Chapitres
Sujet : « les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots », écrit Alfred de Musset dans sa Nuit de mai. Commentez et discutez cette affirmation en vous appuyant sur les textes ci-dessous et sur les poèmes que vous connaissez.
Introduction
Les poètes ont une réputation de « maudits » depuis le XIXème siècle, la souffrance est leur source d’inspiration, ils nous parlent de douleur physique et de douleur morale souvent inspirée d’une perte amoureuse. Le désespoir devient leur source d’inspiration essentielle. Nous nous interrogerons sur le sens de la citation de Musset, « les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots ». En quoi la souffrance peut elle devenir source poétique? Nous analyserons dans le but de faire notre commentaire, la poétique de la souffrance du point de vue romantique, nous verrons en second lieu en quoi la souffrance amène ou peut amener le poète à se dépasser
I - la poétique de la souffrance
1 - le contexte romantique
Nous savons que la poésie avait peut de place au XVIIIème siècle, siècle des lumières et des philosophes trop soucieux de leur révolution intellectuelle, contre ce contexte culturel, les romantiques réagissent et en particulier Musset qui estime que la douleur à tous ses degrés et à tous ses niveaux engendre la beauté, la pure beauté poétique; la poésie n’est plus un simple plaisir, une possibilité d’évasion mais bien au contraire l’expression de l’être dans son aspect physique et moral et spécifiquement en tant qu’il est un être de souffrances diverses et multiples, répétées dans le temps et offrant à l’artiste l’occasion de les traduire en vers et de nourrir sa poésie des larmes des hommes.
2 - une source de purification
Nous comprenons dès lors que la souffrance au sens de la source de purification qui trouve son point d’achèvement et d’expression dans la poésie soit la référence obligée à la religion judéo chrétienne du rachat des fautes et d’une expiation par le supplice. La douleur devient l’occasion d’une mission cathartique, il s’agit de remplir une tâche purificatrice, le poète se voit porteur d’une mission divine, il devient purificateur, libérateur de la douleur des hommes, victime expiatoire. Nous retrouvons cette conception quasi divine du poète chez Baudelaire en particulier dans son poème, « bénédiction » dans lequel le poète remercie Dieu de lui avoir confié une telle mission :
« soyez béni mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés! »
Nous retrouvons en outre l’allégorie de la douleur dans l’albatros, poésie dans laquelle Baudelaire identifie le poète à l’oiseau malheureux et souffrant sur cette terre.
La douleur au sens d’une source de purification offre à l’artiste poète le moyen de se dépasser lui-même dans et par la souffrance de manière à trouver une purification dans la poésie.
II - dépassement du poète par la souffrance
1 - la beauté de la douleur
La beauté de la douleur est qualifiée par Musset dans sa citation par l’expression, « la beauté des purs sanglots » on peut se poser la question de savoir en quoi la souffrance peut être « belle ». Le poète s’éloigne par son art du sens commun, il n’a plus rien à voir avec le vulgaire, ses expériences ne sont pas communes. Il doit apprivoiser ses multiples douleurs et les exprimer dans un langage nouveau aux yeux de l’humanité, la douleur devient le moyen de se dépasser pour l’artiste. Nous pouvons à cet égard Hugo qui à la mort de sa fille Léopoldine nous écrit de merveilleux vers dans « demain dès l’aube ». A sa rupture avec George Sand, Musset écrivit de même la « nuit de mai », son désespoir fut donc une incroyable source d’inspiration.
2 - une intériorité affective profonde
L’amour est la source privilégiée des artistes en général, les sentiments intérieurs sont profonds et d’autant plus aiguisés chez les poètes et toute profondeur est douloureuse, l’artiste se dévoile comme un être sensible et angoissé, nous retrouvons cet état d’esprit chez Baudelaire, il souffre du fait de ses différences avec les hommes, le sens commun, il se montre en désaccord avec le monde. Il est tel l’albatros, inadapté dans un monde dans lequel il ne se reconnait pas et son mal être devient de ce fait source d’inspiration. Nous voyons par conséquent que la douleur que le poète appelle le spleen devient aussi l’occasion d’un dépassement, sans elle il n’y aurait sans doute pas de poésies si complexes si émouvantes et si sensibles. Souvent en proie aux angoisses métaphysiques, nous trouvons dans certaines poésies de poignantes traductions de malaises existentiels chez Baudelaire en particulier qui sa vie durant à tenté de trouver un équilibre entre le spleen et l’idéal, ce sentiment d’étrangeté et d’éloignement se retrouve dans toutes les fleurs du mal, nous pouvons citer le « voyage »
Nous avons vu partout, et sans l’avoir cherché
Le spectacle ennuyeux de l’immortel péché.
Il semblerait donc que la douleur soit inhérente à l’homme et à l’artiste en particulier qui trouve en elle l’occasion de se dépasser dans le but de nourrir sa poésie.
Le dépassement du poète rendu possible par la douleur est il toujours en accord avec la beauté de la création, la beauté ne pourrait elle pas être altérée par un trop plein de douleurs?
Conclusion
Nous reconnaissons donc avec le poète Musset que « les chants désespérés sont les plus beaux » et accordons à la poésie en général une mission purificatrice, expiatoire, cathartique que seul le poète peut remplir du fait de sa grande sensibilité et de son intériorité affective profonde. Cependant il nous faut admettre également que cette citation a ses propres limites car trop de douleur peut aussi tuer la création artistique. D ‘autres sources d’inspiration peuvent convenir à la création poétique comme l’amour non déchu, le patriotisme, l’amitié, le combat engagé etc. par conséquent ce qu’il faut mettre en avant est non pas la source d’inspiration mais plus le travail autour de la source d’inspiration car ainsi que nous l’avons déjà dit au préalable, la douleur non sublimée n’est plus source de dépassement, trop de lamentations peuvent tuer la création et l’envolée lyrique.
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je cherche un prof merci pour l’information heureusement que je cherche un prof esseur
merci beaucoup
C’est hyper intéressant!
Merci de votre aide!
Merci pour votre commentaire ! 🙂
Beau, mais même dans le secondaire on peut évoquer des choses plus “laïques” que la rédemption. On ne peut être dans la poésie romantique sur une problématique “spartiate” de douleur qui endurcit et qu’on dépasse pour s’accomplir, mais on peut quand même sans évoquer le masochisme évoquer la délectation morose qui peut aller à la perversion pathologique et surtout la douleur comme intensité ultime de la sensation et même de la sensualité : tout plutôt que ne rien sentir et dans la mort préférer le chagrin au néant, sans oublier puisque vous avez cité Baudelaire et son ambiguïté vis à vis de la douleur, l’extase (et non l’orgasme) de la douleur en contraste avec le repos, le soulagement ineffable. Comme on disait dans Hara Kiri (les jeunes n’ont connu que Charlie mais ils ont aussi cette idée) “l’avantage de la douleur c’est que çà fait du bien quand çà s’arrête” et çà finit presque toujours par s’arrêter… Revenons à Baudelaire et aux Fleurs du mal avec “Recueillement” : “Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici ”
Merci pour nos jeunes de leur ouvrir l’esprit
Bonjour, merci à vous pour votre éclairage, Superprof sert aussi à ça !
Bonne journée !
Très belle dissertation merci beaucoup elle m’a aidé suffisamment.