Les meilleurs professeurs de Français disponibles
Sophie
4,9
4,9 (33 avis)
Sophie
40€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julie
5
5 (95 avis)
Julie
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Cristèle
4,9
4,9 (84 avis)
Cristèle
100€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Adélie
5
5 (65 avis)
Adélie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Albane
4,9
4,9 (143 avis)
Albane
70€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Koffi felicien
4,9
4,9 (66 avis)
Koffi felicien
21€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Konan pacome
5
5 (48 avis)
Konan pacome
35€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julia
5
5 (46 avis)
Julia
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Sophie
4,9
4,9 (33 avis)
Sophie
40€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julie
5
5 (95 avis)
Julie
75€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Cristèle
4,9
4,9 (84 avis)
Cristèle
100€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Adélie
5
5 (65 avis)
Adélie
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Albane
4,9
4,9 (143 avis)
Albane
70€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Koffi felicien
4,9
4,9 (66 avis)
Koffi felicien
21€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Konan pacome
5
5 (48 avis)
Konan pacome
35€
/h
Gift icon
1er cours offert !
Julia
5
5 (46 avis)
Julia
50€
/h
Gift icon
1er cours offert !
C'est parti

A chaque génération ses caractéristiques

Les jeunes issus de mai 68 n’ont pas grand-chose à voir avec la jeunesse des années 80. Plus encore, d’un pays à l’autre les jeunesses peuvent être dissemblables. Nous avons eu l’occasion d’aborder la jeunesse de 68 dans notre première partie. Pourtant la jeunesse est souvent associée à un âge de revendication, même si cette velléité ne porte pas toujours sur le même objet. Comment les jeunes se voient-ils ? Comme des contestataires d’un système dont les parents, les « vieux » sont les garants. D’où l’idée couramment véhiculée selon laquelle les jeunes sont une génération d’écorchés vifs, qui crient leur malheur, leur rage de vivre ou leur désir de mourir, bref, celui de n’en faire qu’à leur tête. Car c’est au fond toujours de liberté qu’il s’agit, une liberté qui se veut complète, aveugle et souvent oublieuse de ce qu’elle doit aux anciens.

Cf. The Who, My generation (1968) /  Berger- Plamandon,Starmania, “Quand on arrive en ville” (1978)

A dix ans d’écart, ces deux chansons disent au fond la même chose. On  retrouve la même haine des « vieux », le même mépris pour leur vie conventionnelle, la même fierté de faire partie d’une génération rebelle qui se distingue par un langage nouveau, un autre système de morale, bref, des êtres différents ou qui ont l’impression de l’être.

Ce cri de désespoir à dix ans de distance tend bien à montrer que les générations montantes peinent à trouver leur place dans un monde qu’il n’ont pas contribué à faire. Comparez ces deux phrases :

« I hope I die before I get old » (The Who) et « Nous/ tout ce qu’on veut c’est être heureux/ Etre heureux avant d’être vieux/ On n’a pas le temps d’attendre d’avoir trente ans »  (Starmania)

ou encore sur l’incompréhension intergénérationnelle : « And don’t try to dig what we all s-s-say » et « On agit sans mobile, ça vous paraît bizarre »

Tout cela semble insurmontable. « Et pourtant, elle tourne », comme le disait Galilée. La terre n’a en effet pas cessé de tourner sous les menaces de révolte des jeunes générations. D’autant que celles-ci se succèdent.

Différents âges de la vie. Le jeune : un vieux en puissance

Tout différents que soient les âges de la vie, ils ne se succèdent pas moins. Plus encore, cette succession opère sur un même individu jusqu’à son terme inéluctable : la mort.

Cf. Hans Baldung, Les trois âges de la femme et la Mort (1509-1510)

Cette vision transgénérationnelle apparaît bien dans le tableau de Baldung. Si l’enfant joue, la jeune femme mire sa beauté pendant qu’il en est encore temps, bien qu’elle paraisse insouciante. La femme mûre quant à elle semble repousser la mort qui se profile, menaçante, un sablier à la main.

La jeunesse est rapidement rattrapée par ce qu’elle espère fuir ou ce qu’elle conspue.

            Cf. Dino Buzzatti, Le K, « Chasseurs de vieux »

Dans cette nouvelle, le personnage principal Roberto Saggini a 46 ans. Un soir, il se fait prendre en chasse par un groupe de jeunes qui en veulent à sa vie et tentent de le supprimer. L’attitude agressive de ces jeunes n’a pas d’autres mobiles qu’une ségrégation fondée sur l’âge: « tapez-lui dessus à ce sale vieux » s’écrie le chef de file de ce mouvement. L’un des agresseurs n’est d’ailleurs autre que le propre fils de Roberto. Finalement, ils parviennent à achever cet homme, traqué comme du gibier. Mais le temps fait son œuvre  et bientôt c’est le chef de file lui-même qui se sent vieillir et mis lui aussi en danger par une jeunesse des plus hargneuses.

