La première guerre mondiale a profondément ébranlé l'Europe. Principal théâtre des opérations pendant 4 ans, elle sort du conflit diminuée démographiquement et sinistrée sur le plan économique et commercial. D'autre part, elle est bouleversée par les changements territoriaux, politiques et sociaux. Enfin, la fin de la guerre marque le recul de la civilisation européenne sur de nombreux plans.

La guerre a fauché 9 millions de jeunes hommes et 5 millions de victimes civiles par surcroît de décès. Il s'en suivra une baisse de la population active, donc des forces créatrives (10% pour la France, autant pour l'Allemagne). En outre, des millions d'hommes rentrent chez eux blessés ou invalides (4 millions pour la France).

L'Europe connaît de graves déficits. la balance commerciale, celle des paiements est lourdement grevée, et la dette publique tellement accrue que les monnaies européennes sont fortement dépréciées. L'Europe n'est plus comme avant le banquier du monde.

Le prix de la guerre est élevé. On l'estime à 300 milliards de dollars dont les trois quart à l'Europe.

Les USA sortent plus riches et plus puissantes d'une guerre où leur rôle fut décisif.  Autrefois débiteur de l'Europe, ils en deviennent les créanciers réclamant des dettes de guerre à leurs anciens alliés. Dans le réglement de la paix, le président WSilson essaiera de faire prévaloir ses vues. Le Japon, à la faveur de la guerre, a remplacé les pays européens sur les marchés de l'extrême Orient pour les produits textiles et les constructions navales. D'autre part, il entend développer son influence en Chine.

L'hégémonie commerciale de l'Europe est compromise. Les voies de communication et les moyens de transport terrestres et navals ont beaucoup souffert par la destruction ou l'usure du matériel. Les circuits commerciaux sont désorganisés au détriment de l'Europe par les bouleversements territoriaux résultant des traités de paix. Profitant de l'effacement momentané de l'Europe, les U.S.A. et le Japon ont pris sa place sur de nombreux marchés en Amérique latine et en Asie.

La production agricole a diminué. C'est le résultat de la dévastation des terres dans les régions où l'on s'est battu. En France, 3 millions d'hectare sont ravagés et la production céréalière est tombé de 40%.

L'industrie européenne est éprouvée. Les dégats sont importants surtout en France où la région minière et sidérurgique du Nord a été détruite.

En 1920, l'Europe est morcelé. Par le traité de Versaille (1919), l'Allemagne restituait l'Alsace-lorraine à la France et concédait des territoires à l'Est au profit de la Pologne. Le traité de Saint Germain avec l'Autriche, de Trianon avec la Hongrie, de Neuilly avec la Bulgarie, de Sèvres avec la Turquie imposent aux vaincus de lourds sacrifices territoriaux. Sur les ruines de l'empire austro-hongrois trois nouveaux états apparaissent: l'Autriche, la Hongrie, la Tchécoslovaquie. D'autres parties de l'État des Habsbourg contribuent à former la nouvelle Yougoslavie et la nouvelle Pologne.

Les traités de paix n'ont pas apporté l'apaisement en dépit des efforts pour reconstruire une carte de l'Europe plus conforme aux voeux des nationalités. Chez les vaincus, mécontents de leur sort, gronde un nationalisme intransigeant. Pour l'Allemagne, le traité de Versailles est un "diktat". Pour l'Italie, il s'agit d'une "victoire mutilée".

En apparence, la fin de la guerre marque la victoire du libéralisme et de la démocratie. La guerre a provoqué l'effondrement des trois grandes monarchies autoritaires et l'extension du régime parlementaire de type européen. L'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, les états successeurs de cet empire (Tchécoslovaquie, Pologne) adoptent des constitutions démocratiques. Partout s'impose le suffrage universel.

En fait, la démocratie est attaquée. Elle est contestée sur deux fronts:

- à gauche, par le socialisme marxiste. En effet, le triomphe des Bolchéviks en 1917 en Russie stimule l'élan révolutionnaire chez les peuples las de la guerre. Des mouvements révolutionnaires éclatent dès 1918 en Allemagne, en Hongrie, des grêves en Italie et en France; ils seront rapidement réprimé entre 1919 et 1920.

- à droite, la démocratie est menacée par les idéologies nationalistes et revanchardes. La peur de la contagion bolchévique assure le succès des idées autoritaires fascistes, prônant le culte du chef. En 1922, elles triomphent en Italie avec l'accession au pouvoir de Mussoloni.

La guerre a modifié les conditions sociales. À côté de ceux qui ont fait des "affaires" grâce à la guerre (les nouveaux riches), d'autres ont été durement touchés dans leurs familles, leurs personnes ou leurs biens. C'est le cas nottament des paysans, des rentiers, de la petite bourgeoisie et de la masse des salariés. Cet appauvrissement et cette amertume vont aggraver les tensions sociales.

Les défaites subies au cours de la guerre par la France et l'Angleterre ont ébranlé leur prestige militaire et, par contre-coup, celui de l'homme blanc. Dès la fin de la guere, des mouvements d'indépendance se développent dans les milieux intellectuels des colonies anglaises (Inde nottament) et françaises (Indochine et Afrique du Nord).

L'Europe conserve un rôle intellectuel important, souvent brillant, dans le domaine des arts et des lettres mais elle n'en a plus le monopôle. Le recul est encore plus net dans le domaine scientifique comme le prouve l'attribution de prix Nobel à des savants non européens.

L'Europe sort donc de la guerre meurtrie, bouleversée et amoindrie. La guerre a accéléré un déclin déjà amorcé en 1914. Mais surtout, la "paix des vainqueurs" porte en elle les germes d'un nouveau conflit.

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Olivier

Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !