Chapitres
La problématique du langage
dans le Cratyle de Platon
La définition du nom
Programme de Terminale :- La culture / le langage
Introduction
Dans le cadre de notre étude sur la culture, nous allons analyser la problématique du langage dans le dialogue platonicien intitulé le cratyle. Le prologue du philosophe ne consiste jamais à raconter d’abord l’histoire, nous avons en revanche l’évènement d’une rencontre, c’est le début du dialogue. Les personnages Hermogène et Cratyle opposent des opinions, doxai en grec qui vient du verbe paraitre, l’opinion peut se transcrire au sens de croire, d’imaginer, de croyance qui ne peut pas rendre raison d ‘elle-même, il n’y a donc pas de science, épistémè.
L’opinion s’accompagne d’une suffisance intérieure, elle apparait comme sachant. Les
interlocuteurs ont chacun une doxa et non une épistémè. Ils n’ont pas d’arguments suffisamment forts pour les confronter. Hermogène est entre deux doxai, il penche plutôt pour l’une, en faveur d’une opinion mais cela ne suffit pas pour la confronter à la doxa opposée, c’est la situation initiale du dialogue.
Nous assistons à un conflit de doxai qui n’est pas dialectique au sens platonicien. On se place du côté du vraisemblable au plausible. Chez Platon, la dialectique ne s’exprime pas en termes de conflit, de confrontation, une doxa ne peut donc pas l’emporter sur une autre doxa. Hermogène ne croit pas savoir comme les autres personnages, cela contredit la typologie des dialogues.
Il est conscient de son propre embarras et non de son ignorance, il a conscience qu’être incliné à plutôt croire ceci plutôt que cela sans avoir assez d’arguments pour fonder sa pensée en raison est embarrassant. La structure du dialogue ne vise pas la prise de conscience d’une ignorance, il n’y a pas à ce niveau passage d’une conscience
ignorante à une conscience consciente de son ignorance.
En philosophie cours, nous verrons en quoi et comment se pose le problème du langage dans le dialogue de Platon. Nous nous pencherons sur la définition du nom et la prise de position des personnages par rapport aux interrogations relatives à cette problématique du langage, nous comprendrons alors que tout le sens de cette réflexion se joue entre le nomos et la phusis, la convention ou la nature, la question des mots est elle naturelle ou conventionnelle?
I/ La définition du nom, onoma
Onoma signifie le mot, le nom propre en grec, le nom avant de renvoyer aux choses renvoie à une expérience inter humaine qui est toute entière dans le kalen, le verbe appeler. Le nom est le nom dont on appelle quelqu’un, c’est la signification de la phônè, la parole vocative par opposition à la parole indicative. Elle exprime la nature de celui qui est dénommé.
La phônè est le son naturellement émis par un animal, par métaphore, c’est le son d’un instrument, de la voix, de la mer. S’appeler les uns les autres, c’est faire advenir à la présence celui qui était absent, c’est se rendre présent. Il faut envisager chacun en lui-même, dans sa nature propre. Il faut créer, et créer, c’est appeler à l’existence, faire venir à la présence l’absent, appeler à être là celui qui ne l’est pas.
L’existence s’oppose à l’essence, il faut appeler quelqu’un par son nom, le faire venir par la voix et donner à une chose son vrai nom, faire venir à son nom, son essence. Le nom est envisagé comme partie de la phônè, nom propre, nom de chacun. C’est la portée, le sens du logos, il se situe entre les hommes. Il y'a une découverte des syllabes, éléments qui sont des voyelles, consonnes dans l’unité vocable.
L’analyse des syllabes renvoie à l’analyse linguistique du Vème siècle. Cette décomposition a rendu possible l’alphabet, la décomposition dans la phônè. Platon parle comme une chose acquise dans plusieurs de ses dialogues. L’homme est définit comme un animal qui parle et qui est doué de logos. La syllabe a un double sens, une double signification de l’être et de l’élément qui n’est pas encore précisé ici.
Nous avons un logos, un discours sur la nature, la phusis, qui est une décomposition de la phônè en éléments, une structure atomiste, une composition du monde en des petits éléments, particules insécables. Il y a donc une inspiration tirée de cette spéculation de la phônè.
II/ La position d’Hermogène
Il a une opinion, une doxa, quelque chose dont on est sûr mais dont on ne peut rendre compte, il ne prétend pas savoir ce qu’il ne sait pas. Il pense que les mots dont affaire d’hommes. Mais il est prêt à se rendre à l’avis de Cratyle. Il demande à Socrate de l’éclairer sur la doxa de Cratyle qui n’a pas non plus une doxa suffisamment construite. Trasymaque a le sentiment de savoir ce qu’est la justice fin du livre I de la République, c’est l’expression de ce qu’il pense en un discours décisif, avec un sourire qui prétend tout savoir.
Hermogène se présente de façon plus humble. Nous avons une opposition du concept de la loi, nomos. Le premier sens du nomos est la convention et la coutume, le nom institué par convention, ce sur quoi les hommes se mettent d’accord, institution humaine à l’intérieur d’une communauté humaine. Ce fut une affaire de coutume pendant des siècles jusqu’à ce que la loi soit écrite afin d’être connue de tous.
Les lois divines non écrites s’opposent aux lois écrites édictées par exemple par Créon, les lois sont humaines dans Antigone, c’est l’unique texte littéraire dans lequel la signification du nomos à une autre signification que conventionnelle. Placer l’idée de Dieu au dessus de celle de l’homme, Dieu transcendant à l’homme, c’est placer la justice en parenté avec le divin.
D’une façon générale, nous avons une opposition entre le nomos et la phusis, cette opposition se retrouve dans le Cratyle, entre Hermogène et Cratyle. Chacune défend son opinion. Le mot est une affaire d’hommes, c’est la phusis ou encore le mot est un affaire de convention.
Si vous désirez une aide personnalisée, contactez dès maintenant l’un de nos professeurs !
La signification du langage est elle en rapport direct avec les choses sensibles ?