Les États-Unis occupent aujourd'hui une position hégémonique dans le monde qui s'appuie sur une supériorité dans de nombreux domaines : militaire, économique, technologique... On utilise à leur propos le terme de superpuissance ou d'hyperpuissance. Comment expliquer cette suprématie ? Quels en sont les fondements ? Et les faiblesses ? Sur quelle organisation du territoire s'appuie-t-elle ?

 

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C'est parti

Les Etats-Unis : superpuissance depuis toujours ?

Jusqu'en 1941, les États-Unis se sont peu intéressés aux affaires du monde, à l'exception de la Première Guerre mondiale. Leur rôle déterminant durant la Seconde Guerre mondiale, puis la division du monde en deux blocs en ont fait l'une des deux superpuissances de la deuxième moitié du xxe siècle. L'organisation bipolaire du monde, qui a prévalu jusqu'en 1991, a en effet conduit chacun des deux « grands », États-Unis et URSS, à organiser derrière lui un camp, en dominant ou en s'alliant de nombreux pays. Les États-Unis ont ainsi pris le leadership du monde occidental.

Avec l'effondrement du bloc de l'Est en 1989 et la disparition de l'URSS en 1991, le monde est devenu unipolaire : depuis lors, les États-Unis sont la seule superpuissance de la planète.

 

Les instruments de la puissance américaine

La puissance des États-Unis repose sur des instruments variés qui lui permettent d'opérer sur l'ensemble de la planète, dans de nombreux domaines. C'est une puissance globale.

Leur puissance militaire est déterminante : les États-Unis sont de loin la première force armée du monde. Présents sur de nombreuses bases autour du globe, mobiles grâce à leur flotte imposante et leur aviation très performante, ils sont le seul État du monde à pouvoir intervenir n'importe où n'importe quand, les seuls à n'avoir aucun adversaire plus puissant qu'eux, en particulier grâce à leur armement nucléaire.

La puissance économique des États-Unis est tout aussi décisive. Leur PIB, le premier du monde, équivaut à deux fois et demi celui du Japon, deuxième au classement. À l'origine de ce succès : une économie qui s'appuie sur un marché intérieur d'environ 295 millions de consommateurs, au pouvoir d'achat élevé, mais qui est également largement ouverte sur l'extérieur ; un secteur tertiaire très développé qui crée plus des trois quarts des richesses ; une agriculture efficace intégrée dans un complexe agro-industriel ; des multinationales leaders dans leur branche d'activité (sur les 500 premières multinationales dans le monde, 239 sont américaines).

Sur le plan financier, les États-Unis dominent avec Wall Street, première place boursière de la planète. C'est à la Bourse de Chicago que sont fixés les cours mondiaux des matières premières, en particulier ceux des céréales. Par ailleurs, le dollar est la monnaie de référence internationale.

La capacité d'innovation des États-Unis dépasse aussi celle des autres pays. Les succès d'entreprises comme IBM, Apple, Microsoft ou Google en sont la manifestation dans le domaine informatique. Dans le domaine spatial ou celui de l'armement, l'avance américaine est également très nette.

 

Le rôle mondial des Etat-Unis

Sur le plan politique, du fait de leur puissance militaire et grâce à un système d'alliances (l'OTAN) et de partenaires, les États-Unis ont acquis, depuis l'effondrement du bloc de l'Est, un rôle d'arbitre dans les affaires du monde. Ils sont ainsi intervenus au cours des dernières décennies, militairement ou diplomatiquement, dans tous les conflits qu'ils ont jugés importants, en particulier au Moyen-Orient.

En matière économique, le poids des États-Unis s'explique en premier lieu par le volume de leurs importations (22 % du total mondial en 2001) : c'est eux qui, par conséquent, fixent le plus souvent les règles du jeu du commerce international. Par ailleurs, le pays occupe une place centrale dans les flux de capitaux : il représente ainsi un quart des IDE dans le monde (les investissements américains étant équilibrés par les investissements étrangers aux États-Unis).

Les États-Unis exercent enfin sur le monde une importante influence socioculturelle : on parle alors de « puissance douce ». Des séries télévisées aux vedettes musicales, des modes vestimentaires aux produits alimentaires, l'American way of life s'est diffusé très largement sur toute la planète. L'anglais est la première langue internationale. Les universités américaines accueillent le tiers des étudiants expatriés dans le monde.

 

Les faiblesses des Etats-Unis

En cours de géographie physique, la superpuissance américaine présente aussi des éléments de faiblesse.

Les attentats du 11 septembre 2001 et la situation en Irak, à la suite de leur intervention de 2003, ont révélé une certaine vulnérabilité des États-Unis, face à des organisations terroristes fonctionnant en réseau, et ont mis en évidence, sous une forme extrême, la contestation dont le modèle américain pouvait faire l'objet dans le monde arabe.

La puissance économique des États-Unis, même si elle reste de loin la première, voit son poids reculer : elle représentait la moitié de la richesse mondiale en 1945, elle n'en représente que le quart aujourd'hui ; la montée en puissance de l'Europe et de l'Asie orientale la remet partiellement en cause.

Les États-Unis se montrent dépendants du reste de la planète dans deux domaines en particulier. D'une part, ils doivent importer la moitié du pétrole qu'ils consomment et ne paraissent pas près de vouloir réduire leur consommation d'énergie (en témoigne leur refus de ratifier le protocole de Kyoto sur les gaz à effet de serre). D'autre part, le pays est devenu le premier débiteur de la planète et dépend donc étroitement de ceux qui acceptent de financer ses déficits.

Enfin, il ne faut pas oublier les insuffisances sociales : en particulier le sort injuste fait aux Noirs, le manque de protection sociale qui explique que, dans la première puissance économique du monde, 12 % de la population vit aujourd'hui en dessous du seuil de la pauvreté.

 

Le rôle du territoire dans la puissance américaine

Le processus de mondialisation en cours modifie l'organisation de l'espace mondial à deux niveaux.

Avec 9,6 millions de km2 (la troisième superficie du monde), les États-Unis disposent d'un territoire immense, conquis au xixe siècle par des immigrants venus pour la plupart d'Europe et partageant le même état d'esprit de pionniers entreprenants.

Outre son immensité, ce territoire présente des atouts considérables : d'énormes ressources énergétiques et minières qui ont permis l'essor industriel, une grande variété de climats sous lesquels ont pu se développer des cultures très diverses, deux façades maritimes ouvrant le pays sur l'Europe comme sur l'Asie orientale, tout en le préservant d'agressions extérieures (l'attaque du 11 septembre 2001 représente la première agression étrangère sur le territoire américain, depuis la création de l'État en 1787).

Ce potentiel a fait l'objet d'une mise en valeur très poussée grâce à un exceptionnel réseau de moyens de transport.

Le territoire des États-Unis se caractérise également par un grand dynamisme démographique (la population continue d'augmenter rapidement tant à cause des apports migratoires que du fait de l'accroissement naturel) et par de nombreuses et puissantes métropoles. Dans ce pays fortement urbanisé (80 % de la population vit dans les villes), se détachent aujourd'hui plus particulièrement trois vastes nébuleuses urbaines qui vivent au rythme de l'économie mondiale : la Megalopolis (de Boston à Washington), la région des Grands Lacs (de Chicago à Pittsburg), enfin la mégalopole californienne (de San Francisco à San Diego).

 

Les dynamiques territoriales américaines actuelles

Région de l'arrivée des colons au xixe siècle et bastion du premier développement industriel, le Nord-Est a retrouvé, après la crise des années 1970, sa place de centre des États-Unis. Siège du gouvernement fédéral et de près de deux tiers des sièges sociaux américains, la région se caractérise par sa puissance décisionnelle, financière et intellectuelle mais également par son dynamisme économique retrouvé : dans la Megalopolis, en particulier, les industries traditionnelles ont été remplacées par des espaces de haute technologie qui bénéficient du potentiel intellectuel des grandes universités (Harvard, Yale) et des forces de commandement des métropoles (Washington, New York, Boston).

Par rapport à ce centre, la Sun Belt (ou « ceinture du soleil »), qui est formée d'une quinzaine d'États, du Nord-Ouest pacifique à la Virginie en passant par les États du golfe du Mexique, est une périphérie aujourd'hui en plein essor. Témoignent de ce dynamisme la rapide croissance de la population (4 Américains sur 10 y vivent désormais) et le fort développement économique de la région, qui s'appuie sur les industries de pointe, l'agroalimentaire et le tourisme.

L'essor de la Sun Belt s'inscrit dans la tendance à la littoralisation et à la périphérisation croissante des activités et des hommes qu'entraîne l'intégration aux marchés mondiaux. Il favorise plus particulièrement quatre espaces moteurs : la Floride (Miami), le Texas (Dallas, Houston et San Antonio), la Californie (San Francisco, Los Angeles, San Diego) et la Pugetopolis (de Portland à Seattle). Il ne remet pas en cause pour autant la suprématie politique et économique du Nord Est.

L'intérieur du paysforme une véritable « périphérie », peu peuplée (de moins en moins à mesure que l'on progresse vers l'ouest) et éloignée des centres politiques et économiques. Dans les Grandes Plaines se trouvent les « greniers » agricoles du pays et du monde tout entier ; à l'ouest, les Rocheuses présentent des espaces quasiment vides avec quelques îlots agricoles, miniers ou touristiques

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Achille

Professeur de Géographie en Île-de-France **** Pour information : "Les croquis de géographie des fiches de cours proviennent de https://geographie-muniga.org/ (Jacques Muniga, Docteur en Géographie)"