La
dernière neige

Le
narrateur, un jeune homme pauvre, travaille dans un hospice.

     Il faisait
beau, et à l'hospice le travail ne manquait pas. Les vieux avaient très
envie en ce moment de se promener dans le parc. L'été leur faisait du
bien. Ils souriaient, ils tenaient mieux sur leurs jambes que pendant
l'hiver. Ils arboraient des écharpes en couleur et des chapeaux antiques.
Ils me payaient bien mieux que les jours où il faisait mauvais. Mon travail
consistait à leur tenir le bras et à me promener avec eux dans le parc
de l'hospice. Nous faisions une ou plusieurs fois le tour des grands arbres
au fond du parc, et revenions vers les bancs. Je les aidais à se rasseoir,
et c'est alors qu'ils me payaient. Je n'avais pas de tarif, ils me donnaient
ce qu'ils voulaient. Parfois ils n'avaient pas d'argent sur eux, leur
porte-monnaie était resté dans leur chambre. Ils étaient désolés et je
leur disais que ça ne faisait rien. Parfois ils pensaient à me payer le
lendemain, parfois non. Qu'ils me payent tout de suite ou non, je retournais
ensuite chez Borgman, le concierge. J'allais m'asseoir dans sa petite
maison à l'entrée de l'hospice. Depuis la fenêtre, je surveillais les
bancs installés autour d'un jardin rond qui était planté de fusains et
d'arbustes à fleurs. Les vieux savaient que j'étais là. Ils regardaient
vers la fenêtre de Borgman quand ils voulaient aller faire le tour des
grands arbres, et ils me faisaient signe de venir. (...)
Les vieux, je les aimais tous bien. Mais
ceux qui me payaient le mieux la promenade, je finissais malgré moi par
les aimer un peu plus que les autres. Ils avaient tous beaucoup de choses
à me raconter, et parfois c'était intéressant de les écouter.
Par exemple il y avait des écureuils dans
les arbres. C'était toujours difficile de les apercevoir, mais, lorsque
cela arrivait, le vieil homme ou la vieille femme à mon bras se souvenait
toujours d'un jour lointain où il avait vu un écureuil. Même les vieux
les plus ténébreux, ceux qui ne me parlaient pas tandis que nous marchions,
même ceux-là avaient leur regard qui s'éclairait lorsqu'ils voyaient un
écureuil. Se déroulait en eux, j'en suis certain, une lointaine histoire
d'écureuil.
Pendant la promenade, nous croisions d'autres
vieux qui marchaient seuls et dignement. Ils semblaient glisser au ralenti
sur le gravier. Leur indépendance, leurs bonnes jambes étaient pou moi
un manque à gagner. Mais ils savaient, comme je le savais, qu'un jour
ou l'autre, fatalement, ils auraient besoin que je leur tienne le bras.
En fin d'après-midi, tous rentraient dîner. Borgman fermait sa maison
et la porte de l'hospice. Il allait aider aux cuisines pour le service
du soir, et moi je rentrais à la maison.

Robert Mingarelli,
La Dernière Neige.

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C'est parti

Première partie (25 points)

Questions (15 points)

A) L'HOSPICE : (6 points)

1. a) Expliquez ce qu'est dans ce texte un "hospice".

....b) Comment appelle-t-on, plus fréquemment, ce type d'établissement ? (1 point)

2. a) Quel est le temps verbal dominant du premier paragraphe ?

....b) Précisez la catégorie grammaticale du mot "vieux" dans le texte. Quel est le pronom personnel sujet qui reprend
ce mot dans le premier paragraphe ?

....c) Quel est l'effet produit par l'emploi de ce temps, et par la répétition de ce mot et de ce pronom ? (2,5 points)

3. a) En quoi la promenade que le narrateur propose aux vieillards, dans le premier paragraphe, est-elle caractéristique de l'univers de l'hospice
?

....b) Quelle forme d'évasion permet-elle cependant dans la suite du texte ?

....c) Quel mot symbolise cette évasion dans le troisième paragraphe ? (2,5 points)

B) LE NARRATEUR : (4 points)

4. a) Quel verbe répété systématiquement pouvez-vous relever dans les premier et deuxième paragraphes ?

....b) En quoi est-il révélateur de la principale raison qui pousse le narrateur à faire ce travail ? (1,5 point)

5. a) Comment est construite chacune des deux premières phrases du deuxième paragraphe ?

....b) Quel est le connecteur qui unit ces deux phrases ?

....c) En quoi permet-il de mieux comprendre la relation entre le narrateur et les vieillards ? (2,5 points)

C) LES VIEILLARDS : (5 points)

6. Relevez dans le texte trois éléments qui montrent que les vieillards n'ont perdu ni le goût de la vie ni leur dignité. (2 points)

7. Expliquez la phrase : "leur indépendance, leurs bonnes jambes étaient pour moi un manque à gagner".(1 point)

8. a) A quel temps est conjugué le verbe avoir dans la phrase : "Mais ils savaient, comme je le savais, qu'un jour ou l'autre, fatalement, ils auraient besoin que je leur tienne le bras."? Expliquez l'emploi de ce temps.

....b) Quelle nuance de sens ajoute l'emploi de l'adverbe "fatalement" ? (2 points)

Réécriture (5 points)

"Les vieux avaient très envie en ce moment de se promener dans le parc. L'été leur faisait du bien. Ils souriaient, ils tenaient mieux sur leurs jambes que pendant l'hiver. Ils arboraient des écharpes en couleur et des chapeaux antiques."

Réécrivez ce passage en faisant parler un vieux pensionnaire qui imagine ce que sera l'été. Vous utiliserez donc la première personne du singulier et du futur.

Dictée (5 points)

Marguerite DURAS,
L'Amant

     C'était toujours
les mêmes départs. La séparation d'avec la terre s'était toujours faite dans
la douleur et le même désespoir, mais ça n'avait jamais empêché les hommes
de partir...
Lorsque l'heure du départ approchait, le bateau lançait trois coups de sirène,
très longs, d'une force terrible, ils s'entendaient dans toute la ville et
du côté du port le ciel devenait noir. Les remorqueurs s'approchaient alors
du bateau et le tiraient vers la travée centrale de la rivière. Lorsque c'était
fait, les remorqueurs larguaient leurs amarres et revenaient vers le port.
Alors le bateau encore une fois disait adieu, il lançait de nouveau ses mugissements
terribles et si mystérieusement tristes qui faisaient pleurer les gens, non
seulement ceux du voyage, ceux qui se séparaient mais ceux qui étaient venus
regarder aussi, et ceux qui étaient là sans raison précise, qui n'avaient
personne à qui penser.

Seconde partie (15 points)

Sujet

Le narrateur, rentrant chez lui, rencontre un de ses camarades. Il évoque son travail à l'hospice et l'argent qu'il y gagne... Son ami ne pense pas qu'on puisse se faire payer pour cette activité.

Imaginez cette scène en incluant dans votre récit un dialogue au cours duquel les interlocuteurs échangent leurs arguments.

Il sera tenu compte dans l'évaluation de la correction de la langue et de l'orthographe.

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Aucune information ? Sérieusement ?Ok, nous tacherons de faire mieux pour le prochainLa moyenne, ouf ! Pas mieux ?Merci. Posez vos questions dans les commentaires.Un plaisir de vous aider ! :) 5,00 (1 note(s))
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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !