Chapitres
- 01. Texte du sujet
- 02. Mots difficiles
Texte du sujet
Il était une fois un calife d'Ispahan qui avait perdu son cuisinier. Il ordonna donc à
son intendant de se mettre en quête d'un nouveau chef digne de remplir les fonctions de
chef des cuisines du palais.
Les jours passèrent. Le calife s'impatienta et convoqua son intendant.
- Alors ? As-tu trouvé l'homme qu'il nous faut ?
- Seigneur, je suis bien embarrassé, répondit l'intendant. Car je n'ai pas trouvé un
cuisinier, mais deux tout à fait dignes de remplir ces hautes fonctions, et je ne sais
comment les départager.
- Qu'à cela ne tienne, dit le calife, je m'en charge. Dimanche prochain, l'un de ces
deux hommes désigné par le sort nous fera festoyer, la cour et moi-même. Le dimanche
suivant, ce sera au tour de l'autre. A la fin de ce second repas, je désignerai le vainqueur
de cette plaisante compétition.
Ainsi fut fait. Le premier dimanche, le cuisinier désigné par le sort se chargea du
déjeuner de la cour. Tout le monde attendait avec la plus gourmande curiosité ce qui allait
être servi. Or la finesse, l'originalité, la richesse et la succulence des plats qui se
succédèrent sur la table dépassèrent toute attente. L'enthousiasme des convives était tel
qu'ils pressaient le calife de nommer sans plus attendre chef des cuisines du palais
l'auteur de ce festin incomparable. Quel besoin avait-on d'une autre expérience ? Mais le
calife demeura inébranlable. "Attendons dimanche, dit-il, et laissons sa chance à l'autre
concurrent."
Une semaine passa, et toute la cour se retrouva autour de la même table pour
goûter le chef-d'oeuvre du second cuisinier. L'impatience était vive, mais le souvenir
délectable du festin précédent créait une prévention(1) contre lui.
Grande fut la surprise générale quand le premier plat arriva sur la table : c'était le
même que le premier plat du premier banquet. Aussi fin, original, riche et succulent, mais
identique. Il y eut des rires et des murmures quand le deuxième plat s'avéra à son tour
reproduire fidèlement le deuxième plat du premier banquet. Mais ensuite un silence
consterné pesa sur les convives, lorsqu'il apparut que les plats suivants étaient eux aussi
les mêmes que ceux du dimanche précédent. Il fallait se rendre à l'évidence : le second
cuisinier imitait point par point son concurrent.
Or chacun savait que le calife était un tyran ombrageux(2), et ne tolérait pas que
quiconque se moquât de lui, un cuisinier moins qu'aucun autre, et la cour tout entière
attendait épouvantée, en jetant vers lui des regards furtifs, la colère dont-il allait foudroyer
d'un instant à l'autre le fauteur(3) de cette misérable farce. Mais le calife mangeait
imperturbablement.
Michel Fournier, Les Deux Banquets ou la commémoration, Gallimard, 1989.
Mots difficiles
1 Prévention : idée négative
2 Ombrageux : qui se vexe facilement
3 Fauteur : responsable
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merci a clement M continuer je veux avoir mon brevet mention tres bien comme mets brevet blanc j ai partout plus que 16 a part en francais j ai tjr des 14 15