affreuse plaie bâillant au plein air, par où l’âme continuait de sortir, avec un fracas d’enragé désespoir.

Mais il y a aussi Pecqueux, qui devient une « bête brute » sous l'effet de l'alcool, Cabuche, qualifié de « loup-garou », Grandmorin, un prédateur sexuel, ... Il n'y a que ça, des bêtes humaines, dans La Bête humaine !

20. Quel acte criminel a commis Flore ? Pour quelle raison ? Que fait-elle ensuite ?

Flore, rendue folle de jalousie par la liaison de Jacques avec Séverine, décide de se venger en provoquant un accident sur la ligne Paris-Le Havre, celle qu'emprunte la Lison, où se trouvent toujours à bord les deux amants (chapitre X) :

Elle recommencerait, elle souffrait trop. Les voir, les voir ainsi chaque semaine aller à l’amour, cela était au-dessus de ses forces. Maintenant qu’elle était certaine de ne jamais posséder Jacques à elle seule, elle préférait qu’il ne fût plus, qu’il n’y eût plus rien. Et cette lugubre chambre où elle veillait l’enveloppait de deuil, sous un besoin grandissant de l’anéantissement de tout. Puisqu’il ne restait personne qui l’aimât, les autres pouvaient bien partir avec sa mère. Des morts, il y en aurait encore, et encore, et on les emporterait tous d’un coup. Sa sœur était morte, sa mère était morte, son amour était mort : quoi faire ? être seule, rester ou partir, seule toujours, lorsqu’ils seraient deux, les autres. Non, non ! que tout croulât plutôt, que la mort, qui était là, dans cette chambre fumeuse, soufflât sur la voie et balayât le monde !

Mais, une fois l'acte commis, elle est prise de remords : l'accident n'aura permis qu'à rapprocher davantage les deux amants, tous les deux encore bien vivants, malgré le nombre élevé de victimes. Elle s'enfuit alors le long de la voie ferrée, et se tue contre un train qui passe (chapitre X) :

Et elle marchait toujours, elle se dirigeait droit à cette fournaise, pour ne pas manquer la machine, fascinée ainsi qu’un insecte de nuit, qu’une flamme attire. Et, dans l’épouvantable choc, dans l’embrassade, elle se redressa encore, comme si, soulevée par une dernière révolte de lutteuse, elle eût voulu étreindre le colosse, et le terrasser. Sa tête avait porté en plein dans le fanal, qui s’éteignit.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !