La description fait partie des différents moments que comporte un roman, entre les récits d'action ou les dialogues. Il s'agit pour nous de la définir correctement, d'en comprendre les enjeux et d'en parcourir les différentes formes.

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Définition

Un roman peut renfermer quatre modalités de traitement de la durée de l'histoire par rapport à la durée du récit (selon la classification par Gérard Genette, dans Figures III) : il y a la scène, le sommaire, la pause et l'ellipse.

ProcédésDurée de l'histoire (DH) vs durée du récit (DR)EnjeuxExemples
EllipseDH>DRLe narrateur/la narration saute un laps de temps au sein de l'histoireUn mois se passa, et un grand calme s’était fait de nouveau dans le logement que les Roubaud occupaient au premier étage de la gare, au-dessus des salles d’attente.
[La Bête humaine, Emile Zola, 1890]
La pauseDR>DHLe narrateur/la narration s'arrête un temps de raconter l'histoire, pour décrire telle ou telle chose, ou pour faire des commentaires. « la neige tombait depuis minuit, en flocons si drus, si gros, qu’il y en avait dans les rues une couche de trente centimètres. »
[Emile Zola, La Bête humaine, 1890]
Le sommaireDH>DRLe narrateur raconte son récit en allant plus vite que la durée (fictive) de l'histoire. « Pendant environ trois mois, la veuve Vauquer profi ta du coiffeur de monsieur Goriot [...]. »
[Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835]
La scèneDH=DRIl y a une pseudo-égalité entre la durée de la narration et ce qui est narré. Les dialogues sont censés être les « scènes » par excellence. « Il hoche la tête, il plisse les paupières, les lèvres… "Non, décidément non, ça ne va pas." Il étend le bras, il le replie… »
[Nathalie Sarraute, Entre la vie et la mort, 1968]

Une description appartient à la « pause », puisque la narration arrête un instant de raconter les événements pour s'attarder sur un objet, sur une situation, ou encore sur un personnage (mais il s'agit alors du cas particulier du portrait).

Quelle est la méthode de la dissertation au lycée ?
Paysage avec Orphée et Eurydice, Nicolas Poussin, XVIIème siècle

Caractéristiques grammaticales et thématiques

La description se laisse facilement reconnaître. Elle regorge généralement de :

  • verbes d'état (« être », « sembler », « avoir l'air », « paraître »)
  • verbes de perception (« voir », « apercevoir », « sentir », « toucher », « remarquer »)
  • connecteurs spatiaux (« à droite », « au-dessus », « en bas », etc.)
  • connecteur temporels (« tandis que », « au moment où », « d'abord », « premièrement », « puis », « ensuite », « après », etc.)
  • des comparaisons (« le soleil est comme une orange. »)
  • des métaphores (« Cette femme est une déesse. »)

Le temps de la description est soit l'imparfait, soit le présent.

A l'imparfait :

« Tout au fond du salon, une jeune fille était assise. Elle semblait triste. Elle portait un chandail bleu et sa jupe en soie s'accordait parfaitement avec lui. »

Sans famille, Hector Malot, 1878

Au présent :

Mais tu n’es même pas malade. Tes jours ni tes nuits ne sont en danger. Tes yeux voient, ta main ne tremble pas, ton pouls est régulier, ton cœur bat. Si tu étais laid, ta laideur serait peut-être fascinante, mais tu n’es même pas laid, ni bossu, ni bègue, ni manchot, ni cul-de-jatte et pas même claudicant.

Un homme qui dort, Georges Perec, 1967

Enfin, au cours d'une description, la question du point de vue (c'est-à-dire : qui voit ?) est essentielle. Voir notre cours sur la focalisation dans le roman.

Fonctions de la description

La description peut recouvrir plusieurs enjeux.

Informer : la fonction narrative

La description des lieux et des objets permet d'abord au lecteur de se projeter plus facilement dans l'histoire. Ainsi, les incipits de roman sont souvent des descriptions qui renseignent sur la nature du lieu où se déroulera une partie ou toute l'histoire. Ainsi de celui de L'éducation sentimentale par Gustave Flaubert (1845) :

Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau, près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard.

Ici, il s'agit d'une description objective : le narrateur est extradiégétique (extérieur à l'histoire), et il présente la situation sans la médiatiser par le regard d'un personnage.

Une fonction esthétique

La description peut être l'occasion, pour un narrateur, de déployer sa virtuosité stylistique. A grand renfort de comparaisons et de métaphores, un paysage devient alors le lieu de tous les rêves.

Ainsi, Marcel Proust, dans Du côté de chez Swann (1913), écrit :

La haie formait comme une suite de chapelles qui disparaissaient sous la jonchée de leurs fleurs amoncelées en reposoir ; au-dessous d’elles, le soleil posait à terre un quadrillage de clarté, comme s’il venait de traverser une verrière ; leur parfum s’étendait aussi onctueux, aussi délimité en sa forme que si j’eusse été devant l’autel de la Vierge, et les fleurs, aussi parées, tenaient chacune d’un air distrait son étincelant bouquet d’étamines, fines et rayonnantes nervures de style flamboyant comme celles qui à l’église ajouraient la rampe du jubé ou les meneaux du vitrail et qui s’épanouissaient en blanche chair de fleur de fraisier.

Cette description, forcément subjective, témoigne de la sensibilité de celui qui décrit : l'analyse du champ lexical de ce genre de passages permettra alors de déterminer, dans une certaine mesure, la personnalité du locuteur, ses inquiétudes, ses rêves.

Comment est présentée Perette par La Fontaine ?
Le Rêve, Gustave Courbet, 1844

Une fonction symbolique

Dans la droite lignée de la description précédente, un paysage ou un objet peut, plus explicitement, servir une analogie symbolique. Le narrateur, se servant des choses devant lui, utilise la description pour en dire plus que ce qu'elle ne dit.

On en trouve un exemple explicite dans Les Rêveries du promeneur solitaire, de Jean-Jacques Rousseau (1782), livre qui a d'ailleurs vocation à établir un parallèle constant entre nature et vie intérieure :

La campagne encore verte et riante, mais défeuillée en partie et déjà presque déserte, offrait partout l’image de la solitude et des approches de l’hiver. Il résultait de son aspect un mélange d’impression douce et triste trop analogue à mon âge et à mon sort pour que je ne m’en fisse pas l’application.

Ici, le narrateur prévient son lecteur : la nature qui perd ses feuilles, c'est l'annonce de la solitude de l'être qui vieillit.

Une fonction argumentative

Par la description, le narrateur peut aussi exprimer un point de vue, soit qu'il l'utilise comme exemple, soit qu'il en fait son argument.

Honorée de Balzac, fervent prosateur du physiognomonisme, en use à l'envi au fil de sa Comédie humaine. Le portrait qu'il fait de la tenancière de la pension, dans Le Père Goriot (1835) en est un parfait exemple :

Cette pièce est dans tout son lustre au moment où, vers sept heures du matin, le chat de madame Vauquer précède sa maîtresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes d'assiettes, et fait entendre son rourou matinal. Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis ; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées. Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet; ses petites mains potelées, sa personne dodue comme un rat d'église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s'est blottie la spéculation et dont madame Vauquer respire l'air chaudement fétide sans en être écoeurée.

Ici, la description de la pension sert Balzac dans son ambition littéraire : montrer que l'environnement interagit avec les êtres humains qu'il accueille.

Comment lire les écrits d'Honoré de Balzac ?
« Balzac, c’est vous, c’est moi. En Balzac, je m’instruis beaucoup, non pas dans le vocabulaire des idées, mais dans celui des choses. » - Alain (philosophe) (source : France Culture)

Exprimer des sentiments

Dans le cadre d'une narration fondée sur une focalisation interne, c'est-à-dire faite à partir du regard de l'un des personnages de l'histoire, la description peut servir à exprimer des états d'âme particuliers et, ainsi, peut exprimer des sentiments.

Par exemple, dans La symphonie pastorale, d'André Gide (1919) :

J'ai noté cette date comme celle d'une naissance. C'était moins un sourire qu'une transfiguration. Tout à coup ses traits s'animèrent ; ce fut comme un éclairement subit, pareil à cette lueur purpurine dans les hautes Alpes qui, précédant l'aurore, fait vibrer le sommet neigeux qu'elle désigne et sort de la nuit ; on eût dit une coloration mystique ; et je songeai également à la piscine de Bethesda au moment que l'ange descend et vient réveiller l'eau dormante.

Ici, la description du sourire est tout à fait subjective : le narrateur, qui décrit le visage de son interlocutrice, le fait à partir de sa propre allégresse.

Saurez-vous reconnaître les fautes dans cette phrase grâce aux cours francais ?

Quelques descriptions particulières...

La langue française étant riche de mots, nous pouvons citer ici quelques descriptions caractéristiques qui bénéficient de termes propres.

La chronographie

C'est la description d'une période, sur le mode du sommaire.

Ainsi, La Chartreuse de Parme, de Stendhal (1839), s'ouvre sur la campagne d'Italie du général Bonaparte :

Le 15 mai 1796, le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi et d'apprendre au monde qu'après tant de siècles César et Alexandre avaient un successeur.

L'ekphrasis

C'est la description, au sein d'un texte littéraire, d'un tableau, d'un objet d'art, d'un dessin...

La description du bouclier d'Achille, dans L'Iliade, passe pour être la première ekphrasis de l'histoire littéraire :

Le bouclier comprend cinq couches. Héphaïstos y crée un décor multiple, fruit de ses savants pensers. Il y figure la terre, le ciel et la mer, le soleil infatigable et la lune en son plein, ainsi que tous les astres dont le ciel se couronne, les Pléiades, les Hyades, la Force d’Orion, l’Ourse […]. Il y figure aussi deux cités humaines – deux belles cités. Dans l’une, ce sont des noces, des festins. […] Autour de l’autre ville campent deux armées, dont les guerriers brillent sous leurs armures […] Il y met aussi une jachère meuble, un champ fertile, étendu et exigeant trois façons. […] Il y met encore un domaine royal. Des ouvriers moissonnent, la faucille tranchante en main. […] Il y met encore un vignoble lourdement chargé de grappes, beau et tout en or […] Il y figure aussi tout un troupeau de vaches aux cornes hautes. […] L’illustre Boiteux y fait aussi un pacage, dans un beau vallon, un grand pacage à brebis blanches, avec étables, baraques couvertes et parcs. […] Il y met enfin la force puissante du fleuve Océan, à l’extrême bord du bouclier solide.

Homère, Iliade, Chant XVIII, v. 481 à 608

Qu'est-ce que l'ekphrasis ?
Reconstitution du bouclier d’Achille par Quatremère de Quincy

L'éthopée

L'éthopée consiste en une description purement morale, qui s'attache aux vices, aux talents ou aux caractères.

Par exemple, Jean de La Bruyère en use lorsqu'il dépeint les Hommes :

Il mange haut et avec grand bruit ; il roule les yeux en mangeant ; la table est pour lui un râtelier ; il écure ses dents, et il continue à manger. Il se fait quelque part où il se trouve, une manière d’établissement, et ne souffre pas d’être plus pressé au sermon ou au théâtre que dans sa chambre.

Jean de La Bruyère, Les CaractèresDe L'Homme, 1688

L'hypotypose

L'hypotypose est une figure de style qui correspond à une description réaliste et animée d'une scène dont on veut donner une représentation imagée.

Rabelais en donne un bon exemple dans son Gargantua :

Il choqua donc si raidement sur eux, sans dire gare, qu'il les renversait comme porcs, frappant à tors et à travers, à la vieille escrime. Aux uns il escarbouillait la cervelle, aux autres rompait bras et jambes, aux autres disloquait les spondyles du col, aux autres démolissait les reins, aplatissait le nez, pochait les yeux, fendait les mâchoires, enfonçait les dents en gueule, abattait les omoplates, meurtrissait les jambes, décrochait les hanches, déboîtait les bras…

Gargantua, Rabelais, chapitre XXVII, 1534

Le portrait

Le portrait est trop connu : il s'agit, sans surprise, de la description d'un personnage. Il est évidemment très fréquent dans la littérature. On peut citer, parmi tant d'autres, la description du bossu de Notre-Dame, par Victor Hugo :

Nous n'essaierons pas de donner au lecteur une idée de ce nez tétraèdre, de cette bouche en fer à cheval, de ce petit oeil gauche obstrué d'un sourcil roux en broussailles, tands que l'oeil droit disparaissait entièrement sous une énorme verrue; de ces dents désordonnées, ébréchées çà et là, comme des créneaux d'une forteresse; de cette lèvre colleuse, sur laquelle une de ces dents empiétait comme la défense d'un éléphant, de ce menton fourchu; et surtout de la physionomie répandue sur tout cela; de ce mélange de malice, d'étonnement et de tristesse. Qu'on rêve, si l'on peut, cet ensemble.

Notre Dame de Paris, Victor Hugo, 1831

et caetera.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.