Chapitres
- 01. La répartition des pouvoirs
- 02. Les faits
La répartition des pouvoirs
Le sujet porte sur la répartition du pouvoir réglementaire entre le Premier ministre et le Président de la République. Il faut revenir sur l’arrêt CE, septembre 1992, MEYET, qui lui-même revenait sur l’arrêt CE, 1962, SICARD.
La question est celle des décrets délibérés en Conseil des ministres. Lorsqu’un décret est délibéré en Conseil des ministres, étant donné que c’est le Président qui le préside, c’est lui qui le signe. En revanche, ceux non-délibérés en Conseil des ministres sont signés par le Premier ministre. Le problème est qu’il arrive parfois que le Président de la République vienne signer un décret relevant du Premier ministre et qu’on fait passer ce décret au Conseil des ministres. Un décret qui aurait du être signé par le PM seul devient un décret délibéré en Conseil des ministres : du coup, c’est le Président le qui signe.
Dans l’arrêt SICARD de 1962, le Conseil d’Etat avait dit que la signature du Président a un caractère superfétatoire, c’est-à-dire qu’elle ne change pas la nature du décret.
Dans l’arrêt MEYET de 1992, le Conseil d’Etat explique que lorsqu’on a un décret délibéré en Conseil des ministres qui au départ relevé du Premier ministre, sa modification ultérieure doit prendre la même forme, c’est-à-dire qu’il doit faire l’objet d’un décret délibéré en Conseil des ministres. Du coup, la matière qui relevait du Premier ministre est « happée » par la Président : elle devient une matière dans lequel le Conseil va délibérer et le Président signer. Il y a le problème formel de l’acte et la question de la répartition du pouvoir réglementaire. Il y a donc une récupération du Président de ce pouvoir : on peut aller jusqu’à imaginer une dépossession du pouvoir du Premier ministre presque totale par le Président de la République.
Il faut rappeler le contexte de cohabitation avec les élections en 1993. Il n’y a pas eu cette reprise massive de compétences par le Président lors de la cohabitation. Deux autres décisions en 1994 semblaient aller dans le même sens. Le problème était de savoir ce qu’était un décret délibéré et un décret non-délibéré. Quand un décret doit-il être délibéré en Conseil des ministres ? Certaines matières relèveront des ministres, donc ce sera essentiellement des lois organiques. Il n’y a cependant pas eu de liste propre de ce qui doit l’être. Le Conseil d’Etat a validé une pratique : l’ordre du jour du Conseil est décidé en accord de l’Elysée et de Matignon.
Les faits
Un décret est signé par le Président qui renvoie à un décret simple le soin de procéder à la mise-en-œuvre. En l’occurrence, le Premier ministre a supprimé des indemnités et la question était de savoir si le Premier ministre seul pouvait procéder à cette suppression alors que le texte de base était un texte signé par le Président. Le Conseil d’Etat explique que cette décision de supprimer les indemnités par le Premier ministre est légale.
Lorsqu’il y a un décret qui normalement est un décret simple, qui en fait a été signé par le Président, ce décret peut-il renvoyer par la suite à un décret simple ou bien la compétence est devenue compétence du Président ? La compétence accaparée par le Président peut être renvoyée au Premier ministre par la suite.
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