Les buts poursuivis, nous l’avons vu au cours de notre étude, sont multiples et largement corrélés à la nature protéiforme du rire.

Avant d’analyser les fonctions proprement dites du rire, rappelons simplement que, hormis quelques penseurs isolés, tout le monde s’accorde à dire que rire fait du bien.

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C'est parti

Les bienfaits du rire

Parce qu’il prend sa source dans la physiologie, le rire apporte un réconfort physique : il détend les mâchoires, fait du bien au moral (par la sécrétion d’endorphines, ces hormones du bonheur), permet de vivre plus vieux, contribue à muscler les abdominaux…bref, c’est un concentré de santé. Seules les esthéticiennes vous préviendront d’un effet pervers…les rides qu’il occasionne !

D’aucuns l’ont bien compris qui organisent des séances collectives de rire : une thérapie a même été créée sur la base de ces assertions : rire ensemble, même de façon forcée, c’est toujours un bienfait. La gélothérapie vous invite donc à rire de concert, sans raison, en vous entraînant comme lors d’une séance de sport pour permettre d’évacuer les tensions, de manifester votre joie, d’alléger vos soucis. Cela ne paie pas vos factures ni ne règle vos soucis domestiques ou professionnels, cela fait juste du bien et permettrait même d’aborder lesdits problèmes sous un autre angle, plus posément.

Le rire divertissant

Producteur de joie, le rire divertit. Il faut pour saisir toute la portée de cette fonction revenir à la conception austère mais authentique étymologiquement de Pascal sur la notion de divertissement. L’auteur des Pensées se méfie du divertissement parce que, du point de vue de l’étymologie, divertir c’est détourner (de di-vertere). L’homme cherche donc des divertissements à tout prix pour éviter d’avoir à penser à l’essentiel. Or le fondement de l’humanité selon Pascal, auteur rappelons-le de « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant »[1], c’est la conscience nécessaire d’une faiblesse, d’une faille : la mort  qui l’attend irrémédiablement. Pour éviter de penser à sa condition, de penser sa fébrile condition, l’homme use et abuse de tous les moyens : il se détourne par le divertissement. Il reçoit, sort, rencontre l’autre…tout est bon selon lui pour éviter l’introspection, par crainte de se voir confronté à la Faucheuse. La mélancolie, qui est sans doute l’état le plus opposé au rire, est d’ailleurs propice à la réflexion métaphysique. Le rire, au contraire, est dans la spontanéité (donc dans l’instant) mais aussi dans la communauté (ancré dans une collectivité) et comme tel n’a pas pour vocation première de faire réfléchir sur notre humaine condition.

Il distrait donc et nous en avons besoin. Il détourne momentanément des préoccupations ; il est du côté de la vie, de l’instant, du carpe diem.

Faire un bon mot est aussi l’assurance pour un rhéteur d’être écouté : les pédagogues, héritiers de Rousseau, savent bien que l’attention ne saurait se maintenir trop longtemps en tension. Relâcher cette tension par une anecdote ou une blague permet de se réapproprier l’attention de l’auditoire. Lors de rendez-vous particulièrement tendus, une entrée en piste par un trait d’esprit est souvent appréciée : il met l’interlocuteur dans de bonnes conditions[2].

Enfin, le rire soulage comme en témoignent les clowns de l’association Gai rire (superbe jeu de mot sur « guérir ») qui se sont donné comme mission de remettre un peu de gaîté dans le quotidien des enfants hospitalisés. Parce que la maladie plonge certains enfants dans une lucidité d’adulte face à l’existence et sa fragilité, les clowns passent dans les chambres pour leur changer les idées. Et les effets sont probants ! Les enfants, le temps d’une farce, retrouvent leur insouciance et oublient quelques instants leur situation[3].

Un instrument didactique

Rire n’est pas seulement un passe-temps divertissant. Ce peut être également un instrument destiné à faire passer un message. C’est sa fonction didactique.

Les méthodes contemporaines d’apprentissage des langues chez les très jeunes publics prônent un enseignement ludique : apprendre en s’amusant est toujours plus intéressant que sous la contrainte[4].

Les propos ironiques permettent, quant à eux, de véhiculer un message sous une forme détournée, indirecte. Les hommes des Lumières ont souvent utilisé cet instrument pour défendre leurs idées afin d’éviter la censure.

Cf. Voltaire, Candide, épisodes de l’autodafé (chap. 6) et de l’esclave (chap. 19)

C’est cette fonction, éminemment précieuse, qui nous conduirait spontanément à affirmer que l’on peut, voire que l’on doit, rire de tout. Tout ce qui peut faire l’objet d’un enseignement doit pouvoir passer par le rire, même les choses les plus graves, les plus douloureuses, les plus pénibles. Parce que, par le rire, le message passe mieux et la réalité est comme mise à distance. On peut donc plus facilement réfléchir, appréhender un phénomène. Bien sûr, nous verrons que ce n’est pas toujours évident, pas plus que cela n’est souhaitable.

Une arme critique

Corriger, critiquer, dénoncer…toutes ces fonctions peuvent se servir du rire comme vecteur et avec un gage de réussite qu’il ne faut pas négliger.

Depuis Molière qui souhaitait corriger les mœurs jusqu’aux Guignols qui épinglent nos hommes médiatiques, l’humour se donne comme une arme contre les attitudes bien-pensantes ou les abus de certaines classes sociales.

Les caricatures constituent un bon exemple de l’utilisation de cette arme. Plantu (comme l’a fait Daumier avant lui) réagit sur tous les sujets d’actualité, même les plus brûlants : les religions, les décisions politiques, les phénomènes sociétaux en général, tout y passe.

Document : Plantu, dossier

La comédie est également un genre critique. Ce sera en particulier le cas au 18ème siècle avec des auteurs comme Beaumarchais ou encore Marivaux. Ce dernier dans L’île des esclaves crée une véritable utopie sur le mode des Saturnales romaines. Maîtres et esclaves abordent sur une île atypique dans laquelle les valets prennent le pouvoir sur leurs maîtres. La pièce est l’occasion pour Cléanthis et Arlequin de brocarder et d’imiter ceux-ci. Leur faire endurer les mêmes choses que ce qu’ils sont habitués à faire avec eux constitue le ressort principal de cette comédie. La dimension critique à l’échelle de la société est puissante, même si l’intrigue se situe dans une Grèce atemporelle.

Rappelons cette formule latine reprise dans la préface de Tartuffe de Molière : « Castigat ridendo mores », « Elle [la comédie] corrige les mœurs par le rire »

Cf. Marivaux, L’île des esclaves (1725)

Notons pour terminer que la condition de possibilité de ce mode d’expression reste évidemment la liberté et que certains, qui la tenaient pour la valeur ultime, ont souvent payé ce choix de leur vie.

Les fonctions quotidiennes, subalternes

Il existe encore quelques cas circonstanciés et quotidiens sur lesquels le rire exerce un pouvoir.

Rire permet en effet souvent de ne pas perdre la face. Reprenons ces cas de chutes que nous évoquions au début de ce cours : si vous tombez sans vous blesser, rien de tel pour éviter le rire moqueur que de rire le premier. Le rire du témoin ne sera pas alors dirigé contre vous. Vous aurez le sentiment d’un rire communicatif plus que d’un rire moqueur et votre honneur, si l’on peut encore parler ainsi, sera sauf. La blessure d’orgueil peut être évitée par ce moyen. Rien ne change véritablement d’ailleurs, sinon votre façon de percevoir le rire de l’autre. C’est un leurre, mais salvateur. On rejoint ici la notion de dédramatisation : vous mettez à distance votre chute comme si vous n’étiez pas directement concerné par elle, mais qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre.

Le rire est également un instrument de séduction. Tous les comiques vous le diront : faire rire l’autre c’est déjà exercer un pouvoir sur lui. Parce que le rire crée une complicité entre les rieurs, on a la sensation de se sentir plus proche, presque déjà intime avec celui qui nous fait rire. Des gens laids mais drôles ont statistiquement plus de chances de séduire que des canons officiels de beauté. La beauté d’ailleurs se fane plus vite que l’humour. C’est donc un pari sur l’avenir que vous faites en cédant aux charmes impérissables du comique.

Le cas Dom Juan : Le type même du séducteur qu’incarne Dom Juan n’a pas su attirer la bienveillance de son public féminin ; or ce n’est pas sa grossièreté, sa goujaterie qui le pénalisent le plus, c’est son manque d’humour : si Molière l’avait conçu drôle, jamais on ne se serait offusqué de son attitude. Les spectateurs seraient tombés sous son charme et lui auraient sans doute pardonné ses frasques. Mais c’est un personnage sombre, cynique, hypocrite et s’il finit par être drôle, c’est bien malgré lui.

Enfin, comme la musique, le rire adoucit les mœurs. Il désamorce les tensions, amène le rire de l’autre et permet une meilleure communication. Encore faut-il rire des mêmes choses !

Références

[1] Pascal, Pensées, fragments 347-348, Éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1976, pp. 1156-1157.

[2] A condition bien sûr de ne pas heurter l’auditoire par des propos outranciers ou vulgaires, généralement du plus mauvais effet.

[3] Voyez aussi l’étonnant docteur Patch (Adams), ce médecin américain, par ailleurs clown professionnel.

[4] Notons toutefois qu’il ne faut pas que ces méthodes écartent de l’enseignement les logiques de rigueur ou encore le sens de l’effort. Or, ce sont les tendances de ces pédagogies un peu béates et c’est dommage. Maria Montessori, en revanche, ne dissociera pas l’intérêt par le jeu du goût de l’effort.

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !