Chapitres
Le mot comme instrument et image dans le Cratyle de Platon
Programme de Terminale : La culture / le langage
Introduction
Nous allons dans le cadre de notre étude sur la culture analyser le mot et ses deux conceptions à la fois comme instrument et image dans le dialogue du philosophe. Il y a en effet deux sens de l’onoma qui dominent, comme instrument, organon et image, ce qui nous renvoie à l’imitation, mimésis. Nous avons deux aspects de la question. L’opposition du signifié et du signifiant est sous jacente, elle n’est pas dite, nous ne retrouvons dans cette œuvre philosophique la terminologie purement linguistique de façon constituée.
Il y a un point commune dans les deux cas, l’onoma est envisagé par rapport à certaines action, praxis, et par rapport à l’imitation, mimésis. Nous nous efforcerons d’étudier ces aspects de la problématique du langage.
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I/ Deux conceptions de l’onoma
La praxis nous tourne vers le corps, il parle, il y a quelque chose de corporel, le mot est envisagé à partir de la phônè, en second lieu, la mimesis est celle qu’on imite par la voix, la phônè, la bouche, la langue. Le mot commande l’image d’abord envisagée sous la phônè, c’est l’image, le vocal, l’audible puis l’image visuelle tracée, écrite présentée par Platon au second degré, l’image d’une image.
Nous avons d’abord l’image première qui est donnée, puis la dépendance, la subordination à différents degrés de la parole puis de l’écriture. La mimesis phonique, l’image, le
vocable et l’image audible sont mises en avant, c’est à rapprocher de la musique, de la peinture, il s’agit de la mimesis en général. Dans le dialogue, le couple action
passion est mis en évidence, ainsi que le fait de dire et d’être dit, l’actif et le passif.
Socrate évoque souvent le coupe brûler et être brûlé, couper et être coupé. Il établit entre dire et être dit la même relation qu’entre couper et être coupé, brûler et être brûlé. Nous avons donc une allusion à une action corporelle, il faut dire la chose, l’exprimer. Il s’agit toujours des choses sensibles et corporelles. À la fin du dialogue nous retrouvons une distinction entre le sensible et l’intelligible, la conclusion ne dit pas les choses, mais les suggère distinctement.
Seules méritent d’être appelées, les choses qui ont une stabilité et une dépendance, on est mis sur ce chemin à la fin du dialogue. Ni Hermogène, ni Cratyle ne s’en rendent compte. L’introduction en revanche s’ouvre sur le thème du rêve par Socrate qui affirme, « sais tu à quoi il m’arrive de songer ». La pensée se présente sous la forme d’un pressentiment,
un chemin sur lequel on pourrait aller. Nous avons donc, l’action de dire, la passion, être dit, dire la chose, pragma, objet du verbe dire et la chose qui est dite. De ce fait, nous pouvons affirmer que la chose est envisagée sous l’aspect corporel, la chose à couper, il faut couper ou brûler selon les articulations naturelles.
C’est l’image dont se sert Platon pour évoquer le concept d’art dialectique. C’est déjà à cela que pense Socrate, il s’agit de mettre en avant l’importance de l’instrument avec lequel on coupe la chose. Il y a toujours un modèle technique au départ. L’acte de découper doit se faire selon les articulations naturelles, l’art de bien couper s’oppose aux
différentes manières d’un mauvais cuisinier. Dire la chose, ce n’est pas parler autour de la chose, c’est dire la chose.
Ce sens fondamental de dire la chose est toujours à l’arrière plan du dialogue, dire n’est pas synonyme de parler. Le signifiant s’oppose au signifié mais le référent, la chose
dont on parle, n’apparaît pas
encore chez le penseur. Le lange est perçu comme signification, l’acte de signifier n’apparaît pas avant Aristote et les stoïciens. Le mot commence à être vu à partir de la phônè. Il faut distinguer la chose dont on parle, le signe vocal dont on se sert pour la signifier et l’idée que l’on en a. Cependant, cette distinction purement linguistique n’est pas à proprement parler évoquée chez Platon.
La notion de chose est ramenée à la phusis, la nature. La façon dont Socrate interroge Hermogène l’a amené à dire qu’une chose avait une phusis, un être, ousia, donc elle ne dépendrait pas de sa fantaisie, de l’opinion. L’action du verbe couper a une certaine nature qui fait que l’on ne va pas la couper, la dire n’importe comment. Hermogène admet que la chose à un être et une nature.
Pour Protagoras, la chose est relative à la manière dont je la vois par opposition à Socrate.
Entre celui qui coupe et la chose à couper il y a l’instrument dont on se sert pour couper. Ou encore, dans cette praxis relative aux choses qui est l’acte de parler, il faudra entre la chose et celui qui parle introduire un organon, un instrument. Il y a dire, être dit et la chose, l’instrument pour couper et l’instrument pour dire.
Nommer, dire ou bien dénommer est envisagé sur le modèle de bien couper une chose qui a une nature en se conformant à la nature de la chose. C’est l’exigence de l’exactitude, de la précision, il s’agit de la justesse de la dénomination.
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