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C'est parti

L'extrait commenté

Heureux le prince qui vit parmi des gens sincères qui s’intéressent à sa réputation et à sa vertu. Mais que celui qui vit parmi des flatteurs est malheureux de passer ainsi sa vie au milieu de ses ennemis !

Oui ! Au milieu de ses ennemis ! Et nous devons regarder comme tels tous ceux qui ne nous parlent point à cœur ouvert ; qui, comme ce Janus de la fable, se montrent toujours à nous avec deux visages ; qui nous font vivre dans une nuit éternelle, et nous couvrent d’un nuage épais pour nous empêcher de voir la vérité qui se présente.

Détestons la flatterie ! Que la Sincérité règne à sa place ! Faisons-la descendre du Ciel, si elle a quitté la Terre ! Elle sera notre vertu tutélaire. Elle ramènera l’âge d’or et le siècle de l’innocence, tandis que le mensonge et l’artifice rentreront dans la boîte funeste de Pandore.

La Terre, plus riante, sera un séjour de félicité. On y verra le même changement que celui que les poètes nous décrivent, lorsque Apollon, chassé de l’Olympe, vint parmi les mortels, devenu mortel lui-même, faire fleurir la foi, la justice et la sincérité, et rendit bientôt les Dieux jaloux du bonheur des hommes, et les hommes, dans leur bonheur, rivaux même des Dieux.

.

Montesquieu, L'éloge de la sincérité, « DE LA SINCÉRITÉ PAR RAPPORT AUX COMMERCES DES GRANDS », 1717

Quelles sont les œuvres de la littérature française ?
« Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice. » - Montesquieu

Méthode de l'explication linéaire

On rappellera ici la méthode de l'explication linéaire vue en cours francais :

Partie du commentaireViséeInformations indispensablesÉcueils à éviter
Introduction- Présenter et situer le texte dans l'ouvrage
- Présenter le projet de lecture (= annonce de la problématique)
- Présenter le plan (il faut suivre les étapes du récit lui-même)
- Renseignements brefs sur l'auteur
- Localisation du passage dans l'œuvre (début ? Milieu ? Fin ?)
- Problématique (En quoi… ? Dans quelle mesure… ?)
- Les axes de réflexions
- Ne pas problématiser
- Utiliser des formules trop lourdes pour la présentation de l'auteur
Développement - Expliquer le texte ligne par ligne
- Argumenter pour justifier ses interprétations (l'explication linéaire est un texte argumentatif)
- Etude de la forme (champs lexicaux, figures de styles, etc.)
- Etude du fond (ne jamais perdre de vue le fond)
- Les transitions entre chaque idée/partie
- Ne pas lier la forme et le fond
- Ne pas commenter les citations utilisées
Conclusion- Dresser le bilan
- Exprimer clairement ses conclusions
- Elargir ses réflexions par une ouverture (lien avec une autre œuvre ? Événement historique ? etc.)
- Les conclusions de l'argumentation- Répéter simplement ce qui a précédé

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit normalement pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

L'explication linéaire de l'extrait

Introduction

Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, né en 1689 et mort en 1755, est un philosophe des Lumières. S'étant d'abord consacré aux études de droit, il a marqué l'histoire française de ses écrits littéraires et philosophiques. Parmi ceux-là, on retient généralement De l’esprit des lois (1748) et ses Lettres persanes (1721).

L’éloge de la sincérité est un court essai appartenant à ses premiers écrits et comportant les bases de quelques-unes de ses réflexions philosophiques futures.

L'extrait qui nous occupe ici conclut l'essai de Montesquieu. Le philosophe a exposé en deux parties les vertus de la sincérité qui, en tant que dérivé direct de la vérité, est à même de rendre les Hommes meilleurs et les peuples heureux. De fait, tout semble se finit dans un feu d'artifice : Montesquieu enjoint les Hommes à être sincères et prédit des temps plus heureux s'ils suivent ses conseils.

Annonce de la problématique

Aussi, comment Montesquieu promet-il l'âge d'or à l'humanité sincère ?

Annonce des axes

Nous verrons dans un premier temps les malheurs qu'apportent la flatterie et l'hypocrisie puis nous analyserons les caractéristiques du monde rêvé par Montesquieu.

Développement

La nuit de l'hypocrisie

Dans cette conclusion, Montesquieu assimile l'hypocrisie des flatteurs à une nuit aveuglante et mortifère.

Qu'est-ce qui caractérise le genre fantastique ?
Johann Heinrich Füssli, Le cauchemar, 1781
Le flatteur ennemi

Dès l'entrée de cet extrait, Montesquieu use d'une antithèse liant ses deux phrases : le prince - terme qui fait référence à la noblesse et au « commerce des grands » - qui vit au milieu de gens sincère est « heureux », tandis que celui qui vit parmi les flatteurs sera « malheureux ». C'est que la sincérité apporte le bonheur, mais la flatterie est responsable du malheur.

Car la sincérité est la vertu première et ultime : elle peut être définie comme l'attitude consistant à se mettre en accord avec la vérité telle qu'on la ressent intérieurement ; il s'agit d'une honnêteté intellectuelle. Et user de la sincérité auprès de quelqu'un, c'est être son ami ; à l'inverse, ne pas en user, c'est se faire son ennemi.

Transition

En effet, Montesquieu finit son paragraphe sur ce terme fondamentalement violent, emprunté au champ lexical de la guerre, qu'est « ennemis », pour le reprendre au début de son deuxième paragraphe : « Oui ! Au milieu de ses ennemis ! » L'utilisation des points d'exclamation et de l'interjection « Oui ! » montrent sa volonté de polémiquer, ses certitudes affirmatives : Montesquieu s'engage et se signe.

La nuit éternelle

Le philosophe engage aussi son lecteur en utilisant le pronom personnel pluriel « nous » : il utilise le verbe modal « devoir » qui exprime la nécessité pour mettre en garde le danger que représentent les flatteries et l'hypocrisie.

En effet, ces deux modes d'interaction sociale sont des manières de mentir. C'est le sens de la comparaison avec Janus, le dieu au deux visages : l'homme qui flatte est un menteur qui met le flatté en danger. Pourquoi est-il en danger ? Parce qu'il vit « dans une nuit éternelle », métaphore de l'ignorance et de la cécité. On empêche celui qui est l'objet des flatteries de « voir la vérité qui se présente ».

À quoi la sincérité sert-elle ?
Une statue du dieu Janus, au musée du Vatican (wikipedia.org)

Transition

Au contraire, la sincérité est à l’origine de la véritable amitié, et non de l’amitié d'agrément. Elle rend la relation amicale authentique et elle éclaire son ami - comme Dieu éclaire ses fidèles.

La lumière de la sincérité

Montesquieu finit son essai dans une sorte de prêche endiablé où il prédit que la sincérité sera à la source d'un âge d'or qui rendra les Hommes pareils aux Dieux.

Les injonctions

L'avant-dernier paragraphe de cet essai philosophique assume un ton résolument exclamatif et fanatique puisque pas moins de trois phrases exclamatives se succèdent, qui contiennent toutes des impératifs :

  • « Détestons la flatterie ! », où Montesquieu enjoint à détester la flatterie ;
  • « Que la Sincérité règne à sa place ! », où il divinise la sincérité en plaçant une majuscule en son début et en usant d'une personnification, comme si la sincérité pouvait régner comme un roi ;
  • « Faisons-la descendre du Ciel, si elle a quitté la Terre ! », où il continue sa personnification et sa divinisation, puisqu'il fait de la sincérité un messie qui viendrait du ciel divin pour sauver les Hommes.

De fait, la sincérité devient pour le philosophe une véritable divinité, puisqu'il la voit comme une « vertu tutélaire », c'est-à-dire une vertu capable de nous protéger - comme les Athéniens s'étaient choisi Athéna pour les protéger.

Ainsi, dans ce paragraphe, la connotation religieuse est omniprésente, avec les termes « Ciel », « Terre », « tutélaire » « innocence », ... Montesquieu tient un discours sur l'origine, en convoquant deux mythes bien connus ayant trait à celle-ci :

  • l'âge d'or, qui renvoie notamment aux mythologies grecque et romaine, pour lesquelles il y avait un temps d'innocence, de justice, d'abondance et de bonheur dans un printemps perpétuel ;
  • la boîte de Pandore, dans laquelle étaient renfermés tous les malheurs du monde et qui fut ouvert par Pandore, première femme de l'humanité.

Le philosophe oppose donc la « Sincérité », source d'abondance (« âge d'or ») et d'« innocence », au mensonge et à l'artifice (« funeste »).

Johann Wenzel Peter : Adam et Ève au Paradis Terrestre, XIXème siècle
Le bonheur éternel

Le dernier paragraphe, celui où Montesquieu fantasme l'avénement de la Sincérité sur Terre, est donc consacré à cet état de bonheur parfait, à cette plénitude, cette paix assurés par la sincérité entre les Hommes, comme s’ils retournaient à un état de nature : « la terre, plus riante, sera un séjour de félicité ».

Il finit ainsi dans une dernière référence mythologique, en parlant du retour d'un passé parfait, avec l'utilisation du futur « verra » : le règne de la sincérité entraînera en effet une transformation comparable à celle qu’a engendrée le départ d’Apollon de l’Olympe pour le séjour des mortels.

Dans une dernière métaphore, la sincérité est donc comparée au dieu Apollon, celui de l'amour et de la fertilité, celui qui fait « fleurir la foi, la justice et la sincérité ». Grâce à ce dieu « Apollon-Sincérité », les Dieux de l'Olympe seront même jaloux des Hommes et de leur bonheur.

Conclusion

Cet extrait qui conclut l'éloge de la sincérité par Montesquieu est très riche en réflexions philosophiques et en références mythologiques. Celles-ci viennent appuyer la conviction du philosophe pour qui la sincérité est la plus grande des vertus, en tant qu'elle est guidée par une pulsion de vérité et qu'elle est à même de révéler le meilleur des Hommes.

Si la sincérité devait régner sur Terre, c'est-à-dire si elle devait régner dans le cœur des Hommes, alors ce serait le paradis sur Terre. Il est intéressant de noter combien Montesquieu abandonne finalement la raideur philosophique et sa rationalité pour célébrer de manière fanatique cette valeur qu'il loue tant.

Ouverture

On pourrait comparer l'amour de la sincérité de Montesquieu à l'amour de la folie d'Érasme, présenté dans un autre fameux éloge de l'histoire de la philosophie.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.