ZOLA, Le docteur Pascal (1893)

Chapitre 7

Pascal et la révélation de l'amour

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C'est parti

Explication

Pascal
vient de subir la crise la plus grave de toute sa vie. Attaqué dans son
travail par Clotilde qui menaçait de détruire son oeuvre, il a sombré
dans le surmenage et la peur de devenir fou. La maladie l’a réconcilié
avec sa nièce, dont on envisage désormais le mariage. Pascal prend
alors conscience de sa vieillesse, et se met à rêver à la femme jeune
qui l’en consolerait. Un contact physique avec Clotilde, le ruban de
son chapeau qu’il doit dénouer et c’est la révélation : cette femme
jeune dont il a rêvé, c’est elle. Cette révélation ne se fait pas sans
douleur, puisque cette femme, c’est sa nièce. Le passage suivant va
permettre de prendre en compte la dimension incestueuse de cet amour,
tout en innocentant le personnage.

I - Une scène de désespoir

A) Le désarroi
Ce
passage est marqué par la tristesse du personnage : " il éclata en gros
sanglots ". Il a soudain perdu ses repères : il est " éperdu et
hagard ", ce qui montre bien que ses facultés intellectuelles font
faillite lors de la révélation de cet amour. Il en est lui-même
conscient puisqu’il se sent " plus désarmé, plus débile qu’un enfant ".
La révélation lui ôte ses capacités (cf. le préfixe privatif) et le
fait régresser.

B) La peur
Le personnage ressent les
symptômes physiques de la peur : " il se réfugia ", " tremblant ", " il
frémit ". Il est atteint par l’angoisse de l’avenir : " qu’allait-il
devenir ? " Cette peur est accentuée par l’idée de faiblesse suggérée
par la comparaison avec l’enfant.

C) Un lieu symbolique
Les
indications spatiales contribuent à renforcer le côté symbolique de
cette scène. Pascal est assis sur " une chaise boiteuse ", dans le
" salon abandonné ". Il se trouve donc dans un cadre peu agréable,
solitaire, condition nécessaire pour qu’il aille au bout de la
révélation. Les deux adjectifs, " abandonné " et " boiteuse ", peuvent
tout à fait caractériser l’état d’âme du personnage.

II - Une monstrueuse révélation

A) Les métaphores de la révélation
Le
verbe " voir " est récurrent : " il voyait clair ", " il voyait ",
" comme pour ne plus voir la lumière du jour ". Il repose sur une
métaphore de la lumière, très traditionnelle, celle, biblique, de
l’aveugle qui retrouve la vue ; on peut aussi penser à l’allégorie de
la caverne de Platon. La lumière, c’est la vérité qui s’exprime avec
force, au point que Pascal essaie de s’en protéger (le geste physique
étant symbolique du geste intellectuel).

B) La force de la vérité
La
vérité s’exprime " brusquement ", elle constitue donc un choc. Cette
force, on la retrouve aussi avec le participe passé " jailli ", qui
suggère l’idée d’une irruption brusque, inattendue. Zola utilise à
nouveau ici l’image du torrent. La vérité se fait malgré le sujet :
" Il parla tout haut ", " il frémit à ce premier cri, jailli de ses
lèvres ". On voit que le sujet n’est plus maître de lui-même.
La
force de la révélation est également suggérée par le rythme. De
nombreuses anaphores marquent les étapes successives de la révélation
et sa montée progressive : " Et il voyait clair, brusquement, il voyait
la femme[...] " ; ou encore ; " il avait faim de tout cela, une faim
dévorante de cette jeunesse ".

C) Un amour monstrueux
L’adjectif
" monstrueux " est utilisé. La dimension incestueuse de cet amour est
loin d’être effacée, elle est même soulignée par le personnage
lui-même : " Une fillette que son frère lui avait confiée, qu’il avait
élevée en bon père[...] " Le lien de parenté est renforcé. De même,
Clotilde est désignée par la " fillette " qui renforce l’idée de
faiblesse et d’innocence. En outre, le verbe confier suggère
l’idée de protection, tâche dont Pascal se sent indigne. Enfin, le
désir physique est intensément présent dans le texte. La métaphore de
la " faim " peut dès lors faire apparaître Pascal comme une sorte
d’ogre.

III - Une scène de justification

A) Un personnage lucide
Comme
nous l’avons vu, le personnage ne se laisse pas aller à l’inceste. Son
discours indirect libre montre qu’il s’accuse : " comme s’il venait de
commettre un crime ". Le lecteur est également tranquillisé sur le sort
de Clotilde, puisque Pascal la fuit : " il se réfugia ".

B) Un personnage victime
Pascal
est victime de Clotilde, " cette créature de charme et d’amour ". Le
charme, étymologiquement, c’est le sortilège. Tristan et Iseult sont
victimes d’un charme. Ici, le charme de Clotilde renvoie d’abord à son
physique irrésistible : l’étude de sa description physique fondée sur
une énumération des parties parfaites du corps (cf. la théorie des
parties, ou chez Balzac le motif des trente parties parfaites inscrites
dans le sérail du sultan, in Splendeurs et misères des courtisanes),
montre l’utilisation de métaphores (" soie "), d’intensifs (" si
pure "), et d’hyperboles (" infinie douceur "). On voit dès lors que
Clotilde exerce, sans le vouloir, une " toute-puissance souveraine "
qui la rend irrésistible, au sens premier du terme.

C) L’amour
Pour
justifier le personnage, Zola, s’il insiste sur le désir physique, doit
montrer que Pascal éprouve plus que cela pour sa nièce. Il introduit
donc un champ lexical de l’amour, qu’il place explicitement " au-dessus
du désir physique " : " il l’aimait ", " immense tendresse ",
" épris ", " précieuse ". Tous ces termes se rapportent à la " personne
morale et intellectuelle " de Clotilde.
Zola s’applique donc à
compléter l’image de l’amour qu’éprouve Pascal, à en faire un amour
parfait, fait de désir, de " tendresse ", et d’attachement à la
différence de l’autre. L’extrait se termine donc en apothéose, avec
cette vision " de l’infini des choses " que Clotilde procure à Pascal.

Ce texte constitue donc indéniablement un passage choquant. Mais Zola
s’est appliqué à faire accepter cet inceste au lecteur, en soulignant
l’amour éprouvé. D’autre part, le lecteur a été préparé à cet amour
incestueux très tôt dans le roman, par des allusions qui n’ont cessé
d’en souligner la réciprocité. Ce texte prépare le sacrifice de Pascal
décidé à fuir Clotilde en la mariant à un autre. Cette volonté de
sacrifice a pour but de le grandir et de laisser Clotilde prendre
l’initiative amoureuse, pour ne pas trop choquer le lecteur.

 

© Stéphanie LASSABE - reproduction interdite

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Agathe

Professeur de langues dans le secondaire, je partage avec vous mes cours de linguistique !