« Le problème des jeunes ! Cet éternel tourment, qui depuis des millénaires s’était résolu sans drame de père en fils, explosait finalement. »

Entre confort et malaise. Du risque de la marginalisation

Appartenir à une génération semble une fatalité. On incarne malgré soi une génération, celle du Club Dorothée, comme celle de Zidane ou encore celle du baby-boom. Il y a dans cette appartenance quelque de chose de réconfortant. On se sent chez soi parmi les membres de sa génération ; ce cocon permet une identification, rassure : c’est un signe de reconnaissance. Nous partageons la même histoire, avons connu les mêmes difficultés ou les mêmes plaisirs, avons été élevés selon des valeurs communes à la génération de nos parents. Nous sommes tous frères d’une même époque et cousins par les vêtements, la musique, les films…

Pourtant notre génération nous renvoie une image de nous-mêmes que nous n’acceptons pas nécessairement. Et le cocon devient rapidement carcan.

Il y a en effet aussi dans cette prise de conscience quelque chose de douloureux, voire de liberticide. Si je n’adhère pas aux idées (aux modes, aux goûts…) qui fondent ma génération, il m’est souvent pénible de me distinguer.

Imaginez une seconde que je souhaite troquer mes jeans contre une robe en dentelle avec col Claudine et des chaussures plates à boucles(1)…Je peux le faire ; rien, officiellement, ne m’en empêche. Pourtant, je risque d’être la risée de tous, de mes collègues, de mes voisins de mes amis, quelle que soit d’ailleurs la génération à laquelle ces gens-là appartiennent. Parce qu’ils savent mon âge et qu’ils ont identifié la génération à laquelle j’appartiens, ils m’associent immédiatement aux critères de reconnaissance de celle-ci, critères que je ne remplis pas avec cette tenue. Je suis donc tenue à l’écart, voire moquée, bref tout me laisse à penser que je suis a-normale.

Imaginez alors que ce soit sur le plan des idées que je me distingue. La réaction des autres serait plus vive encore. Des femmes comme Coco Chanel ouFrançoise Sagan ou encoreSimone de Beauvoir ont incarné ces ruptures fortes. Elles ont attisé des jugements virulents contre elles parce qu’elles refusaient d’être de leur temps. Si elles se sont imposées, c’est uniquement par leur force de caractère. Leur talent a fait le reste. Plus encore, ce sont elles qui ont influencé leur génération et surtout les générations ultérieures. Mais cela ne s’est pas fait sans mal.

La marginalisation est toujours possible mais sa difficulté montre bien que le plus simple est d’accepter les diktats de sa génération. On ne se libère de ce carcan qu’au prix d’une marginalisation dont il faut ensuite assumer les conséquences.

Brouillage des générations

On assiste depuis quelques années à un phénomène nouveau. Les limites qui permettaient jusqu’alors de différencier les générations s’estompent. Des tranches d’âge nouvelles ont fait leur apparition au fil du temps qui mettent en avant des critères de reconnaissance. Entre l’enfance et l’âge adulte (qui n’a pas de nom de français…) ont émergé l’adolescence, puis l’adulescence. Mais les contours sont fluctuants et si propres aux individus (on dit alors qu’ils sont idiosyncrasiques) qu’il paraît difficile de les généraliser.

Dans un mouvement contraire, non plus d’analyse mais de synthèse, on constate que les grands-parents se sentent plus jeunes. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir réunies cinq ou six générations. Les familles recomposées donnent également souvent lieu à des phénomènes inédits : des pères de famille ont des enfants d’un second mariage qui ont l’âge de leurs petits-enfants. Les oncles sont alors plus jeunes que leurs neveux.

Cf. Famille Hallyday. Les enfants adoptifs du patriarche sont plus jeunes que les enfants de David, fils de Johnny

Il n’est pas vain de se demander si, dans ces conditions, les anciennes catégories familiales qui permettaient une identification des générations ne sont pas devenues caduques.

Même le seuil discriminant de la période de l’accès au travail s’étiole. Beaucoup de jeunes commencent à travailler à 16 ans quand d’autres poursuivant leurs études ne peuvent subvenir à leurs besoins avant l’âge de 30 ans.

Les générations se brouillent et il n’est pas rare qu’on prenne une mère et sa fille pour des sœurs tant elles semblent appartenir à la même génération.

Cf. Campagne de publicité du Comptoir des Cotonniers : « mère et fille »

Mêmes centres d’intérêt, tenues similaires (puisqu’elles trouvent toutes les deux à se vêtir sous une même enseigne) voire mêmes goûts musicaux (à travers les émissions de téléréalité qui fédèrent des générations), on ne parvient que difficilement à distinguer l’une de l’autre.

Plus grave, se pose le problème de l’autorité. Comment celle que je vois comme mon double peut-elle prétendre à me dicter mes lois ? Pour éviter les conflits, les familles favorisent une permissivité et les figures tutélaires tendent à déléguer leur pouvoir aux institutions et notamment à l’école.

(1)J’ai en tête cette tenue désuète que porte le personnage de ce film terrible Esther, sorti en 2010.

(2) Notons que dans le Docteur Pascal de Zola, cinq générations déjà sont réunies autour de la Tante Dide.

Vous avez aimé cet article ? Notez-le !

Aucune information ? Sérieusement ?Ok, nous tacherons de faire mieux pour le prochainLa moyenne, ouf ! Pas mieux ?Merci. Posez vos questions dans les commentaires.Un plaisir de vous aider ! :) 4,00 (2 note(s))
Loading...

Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !