Bel-Ami

Le héros, Georges Duroy, est journaliste dans un grand quotidien
parisien à la fin du XIXe siècle. Provoqué par le rédacteur d'un autre
journal, il décide de se battre en duel, au pistolet, pour défendre son
honneur. Le duel aura lieu le lendemain, à l'aube...

Dès qu'il fut au lit, il souffla sa lumière et ferma les yeux.
Il avait très chaud dans ses draps, bien qu'il fît très froid dans sa
chambre, mais il ne pouvait parvenir à s'assoupir. Il se tournait et se
retournait, demeurait cinq minutes sur le dos, puis se plaçait sur le
côté gauche, puis se roulait sur le côté droit.
Il avait encore soif. Il se releva pour boire, puis une inquiétude le
saisit : "Est-ce que j'aurais peur ?"
Pourquoi son cœur se mettait-il à battre follement à chaque bruit connu
de sa chambre ?
Quand son coucou allait sonner, le petit grincement du ressort lui faisait
faire un sursaut ; et il lui fallait ouvrir la bouche pour respirer pendant
quelques secondes, tant il demeurait oppressé.
Il se mit à raisonner en philosophe sur la possibilité de cette chose
: "Aurais-je peur ?"
Non certes il n'aurait pas peur puisqu'il était résolu à aller jusqu'au
bout, puisqu'il avait cette volonté bien arrêtée de se battre, de ne pas
trembler. Mais il se sentait si profondément ému qu'il se demanda : "Peut-on
avoir peur malgré soi ?"
Et ce doute l'envahit, cette inquiétude, cette épouvante ! Si une force
plus puissante que sa volonté, dominatrice, irrésistible, le domptait,
qu'arriverait-il ? Oui, que pouvait-il arriver ?
Certes il irait sur le terrain puisqu'il voulait y aller. Mais s'il tremblait
? Mais s'il perdait connaissance ? Et il songea à sa situation, à sa réputation,
à son avenir.
Et un singulier besoin le prit tout à coup de se relever pour se regarder
dans sa glace. Il ralluma sa bougie. Quand il aperçut son visage reflété
dans le verre poli, il se reconnut à peine, et il lui sembla qu'il ne
s'était jamais vu. Ses yeux lui parurent énormes ; et il était pâle, certes,
il était pâle, très pâle.
Tout d'un coup, cette pensée entra en lui à la façon d'une balle : "Demain,
à cette heure-ci, je serai peut-être mort." Et son cœur se remit à battre
furieusement.
Il se retourna vers sa couche et se vit distinctement étendu sur le dos
dans ces mêmes draps qu'il venait de quitter. Il avait ce visage creux
qu'ont les morts et cette blancheur des mains qui ne remueront plus. Alors
il eut peur de son lit, et afin de ne plus le voir il ouvrit la fenêtre
pour regarder dehors.

Guy de Maupassant,
Bel-Ami

Les meilleurs professeurs de Français disponibles
Cristèle
4.9
4.9 (85 avis)
Cristèle
100€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Sophie
4.9
4.9 (33 avis)
Sophie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julie
5
5 (97 avis)
Julie
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Adélie
5
5 (65 avis)
Adélie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Albane
4.9
4.9 (144 avis)
Albane
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Jules
5
5 (35 avis)
Jules
70€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Angélique
5
5 (62 avis)
Angélique
25€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Chrys
5
5 (201 avis)
Chrys
87€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Cristèle
4.9
4.9 (85 avis)
Cristèle
100€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Sophie
4.9
4.9 (33 avis)
Sophie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julie
5
5 (97 avis)
Julie
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Adélie
5
5 (65 avis)
Adélie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Albane
4.9
4.9 (144 avis)
Albane
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Jules
5
5 (35 avis)
Jules
70€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Angélique
5
5 (62 avis)
Angélique
25€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Chrys
5
5 (201 avis)
Chrys
87€
/h
Gift icon
1er cours offert !
C'est parti

Questions (15 points)

UN RECIT (3,5 points)

1) a) - Qui raconte et à quelle personne est faite la narration
? Justifiez votre réponse par une citation du texte. (0,5 pt)
b) - Relevez un passage au style direct. Qui s'exprime
? (0,5 pt)

2) Justifiez l'emploi du présent "ont" de "Il avait ce visage creux"
à "ne remueront plus", dans un récit écrit au passé. (0,5 pt)

3) a) Relevez du début du texte jusqu'à "Est-ce que j'aurais peur ?"
et de "Et un singulier besoin" jusqu'à la fin les connecteurs temporels qui
font progresser le récit. (1 pt)
b) Comment s'explique selon vous la présence
de nombreux paragraphes ? (0,5 pt)
c) Caractérisez à l'aide d'un adjectif qualificatif
le rythme ainsi créé. (0,5 pt)

UN SENTIMENT (5,5 points)

4) a) Quel sentiment domine le personnage ? Dites en quoi il
est lié aux circonstances. (1 pt)
b) Faites un relevé des termes du lexique qui marquent
cette émotion. (1 pt)
c) Montrez par trois exemples au moins comment cette
émotion se traduit physiquement. (1,5 pt)

5) De "Quand il aperçut" à "énormes" :
a) Relevez deux termes de nature grammaticale différente
qui traduisent le trouble du personnage. (0,5 pt)
b) Dites quel est le point de vue adopté par le narrateur.
(0,5 pt)

6) Diriez-vous de la fin du texte qu'elle est fantastique, tragique,
dramatique ?
Justifiez votre réponse par deux exemples. (1 pt)

UN DISCOURS (6 points)

7) De "Il se mit à raisonner" jusqu'à "à son avenir", relevez et placez
dans un tableau les connecteurs qui mettent en évidence les quatre rapports
logiques suivants : la cause ; la conséquence ; l'opposition ; l'hypothèse.
(2 pts)

8) Dans le passage argumenté (de "Non certes" jusqu'à "que pouvait-il
arriver ?"), dites ce qui, du sentiment ou de la raison, l'emporte dans l'esprit
du personnage. Vous justifierez votre réponse en vous appuyant sur les outils
grammaticaux et lexicaux et le rythme. (2 pts)

9) Identifiez avec précision les formes verbales en "... rais" et en
"... rait" de "Il se mit à raisonner" jusqu'à "voulait y aller.". (1 pt)
Justifiez. (1 pt)

Réécriture (4 points)

Recopiez le passage de "Et un singulier besoin..." jusqu'à "...
jamais vu", en opérant simultanément les transformations suivantes :

· Le récit sera fait par une narratrice et à la 1ère personne
du singulier
· "visage" sera remplacé par "traits"
· "dans le verre" sera remplacé par "sur la surface".

Dictée (6 points)

Guy de Maupassant, Bel-Ami

     Duroy marmottait
toujours :
"Quand on commandera feu, j'élèverai le bras".
Et il pensa qu'un accident de voiture arrangerait tout. Oh ! Si on pouvait
verser, quelle chance ! S'il pouvait se casser une jambe !
Mais il aperçut au bout d'une clairière une
autre voiture arrêtée et quatre messieurs qui piétinaient pour s'échauffer
les pieds ; et il fut obligé d'ouvrir la bouche tant sa respiration devenait
pénible.
Les témoins descendirent d'abord, puis le médecin et le combattant. Rival
avait pris la boîte aux pistolets et il s'en alla, avec Boisrenard, vers deux
des étrangers qui venaient à eux. Duroy les vit se saluer avec cérémonie puis
marcher ensemble dans la clairière en regardant tantôt par terre et tantôt
dans les arbres, comme s'ils avaient cherché quelque chose qui aurait pu tomber
ou s'envoler. Puis ils comptèrent des pas et enfoncèrent avec grand-peine
deux cannes dans le sol gelé. Ils se réunirent ensuite en groupe et ils firent
les mouvements du jeu de pile ou face, comme des enfants qui s'amusent.

Rédaction

Vous racontez, dans votre journal intime, un moment de grande peur qui eut
une fin heureuse.
Vous ferez alterner récit et expression des sentiments et vous ne manquerez
pas d'inclure dans un passage argumenté votre combat entre la peur et la raison.

Il sera tenu compte, dans l'évaluation, de la présentation, de la correction
de la langue et de l'orthographe.

Vous avez aimé cet article ? Notez-le !

Aucune information ? Sérieusement ?Ok, nous tacherons de faire mieux pour le prochainLa moyenne, ouf ! Pas mieux ?Merci. Posez vos questions dans les commentaires.Un plaisir de vous aider ! :) 5.00 (1 note(s))
Loading...

Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !