L’élément commun aux différentes définitions du mot « génération » réside dans la succession. Cette succession est rendue possible par la transmission dont les objets sont multiples et les conditions de réalisation très variées en fonction desdits objets et des circonstances.

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C'est parti

Transmission du nom

La transmission primordiale (première et principale) dans la famille est le nom, le patronyme. C’est le premier héritage de notre vie. Il fixe la filiation, officialise une reconnaissance et définit une origine, une identité. Plusieurs cultures insistent d’ailleurs sur cette dimension d’héritage et de reconnaissance ; c’est le cas des Russes qui dans les grands romans du XIXème siècle attribuent trois noms aux individus : le prénom, celui du père et un patronyme. A cette triple identité s’ajoute souvent un diminutif. C’est ce qui fait souvent dire aux lecteurs de ce type de littérature qu’ils se perdent dans les dénominations, ne sachant plus qui est qui.

Cf. Dostoïevski, Crime et Châtiment.

Le personnage principal se nomme Rodion Romanovitch Raskolnikov ; sa mère le surnomme affectueusement Rodia ; il est le fils de Romanov X Raskolnikov…

Les Portugais portent également un double patronyme scellant leur identité : celui de leur mère et celui de leur père.

A l’inverse, seul l’enfant abandonné n’a pas de patronyme, il est né sous X, il est également dénué de patrimoine. Seul, il doit se construire un nom, un passé, une histoire.

Transmission des valeurs

Hormis le patronyme, la famille assure la transmission des valeurs : elle s’effectue essentiellement par l’éducation.

L’éducation a longtemps désigné les valeurs transmises par les pères (qu’ils soient biologiques ou symboliques) mais également l’ensemble des connaissances qu’il semblait indispensable d’acquérir étant jeune : on nomme ce pan aujourd’hui instruction.

Cf. Rabelais, Pantagruel

Dans la lettre de Gargantua à son fils Pantagruel, Rabelais mêle les deux dimensions. Fier d’avoir une descendance, réalisant ainsi les ordres divins, Gargantua exhorte son fils à tirer profit de la chance qui lui est donnée d’apprendre toutes les choses qui font le monde. La figure de l’homme de la Renaissance se dessine et toutes les disciplines (à l’exception peut-être des sciences occultes ou pseudo-sciences comme l’est l’astrologie)  doivent trouver un écho chez le jeune homme en plein apprentissage. Le père reconnaît que les sources d’enseignement ont changé, qu’une génération nouvelle naît sous ses yeux et qu’il lui faut le meilleur pour surmonter des siècles d’obscurantisme .

Gargantua conseille, oriente, encourage.

Mais réussir l’éducation de son enfant, n’est-ce pas lui transmettre les moyens de se réaliser, à titre personnel. Faire en sorte non plus seulement qu’il soit savant mais qu’il devienne tout simplement un homme, autonome, qui sache comment prendre sa vie en main, seul.

Cf. R.Kipling, If

Dans son poème l’auteur pose les conditions d’un accomplissement. Chaque paragraphe commencé par si, inaugure des conditions de possibilité de ce plein épanouissement. L’étape ultime de ce cahier des charges étant simplement d’être un homme (sous entendu un homme digne d’appartenir à l’humanité, un homme de bien ou simplement bien). Ces conseils sont universels, atemporels.

La passation de pouvoir n’est pas nécessairement inscrite dans un rapport sanguin. Une figure de père peut se substituer au géniteur, avoir la même influence sur la progéniture voire se heurter aux mêmes obstacles.

Cf. Zola, Lettre à la jeunesse

Dans cette lettre, Zola s’adresse à la génération qui le suit, à cette jeunesse qui hérite des actions de ses pères et qui se doit d’être à la hauteur des attentes de ceux-ci. Cette jeunesse doit porter le flambeau transmis par les aïeux, n’oubliant pas ce qu’elle leur doit, poursuivant leurs combats, sans relâche. Or Zola craint une forme d’apathie, un recul des progrès de l’humanité causé par une jeunesse qui ne prend non seulement pas conscience de son rôle fondamental mais semble ignorer le travail passé. La transmission est passation, un héritage actif en somme dont les héritiers sont les garants, par respect et par nécessité, de peur que les avancées d’hier ne se perdent dans les méandres d’un laisser-aller.

Ces formes de transmission sont conçues comme des transmissions unilatérales. Elles semblent ne fonctionner que dans le sens descendant. Pourtant, quand un père transmet des valeurs à son fils, il se voit à travers lui. Cette spécularité (vision en miroir) apport fierté et honneur au père.

De même se voir imiter est source de satisfaction pour un patriarche.

Cf. Corneille, Le Cid

Que Don Rodrigue ait un sens de l’honneur suffisamment aigu pour défendre son père souffleté par un autre au point de perdre la femme qu’il aime rend Don Diègue extrêmement  fier. A cet instant, il sait que son fils est fait de la même « substance » que lui : il reconnaît à travers son comportement les principes moraux selon lesquels il l’a éduqué. Cette spécularité est source de fierté. Il y a succession à son image : plus qu’une transmission, c’est ici un modèle qui est donné à voir, et sur lequel on prend exemple.

A l’inverse, la déception est cruelle et vive quand les pères ne reconnaissent pas leur image dans leur progéniture ; pire encore, ils ne la reconnaissent pas comme telle.

Cf. Molière, Dom Juan

Dom Louis se heurte à un fils indigne de son rang. Dom Juan est cruel, mécréant, malhonnête. Plus encore, il fait honte à ses aïeux en dénaturant une lignée dont il n’est pas la hauteur. Non seulement, Dom Louis ne se reconnaît pas dans les traits de son fils mais le déshonneur dont Dom Juan est à l’origine remonte aux générations précédentes, les salissant. Entre ces deux êtres, une rupture est consommée : la transmission n’a pas eu l’effet escompté et quelque chose comme un maillon s’est brisé.

Il n’est pas rare d’évoquer un conflit de générations. Les enfants peuvent éprouver des difficultés à trouver leur place, voire à se constituer une identité face à un lègue  trop lourd, ou qui ne leur correspond pas. Ce rejet pourrait même être un signe d’autonomie, acte fondateur de l’âge adulte. Freud évoquera le meurtre du père (« tuer le père »), acte symbolique qui permet au jeune adulte de prendre son existence en mains, condition sine qua non de la naissance de l’individu dans toute sa complétude. La liberté est l’enjeu principal de ce type de conflit.

Questions d’héritage

Il n’est pas rare que les questions d’héritage révèlent l’éloignement réel de membres d’une même famille : les conflits latents éclatent, les comportements cachés se montrent au grand jour. Il n’y a sans doute pas d’obligation de fait au sein d’une famille de s’aimer, de se comprendre. Les liens du sang ne font pas nécessairement des rapports chaleureux.

Cf. Mauriac, Le Nœud de Vipères

Louis ne voit dans ses enfants que des conspirateurs affolés par la nature de l’héritage. Prenant en grippe tous les membres de sa famille, il les provoque et cherche sciemment à les priver de cet argent qu’ils semblent attendre avec avidité. Louis aussi a toujours aimé l’argent mais il s’offusque de l’attitude de ses descendants. Ce patriarche revêche ira chercher un fils naturel, source lui aussi de nombreuses déceptions avant de revenir vers ses enfants. Les générations successives (trois générations sont attablées) forment selon le narrateur un véritable nœud de vipères. L’incompréhension qui règne entre les générations est patente. Louisse sentira plus proche du fils de sa belle-sœur, qui n’est rien pour lui en termes de sang, que de certains de ses enfants. Il sentira avec Luc ce besoin de transmettre, trouvera en lui un écho à cette transmission. Il faut attendre la mort inopinée d’Isa, la femme de Louis, pour que les choses soient dites, que les cœurs s’apaisent. Mais le « vieux crocodile » ne rencontrera finalement jamais ses enfants. Alors qu’il les attend à déjeuner ceux-ci ne viennent pas. Les rancoeurs s’effacent pourtant et notre narrateur se tourne vers Dieu.

Il est également des héritages intellectuels ou historiques que des hommes et des femmes se font fort de transmettre. L’Histoire a laissé à certains des marques  (au sens propre comme au sens figuré) dont ils veulent témoigner pour raconter, avertir, transmettre ; parce que nous sommes tous les héritiers de notre Histoire, nous devons tous savoir combien l’homme a été déshumanisé dans les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale. Tel est le combat d’hommes et de femmes victimes de ce traumatisme comme Lucie Aubrac ou encore Primo Levi. Ce dernier dans Si c’est un homme, livre un témoignage poignant de cette période de sa vie. Il ira longtemps dans les établissements scolaires relayer ce témoignage afin qu’on n’oublie ce que des milliers d’hommes et de femmes ont vécu. C’est ce que l’on nomme le devoir de mémoire.

L’héritage, c’est aussi physiologique. On parle alors d’hérédité. En ressemblant physiquement, physiologiquement même à mes parents, je porte en moi la trace de la filiation. J’hérite de traits physiques, de maladies, voire de traits de caractère qui sont autant de marques inscrites dans mon patrimoine génétique.

L’hérédité a passionné Zola. Dans la grande saga des Rougon- Macquart, il dresse l’arbre généalogique d’une famille dont les deux branches principales vont transmettre et exemplifier une tare, héritée d’une aïeule, Tante Dide, Adélaïde Fouque, devenue folle à la suite de plusieurs drames personnels. L’auteur étudie scrupuleusement les modes de transmission et d’actualisation de cette tare à travers chacun des membres de cette famille. S’appuyant sur les travaux de Claude Bernard sur l’hérédité, il opère une typologie complexe des lois de l’hérédité (directe et immédiate, prépondérance de la transmission des caractères, hérédité en retour, d’influence…). Si l’on sait aujourd’hui que ces théories étaient pour le moins fantaisistes, le travail de Zola, généalogiste n’en est pas moins impressionnant.

Cf . Zola, Le Docteur Pascal

C’est le dernier volume du cycle des Rougon-Macquart. Le docteur Pascal, appelé par son prénom et non désigné par son patronyme est le frère d’Eugène et d’Aristide Rougon. Il est passionné, à l’image de l’auteur, et conformément à son modèle, Claude Bernard,  par l’étude de l’hérédité de sa famille mais se sent à l’écart de celle-ci. Il lui semble échapper à la tare congénitale, véritable malédiction qui pèse sur la famille en raison du principe d’innéité. Il développe par lui-même une identité différente de celle de ses congénères ; en ce sens, il apparaît comme hors des siens. Amoureux de sa jeune nièce qu’il héberge et qu’il éduque, il finira par nouer une relation charnelle avec elle accomplissant ainsi son souhait le plus cher : assurer la transmission, avoir un enfant. Bien sûr la dégénérescence de la tare n’est pas la seule source d’explication des comportements déviants des membres de sa famille. Joue aussi chez Zola la prégnance du milieu qui contribue grandement  à cette forme de déterminisme biologique intergénérationnel. Finalement, le docteur Pascal trouvera sa place dans cette généalogie en partie grâce à l’enfant à  naître.

L’hérédité est subie et il est difficile de s’en départir. La transmission relève un peu de la loterie même si l’on sait aujourd’hui comment fonctionne le code génétique.

Les transmissions sont en règle générale des outils de pérennisation au sein de la famille (qui font exister longtemps la branche, son nom, son histoire et ses valeurs), comme au sein de la société : certains acquis professionnels se transmettent par des anciens qu’on rappelle au travail pour assurer le lien avec les nouvelles générations. Les anciens sont en effet détenteurs de savoirs et de savoir-faire qu’ils sont les seuls à pouvoir transmettre.

Mais ces transmissions sont aussi des facteurs importants de rupture : l’inscription dans une filiation ou plus largement dans une génération peut être vécue comme une contrainte.

N’oublions pas que la vision du Moyen-âge par les hommes de la Renaissance est assez sombre. Nous savons aujourd’hui que ces siècles furent passionnants à bien des égards mais ce n’était pas l’avis de ces hommes qui voyaient en la Renaissance une seconde naissance après des siècles d’obscurantisme.

Rappelons ici le double sens que peut prendre ce proverbe : « Il faut que jeunesse se passe ». Il s’agit bien sûr d’excuser les erreurs de jeunesse comme nécessaires en tant qu’elles sont source d’apprentissage mais on peut aussi, comme le fait Mauriac dans Le Jeune homme, évoquer cette période de l’existence comme un mal nécessaire, qu’il est pénible de vivre.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !