Lesage, Histoire de Gil Blas
de Santillane (1735)

Livre 1, chapitre 15. On me servit une copieuse...

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C'est parti

Explication

Inspiré des romans picaresques espagnols, le récit de L’Histoire de Gil Blas
de Santilane est conduit par le personnage lui-même, devenu vieux.

Fils de petites gens, Gil Blas a cependant pu bénéficier d’une certaine
instruction. Montrant des dispositions intellectuelles, il est envoyé à
Salamanque pour y poursuivre ses études. En cours de route, il sauve une riche
demoiselle, attaquée par des bandits. Elle lui offre pour le récompenser une
forte récompense. Dès lors, c’est une nouvelle voie qui s’offre au héros.

I- Le matériau picaresque

A. Le décor
Gil Blas, tout comme ses modèles espagnols, est un héros itinérant. Il est sur
une route d’Espagne, celle de Salamanque. En conséquence, on retrouve, le motif
de l'" hôtellerie ". Tout comme chez les auteurs espagnols,
le thème du voyage permet d’introduire des aventures diverses et variées, des
rencontres pittoresques, qui donnent l’occasion d’autant de portraits, comme
celui du fripier.

B. Les
personnages
Dans les auberges, le picaro ne rencontre pas de hauts personnages. La
classe sociale représentée est celle des " valets ", ou du
" fripier ", il s’agit donc de serviteurs, ou de personnes
en contact avec l’argent, un argent pas toujours gagné très honnêtement. Ainsi,
le fripier ment pour vendre son costume : " cet habit a été fait
pour un des plus grand seigneur du royaume ", ou du moins exagère.
Quant aux valets, ils chargent le client de
" malédictions ", ce qui montre assez leur manque de
respect.

C. Le manque
de raffinement
La délicatesse ne caractérise donc pas ce milieu picaresque. Ainsi, le repas
qu’on sert à Gil Blas est " une copieuse fricassée de pieds de
mouton ". Il se contente d’un morceau non noble de la bête, car il
s’agit tout de même d’un plat de viande, luxe pour l’époque. De même, la
quantité servie renvoie à la richesse, mais aussi au manque de délicatesse.
Enfin, le lit est un " assez bon lit ". Le personnage se
trouve dans une situation intermédiaire, il a accès à un certain confort, mais
tout dans ce confort souligne un manque de raffinement.

II- Le héros picaresque

A.
L’hésitation
Le personnage au début du texte se trouve pris dans un dilemme souligné par une
série de questions rapportées au style direct. Il a le choix entre l’état de
" précepteur ", vêtu d’une
" soutanelle " " ecclésiastique ", ou
porter " l’épée ", et " faire fortune dans le
monde ". Il hésite donc entre l’austérité, et l’éclat, l’ambition,
l’aventure. L’argent et l ‘aventure font donc s’écrouler les projets sages
et réglés du départ, même s’il n’imagine pas qu’il sera forcé de quitter la
voie de l’honnêteté, puisqu’il imagine pouvoir trouver un état
" honnête et lucratif ". Ainsi, ce personnage,
contrairement aux modèles espagnols, n’est pas dès le départ happé par la
malhonnêteté.

B. Le goût de
la richesse
Gil Blas montre son attachement à la richesse et à ses signes extérieurs. Il
veut, comme on l’a vu, faire " fortune ", avoir un poste
" lucratif ". Mais, c’est surtout le passage de l’habit qui
le souligne. En effet, il est " ébloui " par l’habit, qui
apparaît dès lors comme une sorte d’astre, parce que cet habit est
" en velours bleu ", tissu onéreux de la couleur des rois,
et qu’il est même " brodé d’or ". Il est donc attiré par ce
qui brille.

C. L’énergie
héroïque
Ce héros se caractérise par sa détermination. S’il s’interroge un instant sur
son avenir, sa décision est vite prise, et irrévocablement :
" ce fut à quoi je m’arrêtai ". Ses désirs s’expriment avec
force : " je veux, " je me résolus ".
D’ailleurs, les valets en font la triste expérience : ils furent pourtant
obligés de se lever, et je ne leur donnai point de repos qu’ils ne m’eussent
fait venir un fripier ". Son désir force leur paresse. Par contre, le
fripier profite de cette force de " l’envie ", qu’il ne
manque pas d'" irriter " pour conclure la vente.
Enfin, cette force est sous-entendue par l’appétit du héros, appétit physique -
il mange une " copieuse fricassée " et bois
" à proportion "- et appétit de possession, qu’on regarde
pour cela l’énumération des achats, au dernier paragraphe.

III- Le recul narratif : humour et ironie

A. Un jeune
homme naïf
Le narrateur se moque un peu de lui-même et de sa naïveté d’alors. Ainsi, il
revient sur son illusion d’honnêteté. Il croyait pouvoir parvenir à un
" poste honnête et lucratif ". La conjonction inclusive ici
est en fait ironique, puisque le narrateur laisse entendre que des adjectifs
sont exclusifs, grâce à l’expression, " dans cette flatteuse
opinion ". Se moquant de ce qu’il était, il se montre également
ironique envers la société. Jeune homme honnête, c’est la société qui l’a
certainement corrompu.

B. La
prétention
Dépeignant ses exigences, ce que nous avons appelé la force de son désir, il
cherche à montrer son côté capricieux, peu respectueux de l’autre :
" je réveillai tous ceux qui dormaient ". De même son désir
de l’habit lui fait conclure une très mauvaise affaire : " je
lui comptai soixante ducats ", " il valait peut-être la
moitié ".
Mais, l’habit permet surtout au narrateur de souligner sa vanité de jeune
homme : " Jamais paon n’a regardé son plumage avec plus de
complaisance ". La vanité est soulignée par l’intensif, elle est
aussi ridiculisée par la mention du paon. Le motif de Narcisse est convoqué:
" mes yeux ne pouvait se rassasier ", mais pour ridiculiser
Gil Blas.

C. Le peu
d’exigence
Ce personnage est plein de vanité, cependant il est
" ébloui " par un habit " passé ". On
constate donc une véritable disproportion entre son goût du luxe et ce qu’il
trouve luxueux. Habillé de bric et de broc, avec l’habit passé, et d’autres
accessoires, il se trouve " si bien équipé ". Ainsi, le
héros apparaît comme un ambitieux, mais un ambitieux qui se contente d’imiter
les apparences du grand seigneur, en en empruntant l’habit passé.

Scène comique,
par la peinture du fripier, mais surtout par le regard ironique que le
personnage, vieilli, jette sur lui-même, jeune homme. Se dessine toutefois un
portrait de héros encore naïf et capricieux, mais déjà sympathique: ces défauts
apparaissant comme des péchés de jeunesse.

 

© Stéphanie LASSABE - reproduction interdite

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !